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Vendredi 4 avril 2025

27ème jour de Carême - Jésus marche sur les eaux

Vendredi 4 avril 2025

De l'Evangile de Matthieu 14, 22-53

Jésus contraint ses disciples à monter dans la barque et à le précéder sur l’autre rive, pendant qu’il renvoie les foule. Et ayant renvoyé les foules, il monta sur la montagne, à l’écart, pour prier. Et, le soir venu, il était là seul. Or la barque était déjà au milieu de la mer, malmenée par les vagues, car le vent était contraire. Et à la quatrième veille de la nuit, il vint vers eux, marchant sur la mer. Mais les disciples, le voyant marcher sur la mer, furent troublés, disant : « C’est un fantôme ! » Et ils crièrent de peur. Mais aussitôt, Jésus leur parla, disant : « Confiance ! Moi, je suis. N’ayez pas peur. » Pierre, lui répondant, dit : « Seigneur, si c’est toi, ordonne que je vienne vers toi sur les eaux. » Et il dit : « Viens. » Et descendant de la barque, Pierre marcha sur les eaux et vint vers Jésus. Mais voyant le vent fort, il eut peur ; et, commençant à s’enfoncer, il cria, disant : « Seigneur, sauve-moi ! » Aussitôt, Jésus tendit la main, le saisit et lui dit : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » Et lorsqu’ils montèrent dans la barque, le vent cessa. Et ceux qui étaient dans la barque se prosternèrent devant lui, disant : « Véritablement, tu es le Fils de Dieu ! »

MESSAGE

Il y a des nuits plus longues que les autres. Des heures où même les plus fidèles d’entre nous s’interrogent : « Où est Dieu ? » Ce soir-là, les disciples avaient été envoyés sur la mer. Non pas abandonnés, mais « conduits » par notre Seigneur Jésus à prendre le large, à quitter la foule rassurante, à avancer vers une rive inconnue. Cette séparation n’est pas un oubli : elle fait partie de l’itinéraire. Le Seigneur Jésus, lui, pendant de temps s’isole sur la montagne pour prier… silence du Père… prière du Fils, éloignement apparent. Comme dans nos vies, parfois : Dieu semble loin, invisible, et les vents contraires se lèvent.

Et pourtant, c’est là que se révèle l’enseignement de ce jour. Notre Seigneur Jésus vient. Pas en courant sur la berge, pas dans un éclat de puissance. Il vient en marchant sur les eaux. Une image saisissante, où l’inimaginable devient possible. Dans la Bible, seules les forces divines maîtrisent les abîmes. Le chaos des flots… symbole de la mort… de la peur… du péché. Ce symbole est foulé aux pieds par celui qui est plus qu’un prophète, plus qu’un maître, plus que le vent et la mer eux-mêmes.

Mais au lieu d’admirer, les disciples sont saisis de peur : « C’est un fantôme ! »
Et n’est-ce pas souvent ainsi que nous réagissons face à Dieu quand il prend des chemins que nous ne reconnaissons pas ? Il vient, mais sous un visage déconcertant. Il vient, mais sa présence dérange nos certitudes. Nous voudrions un Dieu qui apaise, qui protège, qui explique… et il se donne comme un Dieu qui s’approche dans la tempête, sans immédiatement la faire taire.

C’est alors qu’une voix s’élève, traversant la nuit comme un feu : « Confiance. Moi, je suis. N’ayez pas peur. » Ces mots résonnent comme l’écho de l’Écriture : « Je suis » le Nom de Dieu révélé à Moïse dans le buisson ardent. Le Seigneur Jésus ne dit pas seulement « C’est moi », il révèle ici son identité profonde. Dans la tourmente, il se manifeste comme le Dieu vivant, présent, agissant, au cœur de nos naufrages. Et Pierre, l’impétueux, ose une demande folle et intéressante : « Seigneur, si c’est toi, ordonne que je vienne vers toi sur les eaux. » Ce n’est pas de la provocation. C’est une foi naissante, mêlée d’audace et d’amour. Il ne cherche pas un signe, il veut une rencontre. Il ne demande pas la sécurité, mais le contact. Et notre Seigneur Jésus répond d’un mot, si simple, si libre : « Viens. » Ce mot-là, nous sommes nombreux à l’avoir entendu, une fois, dans le secret du cœur. Il n’est pas crié. Il ne force rien. Mais il ouvre une brèche. Un appel. Une direction. Et Pierre s’élance. Il marche. Oui, il marche vraiment. Tant qu’il regarde le Seigneur Jésus, il tient debout sur l’impossible. Mais les vents soufflent toujours. Et ses yeux glissent. Il regarde les vagues. Il sent le vent. Il doute. Il coule.
C’est notre histoire à tous !

Le doute ne détruit pas la foi ; il la travaille. Il la creuse. Il la rend plus réelle. Pierre doute, non pas de l’existence du Seigneur Jésus, mais de sa propre capacité à tenir, à marcher, à répondre à l’appel. Il doute de lui-même plus que de Dieu. Et c’est là que le miracle se précise : « Aussitôt, le Seigneur Jésus tendit la main. »
Il ne sermonne pas d’abord. Il ne fait pas un reproche. Il saisit. Il relève. Puis vient la question : : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » Non pour humilier, mais pour éveiller. Le Seigneur Jésus connaît nos failles, mais il nous rappelle que c’est dans la relation et non dans nos performances que réside la foi.
Enfin, ils montent ensemble dans la barque. Et le vent s’apaise. Et tous tombent à genoux : « Véritablement, tu es le Fils de Dieu. »
La mer ne s’était pas calmée avant la foi. Elle s’apaise après la rencontre. Car la paix véritable ne vient pas de l’extérieur, mais de la présence du Seigneur Jésus dans notre barque intérieure.

A vous qui êtes retirés de l’Eglise institutionnelle… vous dont la foi est éprouvée par une fatigue, voire une blessure... A vous qui avez quitté cette barque de l’Église, qui vous êtes éloignés peut-être doucement, peut-être en silence, peut-être avec colère — sachez une chose : Notre Seigneur Jésus ne vous a jamais quittés des yeux.
s eaux troubles. Il vient sans bruit. Il s’avance même quand vous ne l’attendez plus. Et il vous dit, à vous aussi : « Confiance. Moi, je suis. N’ayez pas peur. »
Le Seigneur n’attend pas que vous soyez sûrs, parfaits, convaincus. Il ne vous demande pas un saut aveugle, mais un simple regard, une ouverture, un pas. Ce Carême est ce chemin. Pas un fardeau à porter, mais une route à retrouver. Une voix qui murmure au creux de votre cœur : « Viens. » Et si vous coulez, si vous doutez, si vous tombez, sachez que sa main est toujours tendue. Elle ne se lasse pas. Elle n’accuse pas. Elle relève. Avec le Seigneur Jésus, tout peut recommencer.

Bonne route vers Pâques
Didier Antoine

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