
Journal d'un catholique libertaire
Qui a pris ses distances vis à vis de l'Eglise, de sa hiérarchie et de son pouvoir
Qu'est-ce qu'un Catholique Libertaire

Dans mon cheminement personnel, j’ai souvent ressenti une tension entre ma foi intime et les structures religieuses traditionnelles. Ces structures, bien qu’elles jouent un rôle essentiel pour de nombreux croyants, m’ont parfois semblé trop rigides, trop éloignées de ce que je cherche profondément : une relation authentique, directe et personnelle avec Dieu. Cette tension s’est manifestée à travers des moments de questionnement, des frustrations face à l’institution et une quête de sens au-delà des cadres établis.
C’est dans ce contexte que j’ai trouvé refuge dans une approche que je pourrais qualifier de catholicisme libertaire. Pour moi, cette voie ne consiste pas à rejeter les fondements du christianisme, mais plutôt à les réinterpréter à la lumière de ma propre quête spirituelle. Je m’éloigne ainsi des dogmes rigides, des obligations institutionnelles souvent imposées et des structures hiérarchiques parfois oppressantes pour m’engager dans une relation personnelle avec Dieu.
Entre joie communautaire et épreuves institutionnelles
J’ai été très heureux dans ma communauté où je me suis converti avec les équipiers de la Mission Ouvrière Saints Pierre et Paul, fondée par Jacques Loew, pendant 15 ans. Cette période a été marquée par un profond sentiment d’appartenance, de fraternité et de foi partagée. Les équipiers de la MOPP m’ont appris une vérité essentielle qui demeure au cœur de ma vie spirituelle : l’Évangile, rien que l’Évangile. Cette simplicité, centrée sur le message de notre Seigneur Jésus, a profondément nourri ma foi. Cependant, cela s’est gâté lorsque j’ai déménagé pour rejoindre une communauté paroissiale dirigée par un prêtre rigide, où certains laïcs s’accrochaient farouchement à leur pouvoir. Ces dynamiques ont engendré des tensions et un climat d’exclusion qui m’ont beaucoup affecté. Plus tard, j’ai intégré une autre communauté où le prêtre était plus souple, ce qui m’a permis de retrouver, dans une certaine mesure, une expérience plus ouverte et plus humaine.
Ce cheminement ne s’est pas fait sans heurts. À l’intérieur même des communautés catholiques, j’ai constaté des luttes de pouvoir qui m’ont profondément marqué. Certains individus, farouchement attachés à leurs petites parcelles d’autorité, n’hésitent pas à recourir à la calomnie pour écarter ceux qui pourraient menacer leur influence. Ces dynamiques de pouvoir divisent et affaiblissent les communautés de foi, rejetant souvent les croyants modestes, hors normes et sincères loin des cercles de décision. Ce rejet, qui exclut les « petits » des débats et des prises de décisions cruciales, reflète une fracture douloureuse entre la foi vécue et les réalités institutionnelles.
La quête d'une foi libre et profondément personnelle
Face à cela, ma foi a pris une forme délibérément introspective. Je n’ai pas besoin de passer par les structures hiérarchiques, par des pouvoirs, ni par des rites collectifs pour dialoguer avec Dieu. Cette connexion, je la vis dans le silence, dans une prière spontanée et dans les instants les plus simples et les plus ordinaires de mon quotidien. Ce choix est pour moi un acte d’émancipation, un moyen de placer ma vérité intérieure au centre de ma vie spirituelle. C’est une foi qui s’enracine dans mes expériences, mes sensibilités et mes convictions personnelles.
Ce qui m’apporte aujourd’hui une grande joie, c’est de vivre ma foi dans ma sphère privée tout en m’ouvrant aux autres, particulièrement à ceux qui se sentent éloignés de l’Église. En trouvant dans ma propre vie spirituelle un espace de paix et de liberté, je découvre également une manière d’être en relation avec le monde qui privilégie l’écoute, l’accueil et l’amour inconditionnel. Mon engagement se traduit par le partage, la solidarité et une attention renouvelés envers ceux qui, souvent marginalisés, portent en eux une richesse spirituelle que les structures officielles ne reconnaissent pas toujours.
L’appel à une foi simple, libre et incarné
Ce parcours me pousse également à élargir ma vision de Dieu, à dépasser les frontières des dogmes et à chercher la présence divine là où elle se révèle le plus authentiquement : dans la nature, dans l’autre et dans les petits moments du quotidien. Je n’ai besoin que d’un seul intercesseur : le Seigneur Jésus pour ressentir cette connexion sacrée. La foi, pour moi, est une aventure profondément personnelle, où chaque jour est une opportunité de grandir, de découvrir et de m’émerveiller. L’Évangile et l’enseignement du Seigneur Jésus sont pour moi ma seule Lumière et mon socle.
En empruntant cette voie, je ne cherche pas à convertir ou à convaincre. Il s’agit simplement de répondre à une aspiration intime, de me rapprocher d’un Dieu que je perçois dans la simplicité et la profondeur des gestes ordinaires et des gens ordinaires. C’est un catholicisme qui se veut libre, ouvert et résolument enraciné dans l’expérience individuelle, sans jamais perdre de vue l’amour, la compassion et la quête de vérité qui sont au cœur du message de notre Seigneur Jésus.
Didier Antoine