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Pourquoi avoir créé le Journal d'un catholique libertaire ?

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C’est la question que l’on me pose souvent. Créer le journal d’un catholique libertaire répond à une double aspiration : d’abord, une quête de vérité personnelle et spirituelle, puis un engagement intellectuel et social. Cette démarche découle de l’envie de réconcilier deux univers souvent perçus comme antinomiques : la foi catholique, ancrée dans une tradition millénaire, et la pensée libertaire, profondément tournée vers l’émancipation individuelle et collective.

 

Un espace de réflexion libre et ancré dans la foi​

Le journal d’un catholique libertaire se veut une plateforme pour explorer les tensions, mais aussi les harmonies possibles entre ces deux perspectives. Être catholique, c’est adhérer à une vision du monde transcendante, guidée par la quête de justice et d’amour universel. Être libertaire, c’est affirmer la nécessité de la liberté, de la responsabilité individuelle et du refus de toute domination arbitraire qu’elle soit ecclésiale ou laïque . Ce journal ambitionne de démontrer que ces deux visions ne sont pas incompatibles.

Au contraire, elles s’enrichissent mutuellement. La foi catholique, loin d’enfermer, invite à une liberté authentique, qui naît du dépassement de soi et du service des autres. De son côté, la pensée libertaire pousse à dénoncer les injustices, y compris lorsqu’elles sont perpétuées au sein des institutions, y compris religieuses. Le problème est une question de pouvoir.

Une histoire de foi, de chute et de reconquête

Je me suis converti à l’âge de 20 ans, dans une période de ma vie marquée par une quête de sens et de vérité. Ma spiritualité, je la dois en grande partie à la Mission Ouvrière Saints Pierre et Paul, fondée par Jacques Loew, grande figure de l’Église catholique en France. Son approche humaniste et son engagement auprès des travailleurs ont profondément marqué ma foi, en lui donnant une dimension concrète et sociale.

Mais mon parcours spirituel n’a pas été linéaire. À l’âge de 53 ans, j’ai traversé une épreuve qui a bouleversé ma vie. Après un licenciement brutal, humiliant et injuste d’une institution catholique, j’ai sombré dans une forte dépression. Je me suis senti rejeté, traité comme un malpropre, effacé dans mon idéal. Pendant deux longues années, j’ai vécu dans le gouffre, envahi par la solitude et la perte de sens. Ma foi s’est effondrée, mais ne s’est jamais éteinte.

C’est dans cet abîme que j’ai entrepris une reconquête de ma vie spirituelle. Lentement, en m’appuyant sur ma foi et en redécouvrant les enseignements de Jésus, la méditation de pleine conscience, j’ai retrouvé une lumière intérieure. Cette renaissance m’a appris que, même dans l’épreuve, la dignité humaine et l’amour de Dieu sont des réalités inébranlables. Ce journal est aussi le fruit de cette expérience : un témoignage de résilience, de retour à la vie et de recherche de justice.

Une réponse aux crises de notre époque

Nous vivons dans une époque marquée par des fractures profondes : crise écologique, inégalités croissantes, perte de sens et montée des extrémismes. Dans ce contexte, le journal d’un catholique libertaire souhaite offrir une boussole. Il s’agit d’articuler des propositions concrètes qui reposent sur la dignité humaine et le respect de la Création.

Le catholicisme, avec son héritage social (pensons à la doctrine sociale de l’Église), apporte des clés essentielles pour comprendre les défis du monde. Mais il ne doit pas être statique : le regard libertaire invite à une remise en question constante, à refuser le dogmatisme sclérosant et à écouter les voix des laissés pour compte.

Écrire pour les rejetés et les oubliés

Depuis que je suis à la retraite, j’ai ressenti avec plus d’acuité le besoin d’écrire mes réflexions sans être censuré par un pouvoir religieux ou institutionnel laïc. Ce journal est aussi né de l’urgence d’élever la voix pour tous ceux qui, au sein de l’Église, ont été rejetés, humiliés ou violentés.

Je pense aux laïcs que je nomme « subalternes », souvent marginalisés par des hiérarchies qui font la pluie et le beau temps dans les paroisses et les institutions. Ces supérieurs laïcs ou religieux, parfois éloignés des réalités quotidiennes, confisquent souvent le pouvoir décisionnel, ne laissant aucun espace aux « subalternes », ceux qui ne sont pas dans la norme. Écrire, c’est donner une voix à ceux qui en ont été privés, c’est refuser que l’injustice perdure dans un lieu censé être le berceau de la charité et de la fraternité.

Un appel à l’engagement

Enfin, ce journal n’a pas de vocation militante. Il s’adresse simplement à celles et ceux qui refusent de choisir entre foi et liberté, entre tradition et progrès. Il invite à construire une société où le respect de l’humain et la quête de justice ne se limitent pas aux mots, mais s’incarnent dans des actes.

Le journal d’un catholique libertaire est un simple exercice intellectuel : c’est un appel à l’engagement. C’est l’expression d’une foi audacieuse, qui ose dialoguer avec le doute, et d’une liberté exigeante, qui ne craint pas de se confronter à l’amour inconditionnel prôné par l’Évangile.

En somme, ce journal est né du désir de penser autrement et de vivre pleinement. Il ne prétend pas offrir des réponses définitives, mais bien ouvrir des chemins de réflexion et d’action, en s’appuyant sur les enseignements de notre Seigneur Jésus, pour un monde plus libre, plus juste et plus fraternel.

Didier Antoine

 

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