
Journal d'un catholique libertaire
Qui a pris ses distances vis à vis de l'Eglise, de sa hiérarchie et de son pouvoir
Vendredi 28 mars 2025
21ème jour de Carême : Prendre sa croix et suivre le Seigneur Jésus

Bénédiction du matin
De Luc 9, 23-26
Jésus disait à ses disciples : « Si quelqu’un veut venir derrière moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour, et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra, mais celui qui perd sa vie à cause de moi, celui-là la sauvera. En effet, quel profit a l’homme s’il gagne le monde entier, mais se perd ou se ruine lui-même ? Car quiconque aura eu honte de moi et de mes paroles, le Fils de l’homme aura honte de lui, lorsqu’il viendra dans sa gloire, et celle du Père, et des saints anges. »
Message
En ce 21e jour de Carême, nous voici placés devant une parole de notre Seigneur Jésus d’une grande exigence : « Si quelqu’un veut venir derrière moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour, et qu’il me suive. »
Ces mots peuvent troubler, voire effrayer. Ils semblent dresser un mur entre la radicalité de l’Évangile et notre vie souvent marquée par la fatigue, le compromis, les renoncements, les doutes. Et pourtant… il faut lire ces versets avec les yeux du cœur, non comme une injonction froide, mais comme un appel brûlant d’amour, lancé par celui qui connaît notre fragilité, et qui ne nous demande jamais ce qu’il n’a pas lui-même vécu jusqu’au bout.
« Renoncer à soi-même » ne veut pas dire s’anéantir, se mépriser ou refuser d’exister. Cela signifie apprendre à distinguer ce qui, en nous, est vie véritable de ce qui n’est qu’apparence ou illusion. Renoncer à cette part en nous qui veut tout contrôler, tout posséder, tout faire reposer sur ses seules forces. Renoncer à l’ego qui veut briller, dominer ou s’auto-sauver.
Notre Seigneur Jésus nous invite à un dépouillement libérant, à une désappropriation qui fait de la place pour Dieu. Il ne nous vole rien, Il nous rend à nous-mêmes. Il nous appelle à nous perdre, non pour disparaître, mais pour être trouvés, recréés, relevés par lui.
Le mot « croix » fait peur. Il évoque la souffrance, le poids, parfois même l’injustice. Mais notre Seigneur Jésus précise bien : « chaque jour ». Il ne parle pas d’un héroïsme exceptionnel, mais d’une fidélité humble, simple même exigeante et quotidienne. Il ne nous demande pas de porter toutes les croix du monde, seulement la nôtre, aujourd’hui, celle qui se présente sur notre route : une contrariété, une épreuve familiale, un choix difficile, une solitude, un combat intérieur…
Et surtout, Il ne nous laisse jamais seuls sous le poids de cette croix. Il la porte avec nous, parfois à notre insu. Lui, le Seigneur Jésus, a déjà marché sur ce chemin. Il sait ce que c’est d’avoir peur, de pleurer, de tomber. Il ne nous domine pas depuis les hauteurs, Il marche à nos côtés, à hauteur d’homme.
Notre Seigneur Jésus nous rappelle que celui qui veut « sauver » sa vie… la garder jalousement pour lui-même… finit par la perdre, car une vie repliée sur soi s’étiole. Tandis que celui qui accepte de la donner, à sa mesure, la sauve réellement, car l’amour fait naître la vie en abondance. Ce paradoxe est le cœur de l’Évangile. Il ne s’agit pas de se sacrifier aveuglément, mais de découvrir que le vrai bonheur ne se trouve pas dans la possession, mais dans le don. Et ce don ne vide pas, il remplit. Il transforme, il transfigure. Le Seigneur Jésus ne nous promet pas une vie facile, mais une vie féconde. Et c’est là la promesse du Carême : apprendre à mourir à ce qui est stérile en nous, pour que naisse ce qui est éternel.
À vous qui avez pris comme moi de la distance avec l’Église… Peut-être vous êtes-vous éloignés, lentement ou brusquement. Peut-être avez-vous été blessés par des paroles dures, ou déçus par le visage de l’Église, trop humain, parfois trop fermé. Peut-être que la vie vous a emportés ailleurs, sans bruit, sans fracas. Et aujourd’hui, vous lisez ces lignes, comme de loin.
Sachez ceci : le Seigneur Jésus n’a jamais cessé de vous regarder avec tendresse. Il n’est pas venu pour les parfaits. Il est venu chercher ceux qui étaient perdus, fatigués, égarés, blessés, absents. Il n’attend pas que vous soyez prêts. Il vous attend, tout simplement.
Ce que vous avez vécu, vos questions, vos absences, vos blessures, rien de tout cela n’est un obstacle pour lui. Il est le Dieu des recommencements. Le Carême est ce temps favorable pour faire un pas, un seul. Peut-être un retour à la prière. Peut-être une main tendue. Peut-être le simple fait de dire : « Seigneur, si tu es là, me voici. »
Vous n’êtes pas seuls. Le Seigneur Jésus vous ouvre les bras. Il ne vous demande pas une perfection morale, mais une ouverture du cœur. Revenez. La Croix n’est pas une barrière : elle est un pont. Et de l’autre côté, il y a la lumière de Pâques qui vous attend.
Bonne route vers Pâques
Didier Antoine