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Mardi 1er avril 2025

24ème jour de Carême

Mardi 1er avril 2025

De Luc 21, 1-4

Ayant levé les yeux, Jésus vit les riches qui jetaient leurs dons dans le trésor du Temple. Il vit aussi une veuve, pauvre, qui y jeta deux petites pièces de monnaie. Et il dit : « En vérité, je vous le dis, cette veuve, pauvre, a mis plus que tous. Car tous ceux-là ont mis de leur abondance dans les offrandes, mais elle, de sa pauvreté, a mis tout ce qu’elle avait pour vivre. »

MESSAGE

En ce 24ᵉ jour de notre marche vers Pâques, l’évangile selon saint Luc nous conduit à une scène discrète, presque furtive, dans l’ombre des colonnes du Temple.

Notre Seigneur Jésus lève les yeux. Il ne regarde pas ce que tous regardent. Il ne voit pas d’abord l’apparat, ni les gestes théâtraux. Il perçoit l’invisible, le discret, l’authentique. Un geste minuscule capte son attention : une femme, veuve, pauvre, avance sans bruit. Elle dépose dans le trésor deux pièces de cuivre — quelques centimes au regard des grandes offrandes que d’autres y jettent avec ostentation. Et pourtant, c’est elle, dit le Seigneur Jésus, qui a donné plus que tous. Ce passage, tout en retenue, déploie une radicalité bouleversante. La veuve ne donne pas un peu. Elle donne tout. Non pas parce qu’elle veut s’en vanter, mais parce qu’elle vit selon une logique inversée… celle du Royaume, celle de la confiance nue. Elle donne sans garantie de retour, sans sécurité, sans mesure. Ce qu’elle offre, c’est ce qui la fait vivre.
Il ne s’agit pas d’un héroïsme romantique, ni d’une folie insouciante. Ce don total est le fruit d’une foi qui n’a plus besoin de se protéger. Elle remet sa vie à Dieu, non par résignation, mais par espérance.

Cette veuve est l’icône silencieuse de notre chemin de Carême. À travers elle, le Seigneur Jésus nous révèle que Dieu ne mesure pas comme les hommes. Il ne se laisse pas impressionner par la quantité, la puissance ou la visibilité. Il regarde la vérité du cœur. Nous aussi, nous sommes appelés à donner. Mais pas seulement de notre argent ou de notre temps. Nous sommes appelés à offrir notre pauvreté elle-même : nos fragilités, nos manques, nos hésitations, nos blessures anciennes, nos résistances secrètes. Tout ce que nous cachons, tout ce que nous jugeons trop petit ou trop indigne.
Le Carême n’est pas un temps pour prouver quoi que ce soit. C’est un temps pour offrir. Offrir ce que l’on est, dans la lumière de Dieu, même si cela semble n’être que deux pièces de cuivre.

La scène de la veuve nous est donnée aujourd’hui, non comme un détour moral, mais comme un appel : serons-nous prêts, au matin de Pâques, à accueillir la Résurrection les mains ouvertes, les poches vides, mais le cœur disponible ? Oserons-nous, comme elle, ne pas attendre d’avoir plus pour commencer à donner ?
Car Pâques ne sera pas un triomphe réservé aux forts ou aux parfaits. Ce sera la joie offerte à ceux qui, comme cette femme, auront accepté de se confier à Dieu, sans filet. A ceux qui auront dit, en actes : « Me voici, avec ce que j’ai, avec ce que je suis. »

A vous, qui avez pris vos distances avec l’Église… peut-être par douleur, par colère, par usure ou par oubli… cette parole du Seigneur Jésus vous est aussi adressée. Il ne vous demande pas d’être exemplaires, ni de cocher toutes les cases. Il ne vous juge pas sur ce que vous n’avez pas donné, ni sur ce que vous avez gardé pour vous. Il vous regarde comme il a regardé cette veuve : avec tendresse, avec respect, avec une lucidité d’amour.

Vous pensez peut-être que votre foi s’est affaiblie, qu’elle n’est plus que deux petites pièces dans un cœur déserté. Mais ces pièces-là, si vous les lui donnez, si vous les déposez sans calcul, elles ont pour lui un poids d’éternité. Ne craignez pas d’être pauvres en prière, pauvres en certitude, pauvres en confiance. Le Seigneur n’attend pas que vous soyez des colonnes. Il vous attend vous, là où vous en êtes, là où vous en êtes. Il attend votre geste, aussi discret soit-il. Il attend ce souffle de retour. Ce pas vers la lumière. Le chemin vers Pâques est encore ouvert. Il n’est jamais trop tard pour recommencer à marcher. Même en boitant. Même en tremblant. Et si vous faites le premier pas, vous découvrirez que le Seigneur Jésus venait à votre rencontre bien avant que vous n’osiez lever les yeux.

Bonne route vers Pâques
Didier Antoine

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