
Journal d'un catholique libertaire
Qui a pris ses distances vis à vis de l'Eglise, de sa hiérarchie et de son pouvoir
Mobilisation chrétienne : construire positivement plutôt que s'opposer
Publié le 28 juin 2024
Sur cette pensée de Mère Teresa : « On m'a souvent demandé pourquoi je ne participe pas à des manifestations contre la guerre, je réponds que je ne participerai jamais, mais qu'à chaque instant que l'on organisera un rassemblement pour la paix, je serai là. »
Je prends ma plume en tant que disciple insignifiant de notre Seigneur Jésus.
La pensée de Mère Teresa offre une perspective profondément pacifique et constructive sur la manière d'aborder les conflits et les injustices sociales. En refusant de participer à des manifestations contre la guerre, elle choisit plutôt de s'engager activement pour la paix, une approche qui peut sembler subtile mais qui révèle une philosophie de vie basée sur l'action positive et le soutien concret.
Transposer cette réflexion dans l'actualité brûlante des élections législatives en France, notamment concernant les mobilisations chrétiennes contre le RN, nécessite une analyse nuancée, intellectuelle et pragmatique. Si les chrétiens se mobilisent en disant « Non au RN », c'est souvent par opposition à des politiques et des idéologies perçues comme contraires aux valeurs chrétiennes de justice, d'égalité et de compassion. Toutefois, une approche purement négative, se limitant à s'opposer, peut s'avérer improductive et manquer l'opportunité de construire quelque chose de positif.
Dans cet esprit, et en s'inspirant de la philosophie de Mère Teresa, il serait plus fructueux de se mobiliser pour des causes justes plutôt que contre des entités politiques. Par exemple :
Pour la justice sociale : organiser des rassemblements et des actions concrètes visant à réduire les inégalités sociales. Cela pourrait inclure des initiatives pour soutenir les personnes en situation de précarité, des programmes éducatifs pour les jeunes défavorisés, et des actions de sensibilisation sur les droits sociaux.
Pour l'égalité des droits : promouvoir des campagnes qui visent à garantir l'égalité des droits pour tous les citoyens, indépendamment de leur origine, de leur genre ou de leur orientation sexuelle. Cela pourrait inclure des événements publics, des conférences et des ateliers éducatifs.
Pour la santé pour tous : s'engager dans des projets qui visent à améliorer l'accès aux soins de santé, en particulier pour les populations vulnérables. Cela pourrait passer par le soutien aux centres de santé communautaires, l'organisation de cliniques mobiles, ou des campagnes de prévention et d'éducation en santé.
Pour les familles monoparentales en souffrance : créer des réseaux de soutien pour les familles monoparentales, offrir des ressources et des services pour alléger leurs difficultés, et militer pour des politiques publiques qui leur apportent un soutien concret.
Pour l'accueil de l'étranger dans un cadre humain : promouvoir des actions et des initiatives visant à améliorer l'accueil des migrants et des réfugiés, en s'assurant que leur dignité et leurs droits sont respectés. Que l’on ne les parque pas dans des foyers, des centres leur promettant un travail ou à la merci des marchands de sommeil, des profiteurs de la misère.
En adoptant cette approche proactive et constructive, les chrétiens peuvent se positionner non seulement comme des critiques d'une idéologie ou d'un parti, mais surtout comme des acteurs du changement positif. Cette démarche, alignée sur la pensée de Mère Teresa, favorise une dynamique de paix, de justice et de solidarité, tout en évitant la polarisation et la confrontation stérile. En se mobilisant pour ces causes essentielles, ils apportent une contribution tangible à la société, inspirant ainsi un véritable changement conforme aux valeurs évangéliques enseignées par notre Seigneur Jésus.
Moi, je suis rarement contre ; je préfère adopter une vision plus cartésienne où l'on met l'accent sur la construction plutôt que sur la simple opposition. En effet, il est trop facile de se focaliser sur ce que l'on rejette, sur le négatif, alors qu'il est bien plus productif de bâtir, d'avancer des solutions et d'œuvrer pour des causes positives. Plutôt que de dire « Non au RN », je choisis de dire « Oui à la justice sociale, à l'égalité des droits, à la santé pour tous ». En orientant mes actions vers le soutien des familles monoparentales en souffrance et l'accueil des étrangers dans un cadre humain, je crois fermement que l'on peut transformer les critiques en initiatives concrètes qui font progresser la société. Car ce que l’on retient dans tout cela c’est « non au RN ». Diaboliser ne marche plus. Ce fut efficace pendant quarante ans… Pourquoi en est-on arrivé là ? La montée du RN s’est également faite dans un contexte de crise des partis politiques traditionnels qui n’ont pas répondu aux préoccupations de nombreux électeurs… les difficultés économiques, la montée de l’insécurité et les questions liées à l’immigration… c’est ce que j’entends autour de moi sans relâche… Que veut dire « contre le RN » ? Être conscient de nos peurs… et les électeurs dans tout cela… nous font-ils peur… nos propres sœurs et frères en Christ nous font-ils peur ?
Notre Seigneur dit justement de ne pas avoir peur… la peur est le pire ennemi de notre foi. La peur anéantit notre foi, notre spiritualité et notre confiance en Dieu. Elle s'insinue dans nos pensées et nos cœurs, créant des doutes et des incertitudes là où il devrait y avoir la paix et la certitude. Lorsque nous laissons la peur prendre le dessus, elle érode notre capacité à croire en un avenir meilleur et à nous reposer dans la promesse divine. Notre société a peut-être des lacunes dans notre démocratie mais en tant que chrétien libéral je suis certain que notre relation avec Dieu en souffre avec la peur, car elle nous empêche de nous abandonner totalement à sa volonté et de ressentir sa présence réconfortante. En nourrissant nos inquiétudes, la peur nous éloigne de la prière et de la méditation, essentiels à notre croissance spirituelle, et nous enferme dans un cycle de désespoir et de méfiance.
Un ami m'a dit que, si on suivait mon raisonnement, le message ne serait pas clair en ne proclamant pas explicitement notre opposition au RN. Selon lui, cela reviendrait à sous-estimer la capacité des gens à réfléchir, à les prendre pour des imbéciles, des ignares incapables d'analyser les enjeux. Mais là, nous entrons dans un autre débat. Mon point de vue est différent et peut être rejeté de part et d’autre : je crois que les actions positives et constructives parlent d'elles-mêmes et incitent à une réflexion plus profonde et nuancée que de simples slogans de rejet. Un peu d’apaisement… laissons les femmes et les hommes à leur propre conscience.
Didier Antoine
A lire aussi
12/07/2024 : L'inquiétude d'un catholique libéral face à l'agitation politique en France
07/07/2024 : Voyage d'une retraite passionnée qui démarre : entre foi, écriture, d'autres découvertes et mes proches
05/07/2024 : L'Epreuve de la foi : Division politique et chrétienne
25/06/2024 : Charlotte de Vilmorin : L'audace d'une candidate hors du commun aux législatives de Paris
24/06/2024 : L'Eglise et la politique : Un appel à la séparation et à la paix
23/06/2024 Crise des vocations : L'Eglise catholique face à un défi historique
18/06/2024 : Le projet de l'Ecole de la foi est lancé
10/06/2024 : J'ai été baptisé le 10 juin 1962 à l'âge de six mois.
10/06/2024 : Notre vraie relation avec Dieu
06/06/2024 : Souvenons nous des héros du 6 juin 1944 et des victimes civiles.