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FÊTE

Joyeuse fête de la Nativité au lieu de joyeux Noël

Page publiée le 25 décembre 2024

En ce jour solennel, où beaucoup sont dans les paillettes factices d’une fête devenue mercantile, permettez-moi de me tenir à l’écart de ces embrassades convenues et de ces cadeaux empilés sous un arbre qui, jadis, symbolisait une autre promesse.

Non, je ne vous souhaite pas un Joyeux Noël, mais une joyeuse fête de la Nativité, un moment d’éblouissement à contre-courant des modes, un éclat de lumière intérieure que rien ne saurait ternir.


Même s’il est bon de s'offrir des cadeaux en ce jour de la nativité, que ces présents soient moins des biens matériels que des témoignages sincères d'amour et d'attention. Offrons-nous des gestes de présence, des paroles qui réchauffent, des regards qui illuminent. Car au fond, ce jour n'est pas une célébration de l'avoir, mais de l'être.


Souvenons-nous que cette fête célèbre une promesse de renouveau, une lumière qui a traversé les âges pour nous rappeler que, même dans la nuit la plus profonde, une étoile peut guider nos pas. La Nativité n’est pas une tradition poussiéreuse, mais une invitation, celle d’ouvrir nos cœurs et de renaître à ce qu’il y a de meilleur en nous.


Je ne vous le cache pas : j’ai pris mes distances avec l’Église institutionnelle. Ses fastes, ses dogmes trop rigides, ses prédicateurs parfois déconnectés de la souffrance réelle des hommes, tout cela m’étouffe. Mais la foi elle est en moi, elle ne m’a jamais quitté. Elle s’est simplement réfugiée dans des lieux moins exposés à la tentation de la domination ou de la vanité. Elle s’est installée chez moi, dans ma sphère privée, et elle vit dans les silences d’un soir où je m’émerveille devant la mystérieuse simplicité de cette étable de Bethléem.


Car il y a là, dans ce récit millénaire, une vérité qui résiste aux outrages du temps. Ce n’est pas une histoire de puissance ou de miracle spectaculaire, mais celle d’une vulnérabilité assumée. Dieu, s’il existe — et je crois qu’il existe —, ne s’est pas présenté dans l’éclat du tonnerre ou dans la splendeur des palais, mais dans le cri d’un nouveau-né, entouré d’éclopés et de laissés pour compte.

Il y a là une leçon qui devrait suffire à désarmer nos arrogances et à réorienter nos ambitions. Et pourtant, nous avons recouvert cette évidence de tant de strates d’apparat que nous peinons à en retrouver la source vive. Nous avons fait de la crèche un décor, et des rois mages des figurines peintes, oubliant que cette histoire, si elle a un sens, est celle d’un bouleversement radical : celui d’un Dieu qui ne s’impose pas, mais qui se propose, fragile, offert à l’accueil ou au rejet.


Demain, nous serons mon épouse et moi avec notre fils, notre fille et notre petit-fils, réunis dans une simplicité qui ne demande ni faste ni éclat. Que ces instants partagés soient le reflet de cette leçon que je contemple aujourd'hui. La vie, dans sa fragilité et sa beauté, nous enseigne que ce sont les liens tissés avec tendresse qui donnent un sens véritable à notre passage sur cette terre. Je viens de perdre mon frère il y a trois semaines à l’âge de cinquante-cinq ans. La maladie l’a emporté en deux mois et demi. La fragilité de la vie sera bien présente dans mon esprit. Le fragile, c’est notre Seigneur Jésus, cette Parole qui s’est faite chair, nous rappelle que la grandeur n’est pas dans le paraître, mais dans le don, dans l’oubli de soi au service de l’autre. C'est une force subtile, loin des clameurs du monde, une lumière que rien ni personne ne peut éteindre.


Entouré de ceux qui portent notre héritage et notre espérance, je veux être pleinement présent, non pour enseigner, mais pour recevoir. Recevoir la joie, le rire, l’émerveillement et le regard complice des miens des miens. Recevoir la grâce d’être ensemble, même imparfaitement, dans un amour qui, comme ces étoiles dans la nuit, éclaire sans bruit et guide nos pas.


C’est avec cette gratitude que je continuerai à rêver, non pas d’un monde parfait, mais d’un monde où chaque souffle d’amour, aussi discret soit-il, devienne une semence d’éternité.

Alors, en ce jour, je vous souhaite non pas le confort d’une tradition bien huilée, mais l’ébranlement d’un mystère. Je vous souhaite de ne pas seulement célébrer une naissance déjà lointaine, mais d’accueillir, aujourd’hui, dans votre étable intérieure, ce qui pourrait transformer votre regard sur le monde. Que cette Nativité soit un acte de foi — ou de doute fertile, qu’importe —, mais qu’elle soit vivante, authentique, réelle.

Joyeuse fête de la Nativité, donc, à ceux qui savent encore écouter le murmure des étoiles.


Didier Antoine


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