Journal d'un catholique libertaire
« Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. »
(Marc 9, 35)

Abus sexuels à Nantes : Le diocèse lance un appel à témoigner
Vendredi 5 septembre 2025

Un demi-siècle après les faits commis au collège Saint-Stanislas de Nantes, la parole des personnes abusées se libère. Le diocèse de Nantes et l’enseignement catholique de Loire-Atlantique appellent d’autres personnes à témoigner.
Vendredi 28 août 2025, lors d’une conférence de presse, le diocèse a révélé l’existence d’abus sexuels commis entre les années 1960 et 2000 au sein du collège catholique Saint-Stanislas, situé en plein centre-ville. Dix victimes ont déjà été identifiées : neuf hommes et une femme, mineurs à l’époque. Leurs récits, bouleversants, évoquent viols, agressions sexuelles, attouchements, violences physiques. Les faits auraient eu lieu dans l’internat de l’établissement et lors des camps de vacances. Cinq prêtres enseignants et un surveillant sont mis en cause. Tous les religieux sont décédés… le dernier en 2011.
Après la publication du rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (CIASE, 2021), des graffitis avaient déjà été découverts sur les murs du collège. Personne n’avait véritablement agi. C’est seulement à partir de 2023, dans le sillage de l’affaire de Bétharram, que plusieurs personnes abusées ont osé se manifester.
Au-delà du collège Saint-Stanislas, le diocèse invite toutes les personnes abusées dans les établissements scolaires catholiques du département, y compris les trois petits séminaires aujourd’hui disparus, à témoigner.
Depuis 2016, la cellule régionale d’accueil et d’écoute a reçu deux cent quatre-vingts témoignages… dont un quart concernait le milieu scolaire. Mais depuis le scandale de Bétharram, les demandes se multiplient. Ces révélations, qui rejoignent la longue liste des scandales révélés depuis la CIASE, posent une question fondamentale : l’institution catholique est-elle capable de se réformer en profondeur ? Ou se contente-t-elle de réagir tardivement, sous la pression des personnes meurtries ?
Tu vois, ce qui me frappe, c’est la constante : l’Église n’agit jamais par anticipation, mais toujours par contrainte. Les cris étouffés d’hier deviennent les témoignages publics d’aujourd’hui, et soudain l’institution se souvient qu’elle a un devoir de vérité. Mais dis-moi, que vaut une vérité qu’on ne cherche qu’après avoir bâillonné les personnes abusées, violentées pendant un demi-siècle ? Je ne peux pas m’empêcher de voir dans cette démarche une tentation tardive de sauver la façade quand le fruit est pourri.
Notre Seigneur Jésus parlait d’une maison bâtie sur le roc : l’Église, elle, a trop souvent bâti dans le silence, le secret de l’obéissance aveugle. Voilà pourquoi elle s’écroule scandale après scandale.
Le salut ne viendra pas d’une hiérarchie qui se couvre et se protège, mais des femmes et des hommes qui osent parler, qui font éclater tous leurs carcans intérieurs et refusent d’être complices d’un mensonge collectif. La foi, elle, n’a rien à craindre de la vérité : c’est le pouvoir qui tremble devant elle. Et tant que ce pouvoir continuera d’exister sous la forme actuelle, il faudra se lever encore et encore pour rappeler que l’Évangile n’est pas la propriété de quelques-uns, mais une exigence de justice et de libération pour tous.
Didier Antoine,
Catholique libertaire insignifiant