Journal d'un catholique libertaire
« Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. »
(Marc 9, 35)

Ground Zero : silence, mémoire et espérance
Jeudi 11 septembre 2025

Vingt-quatre ans déjà, que le temps passe. Et pourtant, chaque année, le calendrier me ramène au frisson. Le 11 septembre 2001 restera toujours dans ma mémoire… Je m’en souviens comme si c’était hier : le ciel bleu déchiré par l’inconcevable… l’effroi de la population : Oh my God ! Les regards fuyants, les pas précipités… ce silence étrange où chacun cherchait à comprendre l’inimaginable. Et les tours se sont écroulées. Le chaos s’abattait sur New York. Ces images de fumée et de poussière qu’on croyait irréelles, et qui pourtant s’imprimaient à jamais dans nos mémoires.
J’écris ce billet car, au printemps dernier, nous sommes allés, mon épouse et moi, à New York… et bien sûr, dans la semaine, nos pas nous ont conduits vers Ground Zero, là où les tours jumelles se dressaient autrefois comme un signe de puissance et de fragilité mêlées. Aujourd’hui, l’espace est devenu un lieu de silence, d’eau qui coule sans fin… de noms gravés dans le bronze. On lit une litanie d’absents : ceux des tours, mais aussi ceux des autres attentats de ce jour-là, sans oublier tous les sauveteurs, comme les sapeurs-pompiers. Des pères, des mères, des époux, des épouses, des frères, des sœurs, des fils, des filles, des familles et des amis. Chaque nom est une prière. Chaque syllabe une présence. Ils ne sont pas de simples lettres figées sur le métal, mais des visages qui se lèvent dans la mémoire du monde. Leurs âmes nous appellent à la fidélité, tout en réclamant que l’on ne détourne pas le regard. Ces âmes nous rappellent que l’humanité se mesure à la place que nous laissons aux morts dans nos vies.
Au bord de ces deux immenses fosses, comme l’empreinte d’un stigmate, je me suis senti relié à une foule invisible, comme si leurs voix se mêlaient au murmure de l’eau : un recueillement de mémoire, de silence et d’amour qui survit à la mort.
Je pense aux familles… Vingt-quatre ans ! Pour elles, la douleur n’a pas de calendrier… En un jour, tout a basculé. Certains enfants sont nés ce jour-là. Ils ont grandi sans connaître le visage de leur père ou de leur mère. Des couples ont été brisés en plein matin, des vies suspendues entre deux ascenseurs, deux étages, deux battements de cœur. Le temps apaise, dit-on, mais il n’efface pas.