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HANDICAP

A distance de l’Eglise, redécouvrir l’essentiel d’un Carême libre et authentique

Publié le 5 mars 2025

Un chemin spirituel en marge des cadres traditionnels, où l'authenticité prime sur les obligations. Le Carême devient alors une traversée intérieure vers une liberté retrouvée.

Le Carême dans le tradition catholique est un temps de pénitence, de conversion et de préparation à la Résurrection du Seigneur Jésus. Quarante jours de jeûne, de prière et de partage en mémoire du Seigneur Jésus au désert. Ce chemin de dépouillement tel qu’il est proposé par l’Eglise, repose sur un double mouvement : un renoncement personnel et une ouverture aux autres. Mais que signifie le Carême pour celui qui en conscience a pris ses distances avec l’institution sans renier la flamme de l’Evangile ?

Le Carême est-il une servitude ou une expérience de liberté ? Peut-il encore resonner pour le catholique libertaire que je suis, qui récuse les pouvoirs… et sans renier la foi ?


L’Eglise catholique structure le Carême autour d’un ensemble de pratiques… l’abstinence, Le jeûne, la prière liturgique…l’aumône. Ces prescriptions visent à libérer l’âme de l’emprise du matériel et à favoriser un retour sincère vers Dieu. Mais cette discipline à travers son cadre rigide, risque, je dis bien risque d’être perçue comme une contrainte extérieure plutôt qu’un choix librement consenti.


Or dans l’Evangile, notre Seigneur Jésus ne fais pas Carême une obligation. Il vit lui-même quarante jours au désert comme une discipline spirituelle… radicale non pas pour suivre un rituel imposé, mais pour éprouver dans son corps et son esprit l’âpreté du combat intérieur.


Ce dépouillement est une expérience personnelle, une mise en lumière de l’essentiel, non par une formalité canonique. Pour le croyant en marge de l’institution, cette liberté prime. Vivre le Carême ne peut pas être une soumission à une norme mais un choix volontaire, libre, un élan extérieure vers l’allègement de l’âme et la redécouverte de l’essence du message de notre Seigneur Jésus.


Se détacher des prescriptions ecclésiales ne signifie pas de renoncer au sens du Carême. Au contraire, en le vivant en dehors des structures, on peut renouer avec un esprit premier.


Dans les Evangiles, notre Seigneur Jésus ne cesse de dénoncer l’hypocrisie des observances vide de cœur : « Quand vous jeûnez, ne vous donnez pas un air sombre comme font les hypocrites, ils prennent une mine défaite, pour que les hommes voient qu’ils jeûnent. » (Matthieu 6, 16). Le message de notre Seigneur Jésus est limpide. L’acte n’a pas de valeur que s’il est vécu dans la sincérité. Ainsi pour celui qui se tient à distance des institutions, le Carême peut devenir une spiritualité profonde, intime, un temps de redéfinition personnelle, loin des obligations dictées. Loin des injonctions du magistère, le Carême peut être vécu comme un chemin de vérité, débarrassé du poids des conventions. L’abstinence peut se transformer en un exercice de simplicité volontaire. Le Jeûne est un apprentissage de la maîtrise de soi, la prière, en un dialogue libre avec Dieu, loin des cadres officiels.


Dans cette perspective, la méditation (chez soi où en pleine nature) est une pratique précieuse durant le Carême. En cultivant l’attention de ce moment, la méditation permet de s’ancrer pleinement dans l’expérience du dépouillement et de la quête de sens. Loin d’être une opposition à la prière chrétienne, elle est dans son introduction un complément offrant une manière intérieure et apaisée de cheminer vers une conversion du cœur.


L’un des défis du croyant en retrait de l’Eglise institutionnelle est d’éviter le repli sur soi. Prendre de la distance… tout en étant ouvert aux autres… pas seulement dans la sphère catho mais auprès de ceux qui sont en dehors de l’Eglise et peut-être non croyants. C’est un temps de charité. Cette ouverture aux autres est une autre manière de faire Eglise sans l’aval de l’institution dans une fraternité choisie… que Dieu nous envoie.

Le partage, élément du Carême, peut ainsi prendre une dimension nouvelle. En dehors des structures caritatives classiques, il s’agit d’un engagement spontané et libre , motivé non pas par une obligation morale dictée de l’extérieur mais par un élément intérieur vers l’autre. Qu’il s’agisse de gestes concrets de solidarité, d’un engagement associatif ou simplement d’une écoute bienveillante envers ceux qui souffrent… le Carême devient un chemin de fraternité vécue.


De plus cette période peut-être l’occasion de revisiter son rapport au pardon. Dans une société en rupture, l’individualisme et la rancune prennent le pas, le Carême nous offre l’opportunité de réconciliation avec nous même comme avec autrui. Loin d’un pardon dictée par une morale institutionnelle, il s’agit ici d’un processus personnel, un lâcher prise conscient qui libère de l’amertume et permet de renouer avec une paix intérieure véritable.


Enfin, dans cette démarche de réconciliation, le silence et la méditation jouent un rôle clé. Mais souvent, la réalité est très dure. Quand nous avons subi des violences psychologiques, corporelles ou sexuelles, le pardon semble impossible et c’est compréhensible. Seul Dieu peut comprendre. Il entend le cri intérieur de ceux qui ont subi des exactions horribles. Il nous offre en ce temps de Carême un temps de repos… même si c’est difficile… Dieu ne nous en tient pas rigueur. Il sait tout de nous… Toutes nos souffrances. Il porte pour nous le pardon que nous sommes incapables de porter. En nous retirant du tumulte quotidien, Dieu nous invite à prendre le temps d’écouter ce qui vibre en nous, accepter les questionnements sans chercher de réponses immédiates. C’est entrer dans une dynamique où le spirituel s’éprouve sans artifices. Le Carême devient ainsi un retour à l’essentiel, une traversée dans le désert non comme une privation, mais comme une liberté intérieure plus grande.


A vous qui avez pris du recul, de la distance vis-à-vis de l’Eglise institutionnelle, qui ne vous reconnaissez pas dans le carcan des pouvoirs… vous n’avez pas perdu l’essence de la foi. Le Carême n’est ni l’apanage d’une Eglise normée, le Carême est une invitation à une liberté intérieure plus grande. Ce temps important peut-être vécu hors des cadres dans une sincérité qui vous appartient. Il ne s’agit pas de renoncer par refus de l’ordre voire de la contrainte, mais d’embrasser autrement, librement, ce que le Seigneur Jésus lui-même a expérimenté au désert : une confrontation à soi… un face à face avec l’absolu.


Ne vous laissez pas enfermer par la culpabilité ni par l’exclusion implicite que certains veulent imposer. Vivez ce chemin avec audace, en restant fidèle à l’Evangile qui demeure au-delà des institutions. Notre Seigneur Jésus disait : « la vérité vous rendra libre » (Jean 8, 32).


Le Carême n’est pas une clôture, mais une porte qui ouvre un espace où la foi peut respirer librement. Il est l’occasion d’un retour à soi, non pour s’y enfermer, mais pour en sortir plus vrai, plus disponible… plus humain. Le Carême est un appel à l’authenticité, une occasion de renouer avec la grâce, non pas comme une norme imposée mais comme une lumière qui éclaire de l’intérieur… et si votre route ne passe pas l’Eglise institutionnelle, sachez que votre quête spirituelle ne se mesure pas à l’appartenance à une institution mais par l’intensité du feu intérieur qui vous anime. Si vous vous êtes éloigné de l’Eglise, c’est peut-être pour mieux avancer. Prenez ce tramps comme une grâce et marchez avec confiance. Le Seigneur Jésus n’est pas au bout du chemin car il fait route avec vous.


BON CARÊME À TOUS

 

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