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Samedi 29 mars 2025

22ème jour de Carême

Samedi 29 mars 2025

De Jean 15, 12-15

Jésus disait à ses disciples : « Voici mon commandement : que vous vous aimiez les uns les autres, comme moi je vous ai aimés. Il n’y a pas de plus grand amour que celui-ci : déposer sa vie pour ses amis. Vous êtes mes amis, si vous faites ce que moi, je vous commande. Je ne vous appelle plus serviteurs, parce que le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; mais je vous ai appelés amis, parce que tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître.

MESSAGE

Nous avons déjà parcouru vingt et un jours de désert, de silence, d’effort, parfois de chute et de relèvement, l’Évangile nous livre une parole essentielle : le cœur de la foi chrétienne, c’est l’amour, et cet amour a un nom et un visage : notre Seigneur Jésus.
Le Seigneur ne nous propose pas une morale abstraite ou une spiritualité éthérée. Il nous oriente vers une manière de vivre, à la fois divine et humaine : aimer comme Lui nous a aimés. Et cet amour n’est pas sentimental ou vague. Il est incarné. Il se mesure à la croix. Il se donne jusqu’au bout, « jusqu’à déposer sa vie ».

Ce n’est pas un amour passif, mais un amour choisi, posé librement, vivifié par la volonté. Notre Seigneur Jésus ne meurt pas simplement parce qu’on le tue : il se donne. Il se laisse livrer par amour pour ses amis, pour ceux qu’il appelle « frères », pour ceux qui parfois le trahissent, le fuient, ou l’oublient. Pour chacun de nous.

L’autre mot-clé de ce passage, c’est ce renversement bouleversant : « Je ne vous appelle plus serviteurs... Je vous appelle amis. »
Dans le premier Testament, rares sont ceux que Dieu appelle « amis ». Abraham est l’ami de Dieu. Moïse parle avec Dieu « comme un homme parle à son ami ». Ici, le Seigneur Jésus étend cette dignité à tous ceux qui accueillent son commandement d’amour.

Le serviteur agit sans comprendre, il exécute. L’ami est convié à l’intérieur du mystère. Notre Seigneur Jésus ne garde rien pour lui : il nous introduit dans l’intimité du Père, il partage ce qu’il reçoit. Il nous ouvre l’accès au dialogue trinitaire, à la vie même de Dieu. Et c’est là que se trouve la grande dignité chrétienne : être appelés non pas à obéir aveuglément, mais à aimer librement, comme des amis, en écho à l’amitié divine.
Notre Seigneur Jésus ne dit pas : « Aimez-moi, et je vous aimerai. » Il dit : « Je vous ai aimés. » Son amour précède, son amitié précède. Son amour ne dépend pas de notre fidélité ni de notre mérite. C’est un don pur. Et c’est ce qui rend possible notre conversion, notre retournement : non pas une volonté de mieux faire, mais la découverte d’un amour qui nous attendait déjà.

À mesure que nous approchons de la Passion, ces mots prennent un relief encore plus fort. Le Fils de Dieu, à la veille de sa mort, ne pense pas d’abord à la justice, ni au péché, ni au châtiment. Il pense à ses amis. Il leur parle d’amour. Il leur lave les pieds. Il les prépare non à la peur, mais à la communion. Ce que le Seigneur Jésus nous laisse en héritage, ce n’est pas une loi extérieure, c’est une relation vivante. C’est cela que Pâques vient sceller : la victoire de l’amour offert, l’alliance renouvelée de Dieu avec ses amis.

À vous qui avez pris vos distances vis-à-vis de l’Église, ou qui vous en êtes éloignés avec le temps, avec la fatigue, avec les blessures, avec les doutes. À vous qui n’entrez plus dans les églises, mais qui gardez dans le cœur une parole, une image, un souvenir d’une foi peut-être ébréchée : vous êtes toujours appelés par le Seigneur Jésus « amis ».

Le Seigneur n’attend pas que vous soyez parfaits pour vous tendre la main. Il ne pose pas de conditions pour vous aimer. Il ne vous classe pas parmi les absents. Il vous appelle encore, aujourd’hui, au cœur de votre vie, comme vous êtes.
L’Église est humaine, fragile, parfois décevante. Mais le Seigneur Jésus lui, ne déçoit pas. Il vous cherche, non pour vous reprendre, mais pour vous relever. Non pour vous juger, mais pour vous révéler votre vraie dignité : celle d’un ami de Dieu.

Alors, osez un pas. Même petit. Même hésitant. Ouvrez un instant votre cœur à cette voix douce qui vous a tout dit, qu’il vous aime et qu’il vous appelle « mon ami ».
Car la route vers Pâques est aussi la vôtre. Et il n’est jamais trop tard pour rencontrer le Seigneur Jésus.

Bonne route vers Pâques
Didier Antoine

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