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Mercredi 9 avril 2025

31ème jour de Carême

Mercredi 9 avril 2025

De l'Evangile de Luc 10, 38-42

Jésus entra dans un village, et une femme, nommée Marthe, le reçut dans sa maison. Et elle avait une sœur appelée Marie, qui s'assit aux pieds de Jésus, écoutant sa parole. Mais Marthe, toute occupée par les nombreux services, s'approcha et dit : « Seigneur, cela ne te fait-il rien que ma sœur m'ait laissée seule pour servir ? Dis-lui donc qu'elle m'aide ! » Mais le Seigneur lui répondit : « Marthe, Marthe, tu t'inquiètes et tu t'agites pour beaucoup de choses, mais une seule chose est nécessaire. Marie a choisi la bonne part, qui ne lui sera pas enlevée. »

MESSAGE

A mesure que nous avançons dans le désert vers Pâques, nos pas deviennent plus intérieurs. Le jeûne commence à percer nos apparences, la prière déloge nos routines, et l’aumône nous redonne un visage plus humain. C’est dans cette disposition du cœur que l’Évangile d’aujourd’hui vient doucement nous troubler, nous recentrer, et peut-être même nous appeler à un retournement.

Deux femmes. Deux sœurs. Deux présences face à notre Seigneur Jésus. Marthe et Marie.
L’une agit, l’autre s’assoit. L’une parle, l’autre écoute. L’une se donne à faire, l’autre se donne tout court.

Marthe nous est familière. Elle incarne tant de nos vies : remplies, surchargées, tournées vers l’utile, le concret, le mesurable. Elle veut bien faire, et elle le fait. Mais quelque chose l’envahit : l’agacement. Elle en vient à accuser le Seigneur Jésus de ne pas voir l’injustice de la situation. Il est frappant que son service, qui partait d’un élan d’amour, devienne une tension intérieure, puis un reproche, puis une parole amère. Le cœur s’est dispersé, fragmenté, éparpillé. Marthe est peut-être dans le don, mais un don déconnecté de la source.

Marie, elle, choisit ce que beaucoup jugeraient comme de la passivité, voire de la paresse. Elle ne se contente pas d’être là : elle s’assoit. À ses pieds. À l’écoute. Elle se rend disponible à une parole plus grande, une présence qui parle à l’âme. Marie a perçu que, dans cet instant, il ne s’agissait pas de faire quelque chose pour le Seigneur Jésus, mais d’être là, simplement, devant lui. Recevoir avant de donner. Accueillir avant de s’activer. Être, avant de faire.

Ce que le Seigneur Jésus révèle ici, avec douceur et vérité, c’est l’ordre intérieur de la vie spirituelle : ce n’est pas l’activisme qui fonde la fécondité, mais l’union à lui. Il ne s’agit pas de rejeter l’action, mais de la faire naître à partir de l’écoute, dans l’espace de l’intimité. L’Évangile n’oppose pas Marthe à Marie, il les réconcilie dans un appel à l’unité du cœur. À ce moment-là, Marie a choisi la meilleure part, non pas la seule, mais celle qui éclaire toutes les autres.

Le Carême nous offre justement ce lieu de bascule. Il nous invite à sortir de l’inquiétude, de l’agitation qui dévore, pour retrouver la source tranquille. Il nous rappelle que nous ne sommes pas aimés pour ce que nous accomplissons, mais pour ce que nous sommes : des fils et filles, invités à nous asseoir à la table du Père.

En ces jours qui nous conduisent vers la Pâque du Seigneur Jésus, nous sommes appelés à quitter nos multiples distractions intérieures, nos « beaucoup de choses », nos « pas le temps » pour redécouvrir la « seule nécessaire ». Elle a un nom : la présence de Dieu en nous. Une présence douce, brûlante, fidèle. Une présence qui ne s’impose pas, mais attend, au seuil de notre silence.

A vous, qui avez pris de la distance… à vous qui lisez peut-être ces mots par hasard… par nostalgie… par un mouvement encore timide de l’âme… vous qui avez mis de la distance entre vous et l’Église, peut-être à cause d’une blessure, d’un scandale, d’un sentiment d’inutilité ou d’indignité.

Le Seigneur Jésus ne vous reproche rien. Il ne dresse aucune barrière. Il ne vous demande pas de prouver quoi que ce soit.

Il vous invite simplement… tendrement… infiniment.
Il vous dit que vous pouvez, vous aussi, vous asseoir. Même après des années d’absence. Même si la foi vous semble étrangère ou floue. Même si les mots vous manquent. La porte de son cœur reste ouverte. Le Seigneur Jésus n’est pas venu pour ceux qui vont bien. Il est venu pour les blessés, les fatigués, les absents, les déçus, les fuyants… pour vous.

Alors si vous entendez en vous, même très faiblement, cet appel à revenir, ne le repoussez pas. Ce n’est pas un appel à un devoir. C’est un appel à la Vie. A une présence. A un amour plus grand que toutes vos absences. Revenez. Non pour faire comme avant. Mais pour être enfin vous-mêmes, devant celui qui vous connaît mieux que vous ne vous connaissez. Il y a une place pour vous, aux pieds du Seigneur Jésus. Et cette place ne sera jamais retirée.

Bonne route vers Pâques
Didier Antoine

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