
Journal d'un catholique libertaire
Qui a pris ses distances vis à vis de l'Eglise, de sa hiérarchie et de son pouvoir
Sortir de la catho-sphère

Beaucoup de bénévoles et de salariés pensent que travailler pour une institution de l’Église peut les épanouir dans leur spiritualité. Ce n'est pas vraiment le cas.
Bien au contraire ! Cette collaboration peut finir très mal et la foi peut en être affectée. J’ai de nombreux témoignages à ce sujet et j'ai personnellement vu des drames et des souffrances, y compris la mienne. Certains d'entre vous en ont malheureusement fait l'expérience douloureuse.
Arrivé à un certain âge, j’ai constaté que la communauté peut nous isoler, quoi que l'on en dise. S'enfermer dans la "catho-sphère" nous empêche de voir un monde où Dieu n'est plus présent dans les esprits. On rejette Dieu, on aime Jésus en tant qu'homme. C'est ainsi !
Et si vous deveniez présence de l’Évangile dans des structures non-confessionnelles et apolitiques sans faire de prosélytisme !
Certains diront qu'il n'est pas bon d'être des chrétiens seuls ou de prier seul, mais c'est précisément tout le contraire. Quand vous êtes en présence de l'autre, le plus éloigné de Dieu, même de l'Église, que vous œuvrez pour son bonheur, vous êtes déjà en prière. Et dans l'intériorité du Christ. Si vous relisez Matthieu 25. Oui, à travers l'autre, vous êtes dans l'intériorité de notre Seigneur Jésus. On ne peut pas être mieux, on ne peut pas faire mieux.
« Chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces petits qui sont mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait. » nous dit Jésus en Matthieu 25, 40
« Quand tu veux prier, entre dans ta chambre la plus retirée, verrouille ta porte et adresse ta prière à ton Père qui est là dans le secret. Et ton Père qui voit dans le secret te le rendra. » Matthieu 6,6.
Là, vous êtes en présence de Dieu. Vous ne vivez pas votre foi seuls.
SOYEZ OUVERTS HORS DE L'ÉGLISE ET DE SES INSTITUTIONS
Vous pouvez agir pour les plus démunis comme toutes les autres associations laïques. Être au service des autres, ceux qui vivent dans une grande précarité, dans le handicap, dans la détresse et les injustices. Dans un monde où les misères sont grandissantes et où la solidarité a besoin sans cesse d'être développée, ne restez pas enfermés dans vos communautés et vos institutions. Le Christ nous demande sans cesse d'aller à la rencontre de notre prochain.
Pour une plus grande efficacité, pour répondre aux besoins de notre société, dans le domaine de l'éducation, du soutien scolaire, de l'aide aux devoirs et surtout dans la lecture. Créez des bibliothèques de rue. Ayez des projets éducatifs dans le sport. Répondez au problème de l'emploi, aidez les personnes à rédiger un CV. Accompagnez des femmes seules avec des enfants, celles qui sont dans une grande pauvreté et très souvent oubliées. Allez dans les hôpitaux auprès des enfants malades. Accompagnez aussi des personnes en fin de vie ou des personnes handicapées. Il y a beaucoup de choses à faire dans les quartiers populaires auprès des familles en détresse. Pour les jeunes qui se droguent ou s'alcoolisent, pour leurs parents.
Beaucoup de chrétiens ont des idées formidables pour notre société. On se dit souvent démuni par le manque de moyens. Mais quand une idée est utile, on trouve souvent de l'argent sur des sites participatifs. Chaque fois que la société coince, que l'Église ne donne pas sa bénédiction, il y a des choses extraordinaires qui se produisent au-delà des barrières... Il y a beaucoup de catholiques, de gens ordinaires créatifs, peut-être vous, sûrement vous ! Même les croyants activent des ressources quand ils se prennent en main et qu'ils ne sont surtout pas régis par l'Église, trop suspicieuse sur les initiatives. Fabriquez vous-mêmes des solutions qui ne viennent plus de la politique ou d'une hiérarchie religieuse.
SORTEZ DE LA CATHO-SPHÈRE
Les catholiques pratiquants sont de plus en plus minoritaires. Dans les années à venir, il n'y aura plus assez de dons pour toutes les associations et fondations chrétiennes existantes. Les nouvelles auront de plus en plus de mal à trouver une place et des fonds dans la catho-sphère. Les catholiques fidèles sont trop sollicités. C'est pour cela, n'attendez rien des institutions très centralisées à Paris, hébergées dans les beaux quartiers ou dans les grandes métropoles. C'est dans des petits groupements locaux, dans chaque coin du pays que nous arriverons à faire bouger les choses. Regardez les besoins de ceux qui sont proches de nous, famille, amis, voisins, dans notre rue, dans notre quartier, dans notre village. Créez des structures locales car les nationales ont souvent des frais énormes de gestion et les dons ne vont pas forcement pour la mission. Grâce aux réseaux sociaux utilisés à bon escient, vous pourrez vous faire connaître et accomplir des choses extraordinaires. C'est incontestable.
HEUREUX HORS DE LA CATO-SPHERE
Travailler pour une institution de l'Église, bien que motivé par une quête de spiritualité et d'épanouissement, ne garantit pas nécessairement des résultats. Au contraire, nombre de bénévoles et d'employés ont témoigné de l'impact négatif que cela a eu sur leur foi, partageant des histoires de drames et de souffrances, y compris les miennes. L'expérience douloureuse que certains d'entre nous ont vécue souligne que la communauté peut parfois isoler plus qu'elle n'unifie, nous enfermant dans une "catho-sphère" qui occulte la présence de Dieu dans le monde moderne.
Face à cela, il est peut-être temps de repenser notre manière de vivre notre foi chrétienne en dehors des structures ecclésiales traditionnelles. Être présence de l'Évangile dans des organisations non-confessionnelles et apolitiques peut être un moyen puissant de pratiquer notre foi de manière authentique et personnelle. La vraie prière se trouve dans l'action - dans le service désintéressé envers ceux qui sont éloignés de Dieu et même de l'Église.
En nous ouvrant à aider les autres en dehors des limites institutionnelles, nous pouvons vraiment vivre notre foi d'une manière profondément personnelle et efficace, répondant ainsi aux besoins criants de notre société. Il est temps de sortir de la catho-sphère et d'innover dans notre engagement chrétien. La force de notre foi ne réside pas dans les dons à des institutions centralisées, mais dans notre capacité à agir localement et à créer des solutions adaptées aux défis spécifiques de nos communautés. Alors, engageons-nous là où nous sommes, avec ceux qui sont autour de nous, pour faire une différence tangible dans le monde.
A suivre…
Didier Antoine