
Journal d'un catholique libertaire
Qui a pris ses distances vis à vis de l'Eglise, de sa hiérarchie et de son pouvoir
Samedi 12 avril 2025
34ème jour de Carême

Bénédiction du matin
Seigneur Jésus,
en ce matin où se lève une lumière encore pâle, je me tiens devant toi, pauvre de mes forces, mais riche de ton amour. Tu m’as donné un commandement nouveau, non pour m’écraser, mais pour m’élever jusqu’à toi : « Aime comme je t’ai aimé. » Alors, aujourd’hui encore, ouvre mes mains pour qu’elles servent, ouvre mon cœur pour qu’il accueille, ouvre mes lèvres pour qu’elles bénissent. Donne-moi d’aimer l’autre même quand il me dérange, de pardonner même quand la blessure est encore vive, de sourire même quand la nuit n’est pas finie. Que mes gestes soient traces de ta tendresse, et que ceux qui me croisent aujourd’hui reconnaissent, à l’amour vécu, que je suis ton disciple.
Amen.
De l'Evangile de Jean 13, 34-35
Jésus disait à ses disciples : Je vous donne un commandement nouveau : que vous vous aimiez les uns les autres ; comme je vous ai aimés, que vous aussi vous vous aimiez les uns les autres. A ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns envers les autres.
Message
Nous voici déjà au 34ᵉ jour du Carême. Le chemin s’est fait peut-être long, parfois rude, parsemé de désert et de silence. Mais voici que la lumière de Pâques perce à l’horizon. Le Crucifié, notre Seigneur Jésus s’approche, non pour accuser, mais pour aimer jusqu’au bout. C’est dans cette atmosphère de veille, de tension féconde entre l’ombre et la lumière, que résonne ce commandement, donné par notre Seigneur Jésus à la veille de sa Passion.
Un commandement nouveau. Pourquoi nouveau ? L’amour du prochain, le Lévitique le prescrit déjà. Mais ce qui change tout, c’est la mesure : « comme je vous ai aimés ». Il ne s’agit plus seulement de respecter, de faire le bien ou de tendre la main. Il s’agit d’aimer jusqu’à s’oublier, jusqu’à se livrer, jusqu’à la croix.
Ce commandement ne se vit pas dans la théorie, ni dans les grandes déclarations. Il se joue dans le quotidien : la patience avec l’autre, le pardon donné sans retour, la bienveillance même envers ceux qui nous ont blessés. Aimer comme Lui, c’est consentir à devenir blessure d’amour pour le monde, lumière douce mais tenace dans les ténèbres humaines.
Et voici l’épreuve : « c’est à cela que tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples ». Non à vos rites, à vos discours ou à vos structures. Mais à votre amour mutuel. L’Église ne convainc pas par sa puissance, mais par l’amour qu’elle incarne. Le Carême devient alors une école du cœur, une préparation patiente à renaître dans un amour qui ne vient pas de nous, mais qui nous traverse.
Car Pâques n’est pas seulement un souvenir glorieux, c’est un passage intérieur : de l’indifférence à la compassion, du jugement au regard de miséricorde, de l’isolement à la communion. Chaque geste d’amour vrai est déjà une résurrection en germe. Celui qui aime à la manière du Seigneur Jésus devient semence de vie dans les terres arides du monde.
À vous qui vous êtes éloignés… qui avez pris de la distance avec l’Église… peut-être par fatigue, blessure ou incompréhension… ce commandement est aussi pour vous. Il ne vous demande pas de revenir à une institution, mais de vous laisser aimer à nouveau. Le Seigneur Jésus ne vous attend pas sur les marches d’un temple, mais sur les chemins de votre vie, là où l’amour manque, là où le cœur s’assèche.
Peut-être que vous avez vu des disciples manquer d’amour, ou même vous blesser. Mais ne laissez pas cela vous priver de la source. Lui, notre Seigneur Jésus, ne vous a jamais quittés. Il continue de vous aimer, de vous laver les pieds en silence, de guetter votre regard.
Revenez non pas à une habitude, mais à une relation. Reprenez la route non vers une exigence, mais vers une présence, celle de notre Seigneur Jésus. Car ce commandement nouveau n’est pas un poids : c’est une Pâque intérieure, une liberté qui commence dès qu’on se laisse aimer pour aimer à nouveau.
Bonne route vers Pâques
Didier Antoine
Bénédiction du soir
Seigneur Jésus,
le jour s’éteint, et dans le silence qui descend, je viens te remettre ce que j’ai vécu. Tu m’as demandé d’aimer à ta manière : pas avec mesure, mais avec confiance. Tu sais ce que j’ai bien fait aujourd’hui et ce que j’ai mal aimé. Tu vois où j’ai tendu la main, et où je me suis replié. Tu connais mes efforts, et mes fuites aussi. Alors je te rends grâce pour chaque instant où ton amour a circulé à travers moi, souvent malgré moi. Et je te demande pardon pour les refus d’aimer. Ce soir, je dépose mon cœur dans le tien. Guéris mes manques, répare mes duretés, et façonne en moi le cœur du disciple. Que ton amour me réveille demain, plus libre, plus vrai, plus fraternel.
Amen.