top of page

Mercredi 26 mars 2025

19ème jour de Carême - Les Béatitudes

Mercredi 26 mars 2025

Bénédiction du matin

De Matthieu 5, 1-12

Voyant les foules, Jésus monta sur la montagne ; et lorsqu’il se fut assis, ses disciples s’approchèrent de lui. Et ouvrant sa bouche, il les enseignait en disant :
Heureux les pauvres en esprit, car à eux est le royaume des cieux.
Heureux ceux qui pleurent, car eux seront consolés.
Heureux les doux, car eux hériteront la terre.
Heureux ceux qui ont faim et soif de justice, car eux seront rassasiés.
Heureux les compatissants, car eux recevront compassion.
Heureux les cœurs purs, car eux verront Dieu.
Heureux les artisans de paix, car eux seront appelés fils de Dieu.
Heureux ceux qui sont persécutés à cause de la justice, car à eux est le royaume des cieux.
Heureux êtes-vous quand on vous insulte, vous persécute, et qu'on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi.
Réjouissez-vous et exultez, car votre récompense est grande dans les cieux ; car ainsi ils ont persécuté les prophètes qui furent avant vous.

Message

En ce 19ᵉ jour de Carême, tandis que nous poursuivons notre traversée du désert, les Béatitudes résonnent comme une carte du Royaume tracée sur nos vulnérabilités. Ce ne sont pas de simples maximes spirituelles ; ce sont des fenêtres ouvertes sur le cœur même de Dieu.

Lorsque le Seigneur Jésus s’assoit sur la montagne, il prend la posture d’un grand frère, mais aussi d’un maître, d’un enseignant. Il n’est pas assis sur un trône : c’est un sommet sans faste, un lieu de hauteur d’où jaillit la profondeur. Il ne proclame pas un pouvoir, mais une révolution silencieuse. Il ne dicte pas une loi, mais offre une promesse brûlante et douce à la fois.

Le Carême nous a déjà dépouillés de certaines illusions. Moins de confort, plus de silence. Moins d’agitation, plus de face-à-face. C’est là, dans cette sobriété choisie, que la parole du Seigneur Jésus trouve un écho plus vrai.

« Heureux les pauvres en esprit »... Ceux qui savent qu’ils ne savent pas, qui n’ont rien à prouver devant Dieu, qui vivent dans la disponibilité intérieure. La pauvreté d’esprit n’est pas la médiocrité de pensée : c’est l’humilité radicale, l’attitude du mendiant qui tend la main sans masque. Le Carême nous y mène peu à peu, en grattant nos pouvoirs, nos titres, nos sécurités.

« Heureux ceux qui pleurent » ... Pleurer, c’est dire que le monde n’est pas tel qu’il devrait être. C’est laisser l’injustice nous atteindre, la perte nous briser, la culpabilité nous traverser. Dans une société qui valorise le contrôle, notre Seigneur Jésus bénit ceux qui s’autorisent à ressentir. Il promet non pas l’évitement, mais la consolation. Ce réconfort intérieur venu d’en-haut, plus profond que toute explication.

« Heureux les doux »... Non pas les passifs, mais ceux qui refusent la brutalité pour transformer la violence en paix. La douceur est force maîtrisée, puissance canalisée. Elle n’est pas naturelle : elle se choisit. En Carême, chaque retenue, chaque parole évitée, chaque colère remise entre les mains du Père devient un acte de douceur active, une façon de participer à l’héritage du monde.

« Heureux ceux qui ont faim et soif de justice » Dans ce monde où tout est instantané, la faim est inconfortable. Mais la faim de justice est noble. C’est la brûlure intérieure de ceux qui ne supportent pas le mensonge, l’oppression, l’iniquité. Le Carême nous réapprend à avoir faim… faim de vérité, faim de lumière, faim de Dieu. Et cette faim, le Seigneur Jésus promet de la rassasier, non avec des illusions, mais avec sa propre justice vivante.

« Heureux les miséricordieux »... Voilà une parole qui touche notre humanité au plus concret. En ce temps où tant cherchent des coupables, des fautes à punir, des raisons d’exclure, notre Seigneur Jésus nous appelle à la miséricorde : regarder l’autre avec les yeux du cœur, avec cette compréhension qui vient de Dieu lui-même. C’est peut-être la plus difficile des vertus, mais aussi la plus féconde.

« Heureux les cœurs purs »… Être pur, ce n’est pas être parfait. C’est être unifié. C’est que le cœur ne soit plus divisé, double, fragmenté. La pureté est cette transparence qui permet à Dieu d’y refléter sa lumière. Le Carême, par l’épreuve et le renoncement, nous rend plus clairs, moins encombrés. Et dans cette clarté, Dieu devient visible, non pas par les yeux, mais dans le silence intérieur.

« Heureux les artisans de paix » Ceux qui font la paix, qui la fabriquent avec patience, courage et ténacité. Il ne s’agit pas de fuir les conflits, mais d’y entrer pour les désarmer. En Carême, c’est l’occasion d’initier des gestes de réconciliation, de tendre la main là où le dialogue est brisé. Ce sont ces actes là que Dieu regarde en disant : « Voilà mes enfants. »
« Heureux les persécutés à cause de la justice »... Le sommet du paradoxe. Être rejeté non pas pour ses fautes, mais pour sa fidélité à la lumière. Le Carême peut être un moment où l’on fait face à des résistances... de l’extérieur ou de soi-même... parce qu’on veut vivre autrement. Notre Seigneur Jésus nous dit : ne craignez pas. Le Royaume est à vous. Il est déjà là, au cœur même du combat.

A vous chers frères et chères sœurs qui lisez peut-être cela à distance, presque par hasard. Vous qui avez quitté l’Église. Ou qui n’en avez jamais vraiment franchi les portes. Vous qui vous êtes lassés des discours sans vie, des formes sans âme, des blessures mal cicatrisées. Vous qui n’avez plus la force de croire… ou qui croyez autrement, ailleurs, en silence. Sachez que le Seigneur Jésus ne vous a pas oubliés. Il ne vous attend pas dans une conformité extérieure, mais dans la vérité de ce que vous êtes. Il ne vous demande pas de devenir quelqu’un d’autre. Il vous appelle là où vous en êtes, avec tout ce que cela comporte : vos questions, vos colères, vos contradictions, votre désir… même timide. Les Béatitudes ne sont pas une liste de conditions à remplir pour être aimés. Elles sont un chant d’espérance pour ceux qui cherchent encore.
Et peut-être que ce Carême… même de loin, même dans l’ombre… est une porte entrouverte. Vous n’avez pas à revenir parfaits. Il suffit de revenir vrais. Car le Royaume est pour vous aussi. Et il commence, ici et maintenant, dans le secret de votre cœur.

Bon Carême à tous
Didier Antoine

Bénédiction du soir

bottom of page