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Lundi 21 avril 2025

Lundi de Pâques

Lundi 21 avril 2025

Bénédiction du matin

Béni sois-tu, Seigneur Jésus, roi de l’Univers,
toi le Vivant, qui viens à notre rencontre au matin du monde, comme tu es venu au-devant des femmes en chemin, portant dans leur cœur la crainte mêlée à une grande joie. Sois béni Seigneur pour ce jour qui se lève, comme une pierre roulée loin des tombeaux de nos habitudes, et pour ta parole, simple et forte : « Réjouissez-vous ! »
Que cette parole devienne en moi souffle et élan, foi qui se remet debout et espérance qui court vers les autres. Tu n’apparais pas dans le bruit ni dans les signes éclatants,
mais au détour d’un chemin, dans le pas pressé de celles et ceux qui cherchent.

Fais-moi reconnaître ta présence aujourd’hui, dans les gestes discrets, les visages croisés, et jusque dans mes incertitudes.

Garde-moi de me laisser séduire par les récits faciles, par les versions arrangées du réel, par les mensonges bien ficelés qui endorment l’âme.
Donne-moi la clarté de ceux qui t’ont vu vivant, et la fidélité de celles qui ont couru, non pour expliquer, mais pour témoigner.

Que mes mains bénissent, que mes mots relèvent, que mon regard devienne accueil, et que ma marche, aujourd’hui, soit celle d’un témoin de ta Résurrection.

Toi qui fais de chaque matin un nouveau commencement, règne en mon cœur comme roi de vie et de paix, et rends-moi digne de porter ta lumière, dans ce monde encore travaillé par la nuit.

Amen.

De l'Evangile de Matthieu 28, 8-15

Quand les femmes eurent entendu les paroles de l’ange, vite, elles quittèrent le tombeau, remplies à la fois de crainte et d’une grande joie, elles coururent l’annoncer aux disciples. Et voici, Jésus vint à leur rencontre, disant : « Réjouissez-vous ! » Elles s’approchèrent, saisirent ses pieds, et se prosternèrent devant lui. Alors Jésus leur dit : « Ne craignez pas ! Allez, portez la nouvelle à mes frères, afin qu’ils partent en Galilée ; là, ils me verront. » Et pendant qu’elles allaient, voici que quelques-uns des gardes, s’étant rendus dans la ville, rapportèrent aux grands prêtres tout ce qui s’était passé. Et, s’étant réunis avec les anciens, après avoir tenu conseil, ils donnèrent aux soldats une somme importante d’argent, en disant : « Dites : “Ses disciples sont venus de nuit et l’ont dérobé pendant que nous dormions.” Et si cela vient aux oreilles du gouverneur, nous le persuaderons et nous vous mettrons à l’abri de toute difficulté. » Eux, prenant l’argent, firent selon les instructions reçues ; et ce récit s’est répandu parmi les Juifs jusqu’à aujourd’hui.

Message

Le matin de Pâques déborde de contrastes, et le récit de Matthieu en est un écho frappant. À peine la pierre roulée, les femmes deviennent les premières messagères de la Résurrection, tandis que les gardes deviennent les premiers diffuseurs d’un mensonge concerté. Deux récits naissent au même instant : l’un porté par la joie, l’autre fondé sur la peur.
Ce passage est étonnamment dense : ces femmes quittent le tombeau en courant, saisies à la fois par la crainte et une grande joie. Il ne s’agit pas d’une peur paralysante, mais de ce mélange sacré d’émerveillement et de vertige propre aux manifestations divines. Leur hâte, leur empressement, est celui d’âmes brûlantes, pressées de porter ce feu nouveau à d’autres. Elles ne comprennent pas encore tout, mais elles ont vu : le tombeau vide, l’ange, l’annonce. Et cela suffit à mettre leur cœur en marche.
Puis, le Seigneur Jésus vient à leur rencontre. Non pas dans le Temple, ni sur une montagne, mais en chemin, dans l’ordinaire de leur course. Il ne prononce qu’un mot : « Réjouissez-vous ! » ce salut si simple, mais qui résonne ici avec une profondeur. La joie devient la clef de lecture de tout ce qui suit. Elles tombent à ses pieds, l’adorent, le touchent. Cette adoration incarnée, cette étreinte des pieds, ancre la foi dans le réel. Notre Seigneur Jésus n’est pas une idée réconfortante : il est vivant, présent, tangible.
En contraste brutal, les gardes eux aussi témoignent. Ils ont vu les mêmes signes, mais ils rapportent les faits non pas aux disciples, mais aux autorités religieuses, les représentants d’un ordre qui ne peut pas accueillir l’inattendu. Et au lieu de chercher la vérité, ces autorités fabriquent un récit de remplacement : un mensonge acheté, une version alternative pour conjurer le surgissement de la lumière. On paie des hommes pour dire qu’ils dormaient… ironie amère, car en droit romain, un soldat endormi encourt la mort. Et pourtant, on leur promet protection. Le mensonge est organisé, officiel, soutenu par les puissants.
Ainsi, dès le matin de Pâques, deux chemins se dessinent : celui de la foi humble, portée par des femmes sans statut, et celui du contrôle, de la peur de perdre le pouvoir, même au prix de la vérité. Deux récits, deux fidélités : à la lumière ou à l’ordre établi.
Mais Matthieu note avec sobriété que ce récit, le faux, celui des autorités, s’est répandu jusqu’à aujourd’hui. L’évangéliste ne s’en indigne pas, il le constate. C’est une réalité avec laquelle la foi doit coexister : le mensonge circule, mais la vérité demeure. La Résurrection n’a pas besoin d’écraser le mensonge ; elle le surplombe. Ceux qui rencontrent le Ressuscité n’ont pas besoin de convaincre, seulement de témoigner.
Vous qui avez pris de la distance, que ce soit par blessure, lassitude, ou incompréhension, vous n’êtes pas oubliés. Le Ressuscité ne se manifeste pas d’abord dans les lieux sacrés, mais sur le chemin, au-devant de celles et ceux qui courent avec le cœur en désordre. Il ne vous demande pas de tout comprendre ni d’avoir la foi parfaite, mais seulement d’ouvrir un espace à la joie, une fêlure par laquelle sa lumière peut entrer.
Il ne s’impose pas. Il vous rejoint dans votre vie réelle, là où vous êtes, là où vous en êtes, sans exigence autre que celle d’un regard tourné vers lui. L’Église peut avoir failli. Elle peut avoir trahi ce qu’elle annonçait. Mais le Seigneur Jésus, lui, continue de marcher au-devant de vous. Il vous appelle, non pas pour vous ramener dans un système, mais pour vous redonner un horizon… un feu… une espérance.
En ce lundi de Pâques, si votre cœur perçoit quelque chose de cette voix, aussi faible soit-elle, sachez qu’elle est réelle. Le tombeau est vide. Et vous êtes attendus, non pour être jugés, mais pour être rejoints.

Bénédiction du soir

Béni sois-tu, Dieu notre Père, par ton Fils Bien aimé, lui qui, au matin du troisième jour, s’est levé d’entre les morts, et a laissé derrière lui le tombeau,

Sois béni pour cette lumière que rien n’a pu éteindre, pour cette victoire qui ne fait pas de bruit, et pour ce Visage vivant qui vient à notre rencontre quand nous marchons, encore bouleversés, entre crainte et joie.

Ce soir, nous remettons entre tes mains les heures traversées, les doutes portés, les gestes d’amour donnés sans retour, et les silences habités de ta présence.

Nous te confions les chemins pris aujourd’hui, les courses inutiles, les élans sincères, et jusqu’à nos fuites maladroites, car tu es le Dieu qui rejoint même ceux qui s’éloignent.

Dans la paix du soir, fais taire les voix du mensonge, les récits qui nous enchaînent à la peur ou à la honte. Donne-nous de croire à nouveau au récit de la vie plus forte que la mort, au murmure discret de ton Fils, notre Seigneur, qui nous appelle par notre nom.

Toi, Père de miséricorde, veille sur notre sommeil comme un berger sur son troupeau. Que ton Esprit garde nos cœurs en éveil, prêts à reconnaître ton Fils, quand il viendra, demain encore, dans l’inattendu du quotidien. Et si nos pas se sont égarés aujourd’hui, accueille-les sans reproche, car tu es le Dieu des recommencements, et ce soir, comme à l’aube, tu fais toute chose nouvelle. Amen.

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