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Jeudi 3 avril 2025

26ème jour de Carême - Ne vous inquiétez pas du lendemain

Jeudi 3 avril 2025

Bénédiction du matin

De l'Evangile de Matthieu 6, 25-34 - Ne vous inquiétez pas du lendemain

Jésus disait à ses disciples : « Ne vous tourmentez pas pour votre vie — ce que vous mangerez, ni pour votre corps — de quoi vous le vêtirez. La vie n’est-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que l’habit ? Regardez les oiseaux du ciel : ils ne sèment, ni ne moissonnent, ni n’amassent dans des greniers — et votre Père céleste les nourrit ! N’êtes-vous pas beaucoup plus précieux qu’eux ? Qui d’entre vous, en s’inquiétant, peut ajouter une seule coudée à la durée de sa vie ? Et pour l’habit, pourquoi vous inquiétez-vous ? Considérez les lis des champs, comment ils poussent : ils ne peinent ni ne filent. Or je vous dis : même Salomon, dans toute sa gloire, n’a pas été vêtu comme l’un d’eux. Si Dieu habille ainsi l’herbe des champs — qui est là aujourd’hui, et demain est jetée au feu — ne le fera-t-il pas bien plus pour vous, gens de peu de foi ? Ne vous inquiétez donc pas, en disant : “Qu’allons-nous manger ?” ou “Qu’allons-nous boire ?” ou “De quoi allons-nous nous vêtir ?” Car tout cela, les nations les recherchent avec frénésie. Mais votre Père céleste sait que vous avez besoin de tout cela. Cherchez d’abord le Royaume et la justice de Dieu, et tout cela vous sera donné en plus. Ne vous tourmentez donc pas pour le lendemain : le lendemain se tourmentera de lui-même. À chaque jour suffit sa peine. »

Message

« Ne vous tourmentez pas… » Ainsi commence la parole de notre Seigneur Jésus. Pas comme une consigne sèche, mais comme une délivrance. Car nous savons tous ce que c’est que de se tourmenter : l’angoisse du lendemain, la peur de manquer, l’obsession du contrôle, la pression d’assurer. En ce 26ᵉ jour de Carême, alors que le chemin s’allonge entre le désert et la lumière de Pâques, cette parole vient nous toucher là où nous sommes les plus vulnérables : nos besoins, nos incertitudes, notre peur de perdre pied. Le Seigneur Jésus ne nie pas la réalité de la vie humaine. Il ne dit pas : « ignorez vos besoins », mais il dit : regardez plus haut, plus profond, plus vrai. Il s’adresse à des hommes et des femmes sans filet de sécurité, et pourtant, il ose leur dire : vous avez un Père. Il ne s’agit pas d’un Dieu éloigné, indifférent ou juge, mais d’un Père qui connaît, qui voit, qui nourrit, un Père attentif à l’oiseau qui chute et à la fleur qui s’épanouit un jour pour faner le lendemain.

Le mot grec utilisé ici pour « se faire du souci » « μεριμνάω » (merimnaō) évoque un esprit partagé…dispersé… fragmenté. L’angoisse naît souvent de ce morcellement intérieur : tiraillés entre mille pensées, mille prévisions, mille peurs, nous perdons l’unité de notre être. Le Seigneur Jésus nous invite à sortir de ce morcellement : « Cherchez d’abord le Royaume… » Voilà le recentrage. Chercher le Royaume, ce n’est pas fuir le réel. C’est habiter le réel autrement. C’est ne plus faire de nos inquiétudes le centre de gravité de notre vie. C’est redonner à Dieu la première place… non par devoir, mais parce que le Seigneur seul peut porter le poids de notre vie sans s’effondrer. Et c’est là le paradoxe évangélique : plus on cherche le Royaume, moins on a besoin de courir après le reste. Plus on s’abandonne à Dieu, plus on trouve la paix. Une paix non pas magique, mais enracinée : elle naît d’une confiance nourrie jour après jour, dans le silence, la prière, l’abandon.

Le Carême, dans sa sagesse, nous conduit justement à travers cette traversée des attachements. Moins de nourriture, moins de confort, moins de bruit... non pas pour se punir, mais pour découvrir ce qui demeure quand tout le superflu est ôté.

Ce texte de Matthieu vient nous dire que nous ne sommes pas faits pour vivre sous le joug permanent de l’inquiétude. Nous sommes faits pour respirer large. Nous sommes faits pour une vie intérieure libre, paisible, accordée au tempo du Royaume.

Et nous marchons vers Pâques, non comme vers une fête extérieure, mais comme vers une naissance intérieure. Pâques, ce n’est pas seulement la victoire du Seigneur sur la mort. C’est notre passage, aujourd’hui, de l’angoisse à la confiance, de la dispersion à l’unité, de la peur à la foi.

A vous, peut-être nombreux, qui avez pris vos distances avec l’Église : à cause de blessures, de silences, de déceptions, d’injustices ou de lassitude… à vous qui ne trouvez plus dans les mots de la foi une maison où habiter, ou qui avez simplement dérivé, sans rupture mais sans feu. L’Évangile ne vous juge pas. Il vous appelle. Il ne vous demande pas de croire du jour au lendemain. Mais de regarder encore. De vous laisser rejoindre. Regardez les oiseaux du ciel. Regardez les lys des champs. Regardez votre propre cœur, peut-être abîmé, peut-être déserté, mais encore capable d’un tressaillement.

Le Seigneur Jésus ne vous demande pas de revenir à une institution. Il vous tend la main pour une relation. Il n’attend pas que vous soyez prêts. Il vous cherche, tels que vous êtes. Et si vous repreniez juste un pas ? Un souffle ? Un mot adressé à Dieu, même maladroit, même silencieux ? Car il n’est jamais trop tard pour faire un pas. Et ce pas, c’est déjà le Royaume qui s’approche.

Bonne route vers Pâques,
Didier Antoine

Bénédiction du soir

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