
Journal d'un catholique libertaire
Qui a pris ses distances vis à vis de l'Eglise, de sa hiérarchie et de son pouvoir
Dimanche 20 avril 2025
Dimanche de la Résurrection

Bénédiction du matin
Béni sois-tu, Dieu notre Père,
Toi qui es le commencement et la fin de toutes choses, Toi qui veilles sur ton peuple quand le jour décline, Toi qui demeures fidèle lorsque tout s’endort. Nous te bénissons pour ce jour que tu nous as donné : pour chaque souffle, chaque regard, chaque parole d’amour, et même pour les silences, les épreuves, les fatigues.
Dans la paix du soir, nous déposons entre tes mains ce que nous avons mal fait, ce que nous avons oublié. Ce que nous avons pu semer de bien, reçois-le comme une offrande. Par ton Fils bien-aimé, le Ressuscité, Jésus notre Seigneur, qui intercède pour nous sans cesse auprès de toi, accorde à nos cœurs le pardon, la paix, le repos. Qu’il prenne sur lui nos peurs, nos doutes, nos fardeaux. Qu’il nous visite dans la nuit comme un ami fidèle, et nous prépare à l’aube d’un jour nouveau. Garde-nous dans ton amour, garde ceux que nous aimons, et ceux que nous ne savons pas encore aimer. A toi soient le silence et la louange, le sommeil et la lumière, maintenant et pour les siècles des siècles.
Amen.
Bonne nouvelle de notre Seigneur Jésus en Luc 24, 1-12
Le premier jour de la semaine, de grand matin, les femmes vinrent au tombeau, apportant les aromates qu’elles avaient préparés. Et elles trouvèrent la pierre roulée loin du tombeau. Et étant entrées, elles ne trouvèrent pas le corps du Seigneur Jésus. Et il advint, comme elles étaient perplexes à ce sujet, voilà que deux hommes se tinrent près d’elles, en habits étincelants. Et comme elles devinrent effrayées et inclinaient le visage vers le sol, ils leur dirent : « Pourquoi cherchez-vous le vivant parmi les morts ? Il n’est pas ici, mais il a été réveillé. Souvenez-vous comment il vous parla, lorsqu’il était encore en Galilée, disant que le Fils de l’homme doit être livré entre les mains d’hommes pécheurs, et être crucifié, et ressusciter le troisième jour. » Et elles se souvinrent de ses paroles. Et revenant du tombeau, elles rapportèrent tout cela aux Onze et à tous les autres. Or c’étaient Marie la Magdaléenne, Jeanne, et Marie, mère de Jacques, et les autres avec elles qui disaient cela aux apôtres. Et leurs paroles semblèrent, devant eux, comme des balivernes, et ils ne les croyaient pas. Mais Pierre, s’étant levé, courut au tombeau ; et se penchant, il voit les linges seuls. Et il s’en alla, s’étonnant en lui-même de ce qui était arrivé.
Message
Nous sommes encore en route vers Pâques. Ce n’est pas une contradiction : même en ce jour où l’Église proclame la Résurrection, il y a quelque chose qui continue de s’ouvrir, de se frayer un passage dans nos vies. Car Pâques ne tombe jamais d’un coup. Elle n’est pas une lumière brutale. Elle est un lever progressif, un dévoilement. Une naissance.
Regardons l’Évangile de ce matin. Ce n’est pas le triomphe éclatant d’un Dieu qui s’impose, mais le récit discret d’un mystère qui se laisse approcher. Ce sont des femmes, fidèles jusqu’au bout, qui marchent à l’aube vers un tombeau. Elles portent des aromates, des gestes de tendresse, de deuil. Elles ne vont pas chercher un miracle. Elles vont simplement honorer un mort. Elles aiment, mais elles n’espèrent plus.
Et pourtant, c’est à elles que le Ressuscité se manifeste en premier, non pas de manière directe, mais par un signe : une pierre roulée, un tombeau vide, des anges qui apparaissent comme des hommes vêtus de lumière. Et surtout, une parole, une question qui bouleverse tout : « Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? »
C’est peut-être l’une des paroles les plus fondamentales de tout l’Évangile. Une parole qui n’est pas seulement adressée à ces femmes, mais à nous, aujourd’hui. Car nous aussi, il nous arrive de chercher la vie là où elle n’est plus. Nous cherchons le sens dans des sécurités mortes. Nous cherchons la joie dans des habitudes figées. Nous cherchons Dieu dans des images d’un autre temps, ou dans des souvenirs sans souffle. Nous cherchons la lumière, mais nous restons trop souvent fixés sur nos tombeaux. Et pourtant, Il n’est pas là. Il est vivant. Il est ailleurs. Il est devant.
Le Christ ressuscité ne s’attarde pas dans le passé. Il ouvre l’avenir. Il ne se laisse pas saisir dans des rites seulement, ni même dans des preuves : il se donne à rencontrer dans une parole, dans un souvenir qui s’illumine, dans un cœur qui s’ouvre. Les anges ne disent pas seulement « Il est ressuscité », ils disent : « Souvenez-vous de ce qu’il vous a dit. » La foi pascale ne naît pas d’un tombeau vide, elle naît d’une parole vivante. Une parole qui devient mémoire, puis espérance, puis mission. Car ces femmes, une fois touchées par ce mystère, deviennent messagères. Elles retournent vers les apôtres. Elles parlent. Elles annoncent. Elles osent. Et pourtant… et cela aussi nous parle aujourd’hui… leur parole n’est pas crue. Les apôtres trouvent cela absurde. Des « balivernes », dit le texte. Comme si la nouvelle était trop belle, trop folle.
Mais Pierre se lève. Il court. Il se penche. Il voit. Et il s’étonne. Il ne comprend pas encore. Mais il est en mouvement. Il est en route. Et c’est peut-être cela, le vrai commencement de la foi : non pas de comprendre, mais se mettre en route… oser chercher… s’étonner encore.
Vous tous qui avez pris vos distances vis-à-vis de l’Eglise, vous qui avez été déçus, meurtries dans le fracas d’une blessure, jugés et humiliés, écoutez cette question de l’Évangile : « Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? » Ce n’est pas un reproche. C’est une main tendue. C’est une invitation à déplacer votre regard. Le Christ ressuscité ne vous attend pas dans les ruines du passé, ni dans les déceptions anciennes. Il n’est pas dans les tombeaux. Il est vivant, devant vous, déjà en chemin, prêt à vous rencontrer là où vous êtes, là où vous en êtes. Vous n’avez pas besoin de tout comprendre, ni même de croire parfaitement. Il suffit parfois, comme Pierre, de se lever, de courir vers le mystère, et de s’étonner. C’est dans ce mouvement, fragile mais sincère, que la Résurrection peut se révéler.
En ce dimanche ne cherchons pas le Vivant parmi les morts. Osons croire que Dieu fait surgir la vie là où nous n’attendions plus rien. Osons nous souvenir de ses paroles. Osons nous remettre en route. Et que notre cœur, même dans l’incompréhension, même dans l’attente, s’ouvre à l’émerveillement.
Car Il est ressuscité. Il est vivant. Et Il nous précède. Alléluia.
Bénédiction du soir
Béni sois-tu, Seigneur Jésus, Roi de l’Univers,
Toi qui fais se lever le jour et brilles plus que l’aurore, toi qui traverses nos nuits pour y semer la vie, toi qui viens chaque matin raviver notre espérance. En ce jour nouveau, jour de ta résurrection, nous t’offrons nos cœurs encore endormis, nos pensées inachevées, nos pas incertains. Viens les habiter de ta paix. Viens les éveiller à ta présence. Accorde-nous de marcher dans ta lumière, de regarder ce monde, d’écouter les autres avec ton cœur, et de servir avec la joie que donne ton Esprit.
Donne-nous la force de ce qui est juste, la patience dans ce qui est obscur, et la fidélité dans les petites choses. Fais de cette journée un chemin vers toi, et que, du lever au coucher du soleil, tout en nous te bénisse, toi qui vis et règnes pour les siècles des siècles.
Amen.