
Journal d'un catholique libertaire
Qui a pris ses distances vis à vis de l'Eglise, de sa hiérarchie et de son pouvoir
La dépression, l'Eglise et la communauté

La dépression est une maladie invisible qui ronge l’âme et le corps. Elle est souvent mal comprise et mal accueillie dans de nombreux milieux, y compris au sein de l’Église catholique. Je souhaite partager une réflexion sur les paroles et les attitudes malsaines qui persistent chez certains catholiques à l’égard de cette souffrance psychique.
La dépression "sévère", par la loi du 11 février 2005, est reconnue comme un handicap. L’Union nationale des familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques (UNAFAM) a joué un rôle crucial dans cette avancée. Cela a marqué une avancée significative dans la prise en charge des troubles psychiques en France.
La dépression est souvent dévalorisée dans certains cercles religieux. On entend, hélas, des discours qui réduisent cette maladie à une simple faiblesse de la volonté ou, pire, à une déficience spirituelle. Cette perception erronée peut se manifester par des remarques telles que "La personne dépressive n’a pas une foi solide". Une telle assertion est non seulement absurde, mais elle est profondément blessante et destructrice.
La personne dépressive, dans sa communauté paroissiale, se retrouve souvent isolée et incomprise. Au lieu de trouver un refuge et une source de réconfort au sein de l’Église, elle peut se heurter à une indifférence glaciale ou à des jugements sévères. Cette situation est d’autant plus tragique que l’Église, qui devrait être un havre de paix et de soutien fraternel, devient parfois un lieu de rejet pour ceux qui souffrent en silence. Il est crucial de rappeler que la dépression est une maladie complexe qui nécessite une approche multidimensionnelle. Elle ne se résout pas par la seule prière ou par des exhortations à renforcer sa foi. Bien sûr, la foi peut être une source de réconfort et de soutien, mais elle ne doit jamais être utilisée comme une arme pour culpabiliser ceux qui traversent cette épreuve. Dire à une personne dépressive qu’elle manque de foi, c’est ajouter une couche de culpabilité à une souffrance déjà insupportable.
Ma dépression a été prise de suite… Elle a duré près de trois ans. Il m’a été prescrit des antidépresseurs et des anxiolytiques… Je n’arrivais plus à prier… je somnolais… je n’arrivais plus à mettre les pieds dans une église… la foule me faisait peur… et ça continue.
Tout en étant sous traitement, j’ai eu trois approches qui m’ont aidé à retrouver ma foi : la sophrologie, la méthode Vittoz et la méditation de pleine conscience. Attention ! Il faut être très vigilant sur les communautés catholiques nouvelles qui proposent des thérapies plus ou moins douteuses, basées sur des prières et des pratiques de l’exorcisme.
L’Église a une responsabilité particulière envers ses membres les plus vulnérables. Elle doit apprendre à écouter sans juger, à accueillir sans exclure. La compassion et l’empathie doivent être des pierres angulaires de son approche pastorale. Malheureusement, certains fidèles, même les membres du clergé, ne sont pas tendres envers ceux qui broient du noir… et c’est très fréquent.
Cette absence de tendresse et de compréhension trahit l’essence même du message chrétien, qui est avant tout un message d’amour, de fraternité et de miséricorde. Je plaide pour une Église plus accueillante à toutes formes de handicap psychique. La personne dépressive n’est pas moins chrétienne parce qu’elle souffre. Elle ne doit pas être réduite à sa maladie. C’est une personne à part entière, avec sa dignité et ses fragilités. Elle ne doit pas être jugée pour sa maladie.
L’Église doit savoir tendre la main à ceux qui se sentent seuls et abandonnés. C’est dans cet esprit de solidarité et d’amour que l’Église pourra vraiment incarner le message du Christ. Mais je ne me fais pas d’illusions. Ce n’est pas pour rien que les églises se vident.
Didier Antoine