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Investiture de Donald Trump : Réponse à Monsieur Poujol

Page publiée le 21 janvier 2025

Cher Monsieur Poujol,

Votre texte sur Facebook concernant l’investiture de Donald Trump respire une indignation vibrante, que je peux comprendre fort bien. Mais permettez-moi de jouer le trublion catholique libertaire que je suis.

D’abord, Donald Trump a été élu démocratiquement. Le peuple a-t-il mal voté ? Je me vois mal endosser le costume de procureur universel des choix démocratiques, surtout lorsqu’ils émanent d’un pays qui fait profession de donner des leçons de démocratie à la planète. J’aime trop la liberté pour aller crier à l’erreur collective. Qui suis-je pour dire aux Américains ce qu’ils doivent faire dans l’intimité de l’isoloir ?


Vous êtes horrifié que « les puissances financières détiennent désormais le politique en otage » ? Pardonnez-moi, mais j’ai l’impression que vous découvrez la Lune. Cette emprise a été dénoncée maintes fois, depuis bien avant l’arrivée de Trump, et elle dépasse largement les frontières des États-Unis. Croire que cette élection est une anomalie unique, c’est un peu naïf, non ?


En revanche, ce qui m’inquiète davantage, c’est pour nos petites PME françaises qui dépendent de l’exportation américaine. Il ne faut pas oublier que ce genre de bascule politique a des répercussions concrètes sur nos entreprises et nos emplois. Cela dit, nous-mêmes, en France, ne soyons pas hypocrites… nous défendons bec et ongles de consommer local et « made in France ». Je n’ai pas honte de dire que je ne consomme pas d’agneau qui vient de Nouvelle-Zélande. Mon père, aveyronnais jusqu’au bout des ongles (paix à son âme), m’a inculqué cet attachement aux produits locaux. Je commande ma charcuterie à Rodez. Maintenant, avec internet c’est simple et si essentiel pour préserver nos agriculteurs.

Ensuite, vous ne regarderez pas l’investiture ? Fort bien. Mais, entre nous, je connais trop de gens qui jurent, la main sur le cœur, qu’ils ne regarderont pas… puis finissent par jeter un coup d'œil furtif, comme on grignote une sucrerie défendue. J’espère que votre téléviseur éteint restera fidèle à votre résolution !


Quant à Trump, il ne sera jamais votre ami. Je partage ce sentiment. Mais, en toute honnêteté, je crois qu’il s’en moque royalement. Trump n’est pas ma tasse de thé non plus, mais je ne vais pas jusqu’à annuler mon séjour à New York sous prétexte qu’il occupe la Maison-Blanche. Je n’irai pas non plus arpenter Broadway avec un crucifix à la main, et une photo de Trump dans l’autre en chantant un "Va de rétro-Satanas". Vous imaginez ?

Prêter serment sur la Bible ? Ce n’est déroutant… mais qui suis-je pour dire qui a le droit ou pas de poser une main tremblante sur le Livre saint ? Certes, l’idée de voir certains donner une interprétation très personnelle du message biblique est quelque peu dérangeante, mais pas pour moi... je n’ai pas de tribunal divin sous la main pour juger. Et je n’ai aucun commentaire à faire sur une tradition, d’une culture chrétienne affichée qui a plus de deux siècles.


Enfin, votre bénédiction « Dieu protège l’Amérique de ses démons » a une certaine poésie apocalyptique, mais permettez-moi de sourire doucement. Les démons, monsieur Poujol, ne sont jamais là où on croit. Peut-être faudrait-il commencer par les traquer vous et moi dans nos propres certitudes ?


Bref, cet après-midi, ma télévision restera éteinte comme tous les après-midi. Mais je regardais sûrement ce soir les informations comme vous… peut-être que vous éteindrez la télévision quand le sujet sera abordé en nous proposant les moments forts de l’investiture et de cette journée… Pas moi, il ne faut pas sombrer dans l’anti-Trumpiste primaire. Il ne faut pas exagérer…


Amicalement vôtre,

Didier Antoine, un catholique libertaire en rupture de ban.

Voici pour information le texte de Monsieur Poujol sur son profil Facebook,

CE SERA SANS MOI ! Je me souviens avoir toujours (ou presque) regardé en direct la cérémonie d’investiture du Président américain. Y compris celle de Donald Trump il y a huit ans. Mais aujourd’hui cela m'est simplement impossible. Voir cet homme prêter serment sur la Bible est au-dessus de mes forces. Je ne conteste nullement au peuple américain la liberté et le droit d’élire le président de son choix. Mais je reprendrais volontiers ici, à son égard, les mots de François Mitterrand à propos de Roger-Patrice Pelat empêtré dans l’affaire Péchiney : « S’il se révèle qu’il a commis une faute, j’estimerai que je ne peux lui préserver la même qualité d’amitié. » La faute est ici de laisser fouler aux pieds les principes démocratiques qui reposent sur l’honnêteté de l’information, la loyauté du débat, la liberté d’un choix réellement éclairé. Ce scrutin, cette présidence, sont entâchés de l’intrusion illégitime de puissances financières considérables qui tiennent désormais le politique en otage. C’est tout l’acquis humaniste de l’après second conflit mondial, le rêve peut-être irénique d'un monde de justice et de paix, qui semble mis en échec au nom d‘égoïsmes nationaux. Non possumus ! Cet après-midi mon écran de télévision restera éteint. Dieu protège l’Amérique… de ses démons !

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