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VU DANS LA PRESSE : RELIGION

L'Eglise à l'épreuve du pouvoir : Renonciation de Mgr Dominique REY

Page publiée le 8 janvier 2025

© Sophie Glotin/Radio France/Maxppp

Vu dans le journal La Croix : Mgr Dominique Rey, figure controversée du diocèse de Fréjus-Toulon, a annoncé sa renonciation (démission) après vingt-cinq ans d’un épiscopat marqué par des initiatives audacieuses, mais aussi des critiques virulentes sur sa gouvernance. Un événement qui devait arriver un jour… et qui invite à une réflexion profonde sur le pouvoir dans l’Église.

Depuis trop longtemps, le pouvoir ecclésial se drape dans les oripeaux de l’intouchabilité, présenté comme une mission sacrée au service de Dieu. Mais à Fréjus-Toulon, comme ailleurs, cette mission a montré ses failles. La centralisation excessive, la concentration des décisions dans les mains d’un seul homme, et le manque criant de transparence sont devenus des maladies systémiques dans bien des diocèses et je sais de quoi je parle. Ici, nous voyons les résultats : des abus de pouvoir, des communautés divisées, des personnes rejetées et une perte de confiance de la base envers ses pasteurs.


Dominique Rey a incarné une Église qui s’est souvent présentée comme une forteresse : un bastion de la « vérité », immuable et imperméable au dialogue avec la modernité. Son épiscopat a sûrement rassemblé des fidèles fervents et entrepris des initiatives missionnaires remarquables. Mais dans son zèle, il a aussi fermé les portes à une partie du peuple de Dieu, étouffant la critique et marginalisant les voix discordantes. Comment une Église qui se veut au service de notre Seigneur Jésus peut-elle, dans le même temps, reproduire les dynamiques de pouvoir autoritaires qu’elle dénonce dans le monde profane ? C’est incompréhensible !

L’affaire de Fréjus-Toulon révèle un malaise plus profond depuis bien longtemps : celui d’une institution qui peine à se réformer de l’intérieur. Nous voyons aujourd’hui les limites d’un modèle hiérarchique rigide, où les pasteurs et les élites conservatrices sont souvent plus occupés à protéger leur autorité qu’à écouter les appels de leurs fidèles. L’Evangile n’est pas une affaire de pouvoir, mais de service. C’est une leçon que l’institution ecclésiale semble avoir oubliée.


En tant que catholique, mais aussi libertaire et critique, je refuse de fermer les yeux sur ces dysfonctionnements. N’oublions pas que de nombreux fidèles ont été blessés, voire anéantis dans leur propre foi. Ce n’est pas trahir l’Église que de la critiquer ; c’est l’aimer assez pour désirer sa conversion. Une conversion qui passe par un renoncement radical au cléricalisme, par une vraie démocratie dans les structures de gouvernance et par une ouverture authentique aux aspirations de tous les laïcs. Le temps où les évêques gouvernaient en monarques absolus est révolu. Si l’Église veut répondre aux attentes du XXIe siècle, elle doit apprendre à partager le pouvoir, à rendre des comptes, et à accueillir les critiques comme des grâces plutôt que des menaces.


Oui, il faut des pasteurs courageux, mais pas des figures autoritaires. Oui, il faut des initiatives audacieuses, mais pas des aventures personnelles qui mettent en péril l’unité de la communauté. Et oui, il faut une Église missionnaire, mais qui commence par être missionnaire en son propre sein, dans l’humilité et l’écoute.

Il est également à prévoir que cette renonciation suscitera des critiques internes, notamment parmi les conservateurs. Une fois de plus, le pape François risque de ne pas être en odeur de sainteté auprès d’eux, tant sa volonté de réforme heurte les tenants d’une Église repliée sur elle-même.


Pour ma part, je ressens comme beaucoup l’importance et la joie de vivre ma foi à distance vis-à-vis de l’Église institutionnelle. Cette distance critique n’est pas un rejet, mais une manière de rester fidèle à l’Évangile sans être pris au piège des luttes de pouvoir. Dominique Rey quitte sa charge, mais il ne quitte pas une institution qui reste marquée par les mêmes travers. Pour Fréjus-Toulon, comme pour toute l’Église, l’heure est venue de choisir : persister dans les erreurs du passé ou avancer vers une réforme profonde, réellement inspirée par l’Evangile. L’Église n’est pas une forteresse ; elle est une maison ouverte. Et si nous voulons qu’elle retrouve son éclat, il faut que chaque pierre, du simple laïc au plus haut dignitaire, accepte d’être transformée.


Didier Antoine

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