
Journal d'un catholique libertaire
Qui a pris ses distances vis à vis de l'Eglise, de sa hiérarchie et de son pouvoir
REFLEXION
Vivement que cette année se termine. L’espérance, cette petite voix qui nous habite
Page publiée le 31 décembre 2024

Chaque fin d’année, c’est le même soupir collectif : « Vivement que 2024 se termine. » On pourrait croire que changer de calendrier efface les épreuves et les incertitudes. Et pourtant ! Nous savons bien qu’aucun premier janvier n’efface les cicatrices de l’année écoulée.
Alors, pourquoi cet attachement à vouloir tirer un trait et en finir en ce 31 décembre ? Parce qu’au fond de nous-mêmes… même les plus désabusés d’entre nous aspirent à l’espérance, qui n’est surtout pas une naïveté ni un simple bien-être. Ce n’est pas non plus nier la douleur ou les drames. Non ! L’espérance est un acte de foi, une posture intérieure… ce mouvement dans nos entrailles qui nous pousse à croire que, malgré tout, quelque chose de bon peut encore advenir.
Une fin d’année marquée par la perte
Je pourrais parler d’espérance sous un angle conceptuel… mais cette fin d’année, elle m’a frappé de plein fouet. Le trois décembre dernier, j’ai perdu mon petit frère… Il n’avait que 55 ans. La maladie l’a terrassé en à peine trois mois ! Selon les critères de ce monde, il était une personne ordinaire… à mes yeux, il représentait tout !
Aujourd’hui, sa femme, si jeune encore, et ses enfants, encore en études, tentent de respirer à nouveau avec beaucoup de difficultés. Comment leur parler d’espérance ? Comment leur dire qu’une nouvelle année peut être porteuse de vie… alors qu’ils portent encore le départ de leur père ? Ce serait indécent de leur demander de tirer un trait sur 2024. Ils ne le feront pas. Et pourtant, je crois fermement que, même au cœur de leur douleur, il y a une lumière… la vie est devant eux.
L’espérance chrétienne, une promesse active
Notre Seigneur Jésus n’a jamais promis un monde sans souffrance. Mais il a promis une chose : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps » (Mt 28,20). Cette parole est pour moi un socle… ce n’est ni une baguette magique ni un remède. Elle ne supprime pas l’épreuve, mais elle m’invite à traverser les eaux, les tempêtes, avec foi. Le Seigneur Jésus est toujours là… même dans mon silence. Je l’avoue, j’ai connu des doutes et des chutes, des moments où tout semblait vaciller. Pourtant, l’espérance demeure. La flamme peut être fragile, prête à s’éteindre, mais elle ne s’éteint pas et peut grandir à nouveau.
C’est difficile pour les humains que tout ne nous soit pas donné à comprendre. L’espérance, c’est de laisser les moments de joie, petits soient-ils, nous pénétrer. Non pas une joie artificielle ou forcée, mais une joie profonde, naturelle, qui s’impose… enracinée dans notre certitude intérieure que rien n’est jamais définitivement perdu ! Un sourire apparaît.
Une dynamique de vie
L’espérance est dynamique. Elle pousse à l’action, à la création, à la reconstruction. Il ne s’agit pas de subir passivement les évènements mais de leur donner un sens. Les disciples d’Emmaüs, désespérés à la mort de notre Seigneur Jésus, n’ont trouvé la vie que lorsqu’ils ont marché avec Lui. Ils ne l’ont pas reconnu tout de suite, mais c’est dans ce cheminement qu’ils ont vu leur cœur brûler à nouveau. Pour ma belle-sœur, ma nièce et mon neveu, et pour ceux qui ont perdu un proche en particulier en cette fin d’année, 2025 ne sera pas une année légère… mais une année vivante. À leur rythme, ils découvriront que, même dans le deuil, il y a des éclats de lumière. Ils porteront avec eux le souvenir de mon frère (compagnon et père), non comme un poids… mais comme une promesse.
Une espérance pour tous
Et nous ? Que portons-nous à la veille de cette nouvelle année ? Nous rêvons tous d’un monde meilleur, mais sommes-nous prêts à le construire ? L’espérance n’est pas réservée aux croyants. Elle est une force universelle. Mais pour nous, chrétiens, elle prend une couleur particulière. Elle est une invitation à être les témoins de cette promesse… malgré les ténèbres, la lumière brille encore.
Alors, en 2025, soyons des artisans de cette lumière. Pas pour fuir nos fardeaux, mais pour les porter ensemble… comme Simon de Cyrène a porté la croix avec notre Seigneur Jésus. Souvenons-nous que l’espérance est une manière de vivre : regarder nos faiblesses et nos échecs, non comme une fin, mais comme un appel à une vie plus grande.
Et si c’était le début ?
À ceux qui, comme moi, ont pris de la distance avec l’Église institutionnelle : souvenez-vous que le cœur de la foi n’est pas dans les murs, mais dans une communion mystérieuse qui nous lie les uns aux autres et à Celui qui a vaincu la mort : Notre Seigneur Jésus. Je ne vais plus à la messe ; je vis ma foi dans ma sphère privée, mais toujours ouvert aux autres… et surtout rempli d’espérance, car c’est elle qui fait vivre et donne sens à tout.
Oui, la vie continuera… avec ses fardeaux, ses douleurs, mais aussi avec ses éclats de joie. Alors non ! Je ne fais pas un trait sur 2024, car je crois que l’espérance n’a pas besoin de rature. Malgré les tempêtes, elle tiendra dans le cœur des hommes.
Didier, catholique libertaire insignifiant