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LE CANCER DU POUVOIR ET L’ÉVANGILE OUBLIÉ

vendredi 12 septembre 2025

Le pouvoir, lorsqu’il n’est pas vécu comme un service, devient un poison qui ronge de l’intérieur. Notre Seigneur Jésus nous a pourtant montré un autre chemin : non pas dominer, mais servir, non pas grimper, mais descendre.

Je ne comprendrai jamais cette passion maladive qu’ont certains à s’agripper au pouvoir comme un marin ivre à la barre d’un navire déjà échoué : « Lâchez la barre, Capitaine ! » Ils confondent leur personne avec la fonction. L’avidité du pouvoir dévore d’abord ceux qui la portent. Le président Macron en est l’illustration du moment : désavoué dans les urnes, privé de majorité à l’Assemblée, il continue à tenir la barre d’un navire en train de heurter les récifs : « On coule, Emmanuel ! » Et lui, de marbre : « Je m’en fous ». Il ne bouge pas. Il a peur d’être effacé à tout jamais, comme si, sans le pouvoir, il n’était plus rien. « Mais il n’est plus rien », me disait un ami. C’est du narcissisme pur et dur, un égo surdimensionné avec un déguisement fragile, grotesque, qui ne trompe plus personne. Mais le président Macron n’est pas une exception et c’est toujours la même rengaine que j’ai entendue dans bien d’autres lieux. À petite échelle, dans les entreprises, les associations, les fondations, les paroisses et les partis. J’ai vu des gens se battre comme des chiens pour préserver leur petit territoire… leur chasse gardée. Certains ont écarté un collègue, savonné la planche d’un chef, calomnié une réputation juste pour occuper le siège du calife. Ils dénoncent l’avidité des puissants tout en se comportant à l’identique dans leur petit périmètre. Hypocrisie en boucle, qui ronge les liens humains plus sûrement qu’un acide sulfurique qui consume tout ce qu’il touche.


Le pouvoir met parfois les gens au pilori, les enferme dans un rejet infâme, jusqu’à les salir publiquement pour qu’ils disparaissent. On ne compte plus ceux qui, après avoir été écartés d’un poste ou d’un rôle, ont vu leur dignité piétinée. Les luttes de pouvoir ne laissent pas seulement des vainqueurs, elles produisent aussi des blessés. Et parmi les blessés, certains portent toute leur vie des cicatrices nuisibles de l’exclusion. Certains leaders politiques jouent aux dictateurs. Ils ne partagent pas leur pouvoir. Ils le verrouillent comme une forteresse. En France, nous en avons un exemple : un chef qui gouverne son parti comme un capitaine solitaire, préférant couler son navire plutôt que de partager la barre. Il ne veut pas d’élections internes pour la simple raison qu’il ne veut pas d’adversaire et qu’il craint de connaître son score au sein de son parti. Gare aux militants qui osent lever la voix, exprimer leur désaccord ou réclamer un simple débat : la sanction tombe aussitôt, sans avis collégial, seulement par la main du maître absolu. Voilà le visage réel de ces démocrates de pacotille autoproclamés. Ils prêchent la liberté politique mais pratiquent l’autoritarisme domestique.


Le président Macron, pour revenir à lui, s’accroche à un argument unique : il a été élu pour cinq ans, point final. Comme si son mandat était un blanc-seing. Un chèque sans contrôle citoyen. Rien à faire des élections intermédiaires qui le désavouent. Les Français lui tournent le dos… lui, il brandit son mandat multi-passe. Aujourd’hui, avec une popularité effondrée à 15 %, il continue à se cramponner à son fauteuil, décidé à ne rien lâcher, quitte à entraîner tout le pays dans un blocage. Inouï comme situation. Je ne vais pas aller de main morte. Pour moi, le pouvoir hégémonique est comme un cancer. Il infiltre les organismes, les ronge de l’intérieur et finit par tuer ce qu’il prétend protéger. On croit bâtir des structures solides mais en réalité on découvre qu’elles se transforment en corps malades, déformés par des métastases de l’ambition. Ce qui devrait être un lieu de service devient une machine de domination, où chacun lutte pour survivre au détriment du bien commun. Et comme tout cancer, il avance masqué jusqu’à ce qu’il soit trop tard pour espérer une guérison.


Quant à l’Église catholique… parlons-en aussi. L’institution proclame le service et l’humilité, mais à l’intérieur de la boutique, on retrouve les mêmes intrigues, aussi bien dans le milieu des religieux que dans celui des laïcs. Flatteries serviles, manœuvres pour grimper d’un échelon, complots feutrés, petites guerres de couloir. Tout cela au nom de la « Mission ». À force, on finit par se demander : où est véritablement la foi dans tout cela ? Où est le Seigneur Jésus qu’ils prétendent suivre ? On ne trouve plus qu’une hiérarchie crispée, obsédée de conserver des privilèges qu’elle croit éternels. Dans les structures laïques, dirigées par des catholiques supérieurs, c’est la même farce. Associations, fondations, mouvements charismatiques, groupes de prière, groupes de pastorale… partout, c’est la même chose : on retrouve ce cirque de l’ambition du pouvoir. On se bat pour être président de ceci, secrétaire général de cela… comme si tenir un titre effaçait la médiocrité de son quotidien. Ce qui me frappe, c’est la similitude des discours. Chacun accuse l’autre de s’accrocher au pouvoir. Chacun jure qu’il ne veut qu’« assumer ses responsabilités ». La réalité, c’est que le pouvoir est une véritable addiction… on commence par y goûter au nom du changement, de l’efficacité, et l’on finit accro, incapable de lâcher prise.


Le pouvoir rend dingue. Il transforme les hommes et les femmes, parfois sincères au départ. Ce n’est pas un hasard si tant de sages spirituels, chrétiens ou non, ont prêché le détachement. Les premiers noms qui me viennent à l’esprit : Charles de Foucauld, Thérèse d’Avila, François d’Assise, Martin Luther King, et même Bouddha. Et bien sûr, Notre Seigneur Jésus, refusant la tentation du diable dans le désert, a montré que l’homme ne vit pas de domination mais de fidélité à Dieu. Le pouvoir, s’il n’est pas vécu comme service, devient un poison. Et c’est souvent quand la maison brûle que les « responsables » s’accrochent le plus fort à leur trône. Un jour, peut-être, on finira par comprendre que le pouvoir n’est pas fait pour durer mais pour circuler. Qu’il faut laisser passer, céder, transmettre, au lieu de s’installer dans une fonction que l’on croit éternelle. Mais nous n’en sommes pas là. Pour l’heure, nous avons des présidents, des évêques, des cardinaux, des laïcs, tous plus ou moins intoxiqués à leur dose quotidienne de pouvoir.


Certains de mes amis me diront que mes mots sont virulents, qu’ils manquent de bienveillance. Mais comment ne pas l’être, ou parler doucement, quand on a vécu et connu des dégâts psychologiques, voire psychiatriques, des vies détruites, des existences anéanties par la brutalité du pouvoir ? Derrière les manœuvres et les intrigues, il y a des visages, des blessures, des cicatrices qui ne guérissent jamais. Alors oui, il m’arrive d’écrire dans la colère, parce que la complaisance n’a jamais libéré personne.


Au cœur de l’Évangile, Notre Seigneur Jésus a laissé une évidence que le monde préfère oublier ou interpréter à sa sauce. Dans l’Évangile de Marc, au chapitre 9, verset 35, notre Seigneur dit : « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. » Voilà la révolution dont nous avons tant besoin. Les hommes s’accrochent au pouvoir, parfois avec acharnement. Ils se battent pour être les premiers. Et Notre Seigneur Jésus inverse la logique. Il ne s’agit pas de grimper, mais de descendre. Non pas pour dominer mais pour servir. Ce n’est pas une stratégie de communication, c’est une vérité spirituelle : l’autorité ne se prouve pas dans les honneurs, mais dans la capacité de porter son frère ou sa sœur en difficulté.


Et c’est peut-être le scandale de notre temps : nous avons entendu cette parole, mais nous la mettons entre parenthèses, qu’il s’agisse d’un politique ou d’un religieux. Le pouvoir continue de rendre fou, d’abîmer des vies, d’écraser des consciences… mais l’Évangile trace une autre route, plus discrète, plus exigeante : celle du service humble. Un jour viendra où les supérieurs comprendront que la grandeur ne se mesure pas à des titres, ni à des pourcentages de popularité, mais à la capacité d’aimer concrètement. Et ce jour-là, le pouvoir cessera d’être un poison pour devenir un don.


Didier Antoine

Catholique Libertaire insignifiant

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