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Abus sexuels

Réparations des personnes abusées d'abus sexuels dans l'Église : indignations croissantes face à l'insuffisance et à l'opacité institutionnelle

Page publiée le jeudi 3 avril 2025

Derrière les chiffres froids se cache une tragédie humaine profonde et souvent ignorée. Les personnes abusées, toujours en attente de reconnaissance véritable, continuent de porter seules le poids de l'indifférence institutionnelle. L'Église n’entend plus leur cri de justice ?

La réparation financière est une véritable fumisterie. Trois ans après la mise en œuvre effective des réparations financières destinées aux personnes abusées au sein de l’Église catholique, l’Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation (Inirr) dresse un bilan édulcoré, en réalité alarmant, suscitant davantage d’indignation que de réconfort chez les fidèles en quête urgente de vérité, de justice et de compassion réelle.

 

Pour rappel, en 2021, suite au choc provoqué par le rapport bouleversant de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église (CIASE), qui avait mis à nu l'ampleur terrifiante des abus perpétrés par certains membres du clergé, l'Église catholique avait enfin décidé de mettre en place un dispositif de réparation financière pour se donner bonne conscience, avouons-le. Une enveloppe initiale de vingt millions d'euros a été mise sur la table… ce qui avait été annoncé pour indemniser les personnes abusées, une somme dérisoire… scandaleuse aux yeux de nombreux catholiques, militants engagés pour une Église honnête, transparente, et réellement solidaire des souffrances humaines.

 

Or, dès août 2023, selon des informations alarmantes dévoilées par RCF, cette somme initiale était déjà presque épuisée face à l’afflux massif et dramatique de demandes d’indemnisation. Au 1er février 2024, le fonds SELAM (Solidarité de lutte contre les agressions sexuelles sur mineurs) disposait péniblement de 20,1 millions d'euros, réunis principalement grâce à la générosité individuelle de quelques évêques, de donateurs spontanés et de l’engagement financier des diocèses français. Pourtant, aucune transparence, aucun engagement clair n’ont été communiqués sur l’objectif pourtant crucial de doubler cette somme, laissant les personnes abusées et leurs soutiens dans une incertitude humiliante et inacceptable.

 

Aujourd'hui, près de 1600 personnes abusées ont saisi l'Inirr, révélant ainsi une tragédie morale et spirituelle d’une ampleur inégalée dans l’histoire contemporaine de l'Église catholique. Mille six cents sur une estimation de plus de trois cent mille personnes abusées et manipulées. Pourtant, l’Église persiste à maintenir une opacité scandaleuse concernant la répartition effective des indemnisations. La plus forte indemnité plafonnée à soixante mille euros équivaut tristement à peine à trois ans et demi du salaire minimum (Smic), un montant honteusement dérisoire face à la réalité effrayante d’une vie brisée, marquée par la souffrance permanente, les traumatismes psychiques profonds, les coûts médicaux exorbitants et les difficultés quotidiennes d'une reconstruction quasi impossible. Une telle mesure reflète le cynisme cruel d’une institution trop préoccupée par son image que par la réparation authentique des dommages causés à tant de vies humaines.

 

Les récents scandales, notamment ceux impliquant l'abbé Pierre et le lycée Notre-Dame de Bétharram, exacerbent encore davantage la colère légitime des fidèles. Ces affaires montrent clairement l'incapacité chronique de l'Église à se réformer sérieusement et son refus persistant d'assumer pleinement sa responsabilité face aux crimes commis en son sein. Comment prétendre à une véritable rédemption quand le silence, le secret et l'indifférence institutionnelle continuent à régner ?

 

Le mandat de l’INIRR prendra fin en 2026, et aucune garantie sérieuse n’existe actuellement quant à la suite donnée à ces réparations. Cette incertitude alimente l'angoisse et le désespoir chez les personnes abusées et leurs proches. Quel avenir attend ces femmes et ces hommes dont l’Église a déjà tant abusé ? Quels mécanismes plus robustes, plus justes, seront enfin mis en place ? Il est temps que les évêques, qui restent jusqu'ici trop frileux, prennent véritablement leurs responsabilités, au-delà des beaux discours creux, en privilégiant enfin l'écoute et l'accompagnement concret des personnes abusées sexuellement.

 

Les réparations minimales et l'opacité persistante affichées par l’Église ne font qu'aggraver le scandale déjà immense des abus sexuels commis en son sein. Pour les catholiques libertaires et révoltés par ces injustices, l’heure est à l'action radicale et urgente : l'Église doit changer fondamentalement de posture, sous peine de perdre définitivement toute légitimité morale et la confiance vitale de ses fidèles les plus engagés.

 

Personnellement, je n’attends plus rien de cette Église catholique et encore moins de ces hommes de pouvoir que sont les évêques et des élites laïques. Leur incapacité chronique à assumer pleinement leur responsabilité morale et spirituelle face aux victimes est pour moi devenue insupportable. Mon espérance et mon engagement se situent désormais ailleurs, loin d’une institution incapable de véritables remises en question. Mais jusqu’à mon dernier souffle, je m’engagerai auprès des personnes abusées et rejetées. Abus sexuels, corporels… manipulations psychiques… abus de pouvoir… rejets des hors normes et de ceux qui osent dire les choses.


Didier Antoine

Catholique libertaire en marge de l’institution

Sources :

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