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ANTISEMITISME

Commémoration de l’attaque de l’Hyper Cascher : Dix ans d’impuissance

Page publiée le 10 janvier 2025

Dix ans se sont écoulés depuis ce funeste 9 janvier 2015, lorsque quatre vies furent brutalement arrachées lors de l’attentat contre l’Hyper Cacher, un acte barbare qui s’inscrivait dans une série noire d’attaques contre notre liberté commune.

En ce 9 janvier, jour de la commémoration, alors que des mots solennels sont prononcés devant les murs du commerce parisien, il est essentiel de rappeler que derrière les chiffres et les dates, il y a des noms, des visages, des histoires. Philippe Braham, Yohan Cohen, Yoav Hattab, François-Michel Saada. Leurs vies ont été fauchées par la haine, et il est de notre devoir de ne jamais les oublier.


Une pensée pour mes amis juifs

En ce jour de souvenir, je ne peux m’empêcher de penser à mes amis juifs. Je pense à ces rencontres judéo-chrétiennes dans ma paroisse il y a plus de trente ans, empreintes de dialogue, de respect et de quête de compréhension mutuelle, où nous avons partagé nos valeurs communes et discuté des différences qui enrichissent nos traditions respectives. Je pense aussi à mes amis juifs de longue date, ceux que je connais depuis plus de quarante ans. Avec eux, j’ai appris à voir au-delà des clivages religieux ou culturels, à reconnaître l’humain derrière chaque foi et chaque identité. Leur inquiétude face à l’antisémitisme qui refait surface, leur sentiment de solitude dans une société qui trop souvent détourne le regard, tout cela m’attriste profondément. Ces liens d’amitié et de fraternité m’obligent à ne pas rester silencieux. Ils m’appellent à agir, à défendre leur dignité, comme je défendrais celle de ma propre famille.


Le poison de l’indifférence et l’escalade récente

Un sentiment de solitude habite aujourd’hui nombre de nos concitoyens juifs. Cette solitude n’est pas une abstraction : elle est palpable, nourrie par une indifférence rampante, voire une banalisation de l’antisémitisme. Ce fléau n’a pas seulement persisté ; il s’est amplifié. Depuis les événements du 7 octobre 2023, une escalade d’actes antisémites a ravivé des blessures que l’on espérait s’éloignées. Des agressions verbales et physiques aux profanations de lieux de culte, en passant par des discours haineux sur les réseaux sociaux, l’antisémitisme semble s’être infiltré encore plus profondément dans notre tissu social.

Et ce n’est pas tout. Nous vivons dans une société où les forces de l’ordre, nos services de renseignement et tous ceux qui veillent dans l’ombre, doivent constamment déjouer des attaques meurtrières. Leur travail est essentiel, héroïque, mais il met aussi en lumière un échec collectif : nous n’avons pas su, depuis 2015, enrayer les causes profondes de cette violence. Si de nombreux attentats ont été évités, combien de vies pourraient encore être menacées ? Et surtout, qu’avons-nous fait pour prévenir non seulement les actes, mais aussi les idées qui nourrissent ce terrorisme ?


Un avenir à bâtir ensemble

Ce dixième anniversaire n’est pas seulement un moment de deuil. Il est une opportunité, une invitation à dépasser nos divisions pour bâtir une société où chaque individu se sent en sécurité, respecté et reconnu. Cela commence par des actes concrets : l’éducation contre les préjugés, le renforcement des lois contre les discours de haine, et surtout, un engagement quotidien à vivre ensemble.


Mais cette mission ne se limite pas au présent. Nous devons la mener avec la conscience aiguë de ce que nous transmettons aux générations futures. Mon petit-fils, comme tant d’autres enfants, grandira dans un monde façonné par nos choix d’aujourd’hui. Lui offrirons-nous un avenir où la diversité est célébrée et protégée, ou bien un futur marqué par la peur, la division et l’échec du vivre-ensemble ? C’est à la société entière de décider. Chaque acte d’indifférence, chaque silence complice, renforce un héritage dont il portera le poids.


Philippe, Yohan, Yoav, François-Michel. Ne les oublions jamais. Prononcer leurs noms, c’est affirmer que leur mémoire vivra à travers notre engagement. N’oublions pas non plus les blessés, ni les forces de l’ordre qui ont risqué leur vie pour protéger la nôtre. Et n’oublions pas enfin que si tant d’attentats ont été évités, cela ne doit pas nous détourner de la nécessité de guérir les racines de cette haine, afin que nos enfants puissent enfin vivre dans une paix véritable.


Puissions-nous, à travers nos prières et nos actes, léguer à nos enfants un monde digne d’être habité, un monde à la hauteur de leur lumière. C’est le défi qui nous attend, et c’est à nous tous qu’il revient de le relever.


Didier Antoine

 

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