top of page

Abus corporels

Abus corporels dans L’Eglise : Silence brisé, douleur révélée, collège Saint-Pierre du Relecq-Kerhuon

Page publiée le 20 mars 2025

La mémoire refoulée finit toujours par ressurgir, brisant les murs du silence et révélant les ombres que l’on voulait oublier. À Notre-Dame-de-Bétharram et au collège Saint-Pierre du Relecq-Kerhuon, la vérité s’impose enfin, exigeant justice là où l’impunité régnait.

La mémoire collective a cette étrange capacité à enfouir, à reléguer au rang des souvenirs lointains ce qui dérange, ce qui heurte la conscience. Mais elle a aussi une autre force, plus rare, plus précieuse : celle de ressurgir, de refuser l’oubli et d’exiger justice. Ce qui se passe aujourd’hui à Notre-Dame-de-Bétharram et, désormais, au collège Saint-Pierre du Relecq-Kerhuon en est une illustration saisissante. Après des décennies de mutisme, la parole des victimes s’élève, brise le mur du silence et éclaire d’une lumière crue les heures sombres d’institutions qui, sous couvert d’éducation et de foi, ont couvert l’indicible.


Les témoignages s’accumulent, les récits convergent et peignent un tableau effroyable : tympans percés, doigts cassés, coups portés avec une brutalité insensée. Derrière ces sévices, il y a des visages, des voix, des enfances brisées. L’affaire de Bétharram a été le déclencheur, mais elle n’est pas isolée. Elle n’est que la première onde d’un séisme qui menace de révéler une faille systémique : celle d’une impunité institutionnalisée, d’un entre-soi où le droit de correction, jadis toléré sous couvert de discipline, s’est transformé en sadisme pur.


Que dire d’un collège catholique qui n’a pas reçu la moindre inspection depuis trente ans ? Que penser d’un système qui, malgré les multiples alertes et les récits glaçants, a laissé ces violences perdurer sans jamais intervenir ? Ces établissements, souvent perçus comme des sanctuaires de rigueur et de savoir, ont trop longtemps fonctionné comme des citadelles impénétrables, où les adultes avaient tous les droits et où les élèves étaient réduits au silence, sous la menace ou la honte.


La question qui se pose aujourd’hui n’est pas seulement celle de la reconnaissance du passé, mais celle de la responsabilité du présent. Combien d’autres institutions, combien d’autres écoles, combien d’autres pensionnats abritent encore de telles dérives ? Les victimes de Bétharram, celles de Saint-Pierre du Relecq-Kerhuon, et toutes les autres, encore tues, ne demandent pas de compassion condescendante. Elles réclament justice. Elles exigent que cessent ces archaïsmes éducatifs où la souffrance des plus faibles est acceptée comme une méthode, voire une tradition.


Loin d’être un phénomène isolé, ces révélations doivent nous conduire à un examen de conscience collectif. À une refonte du contrôle des établissements, à un audit systématique des méthodes encore en place dans certaines structures qui se croient au-dessus des lois. Trop longtemps, l’Église et ses écoles ont bénéficié d’une forme de discrétion bienveillante, d’une autonomie qui a permis, dans certains cas, de masquer l’horreur.

Aujourd’hui, il ne s’agit plus seulement de parler, il s’agit d’agir. Les victimes ont ouvert la brèche, il revient désormais aux institutions de répondre avec la fermeté que l’on doit à de telles révélations. Le passé ne doit plus être un poids écrasant, mais un levier pour bâtir un avenir où plus jamais un enfant ne craindra d’aller à l’école.


Quelle honte ! L’Église, qui prétend prêcher l’amour et la justice, s’est une fois de plus rendue complice du pire en fermant les yeux sur ces violences abjectes. Comment oser parler d’éducation chrétienne quand tant d’enfants ont été brisés, humiliés, martyrisés au nom d’une prétendue discipline ? Moi qui ai cru en ces valeurs, qui ai été élevé dans la foi, je ne peux que vomir cette hypocrisie institutionnalisée. Loin du message de notre Seigneur Jésus, ces bourreaux en soutane ou en blouse ont foulé aux pieds la dignité humaine avec la bénédiction d’une hiérarchie aveugle et sourde. L’Église a perdu toute autorité morale à force de protéger les siens plutôt que les victimes. Il ne suffit plus de demander pardon du bout des lèvres, il faut rendre des comptes, faire la lumière sur chaque abus, chaque silence coupable. La foi, si elle doit survivre, ne peut plus être prisonnière de ces dogmes corrompus et de ces institutions vermoulues. Il est temps que justice passe, que l’impunité cesse, et que l’Église, si elle en est encore capable, retrouve un semblant d’âme.

Sources :

bottom of page