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HANDICAP

Des cris dans une île, Mayotte au Bord de l’Abîme

Page publiée le 21 décembre 2024

Face au cri silencieux de Mayotte, ravagée par l’ouragan Chido et accablée par un abandon systémique, cet article s’élève pour dénoncer l’aveuglement et l’inaction d’une nation qui, à force d’oublier ses marges, trahit ses idéaux les plus fondamentaux.

La désolation n’a pas de voix, mais aujourd’hui, elle porte le nom de « Mayotte ». Un îlot déshérité, marqué par l’oubli et la pauvreté endémique, gît désormais dans les ruines laissées par l’ouragan Chido. À l’aube de Noël, nous, métropolitains, éblouis par les lumières des centres commerciaux et des centres-villes, percevons à travers les images des médias un silence glacé, fait de larmes étouffées et de cris étranglés.


Comment comprendre l’aveuglement d’une nation, d’un système politique sclérosé par un seul homme, Emmanuel Macron, face à l’inéluctable ? Pourquoi cet ouragan, fruit du chaos climatique à peine masqué par des discours polis, a-t-il choisi cette île où la misère et l’injustice sont des règles silencieuses ? Mayotte, îlot dépourvu, archipel des oubliés, ne pouvait guère résister aux vents furieux ni aux vagues dévorantes.


Écœurement : c’est le mot qui me vient à l’esprit. Lorsqu’on revoit les promesses d’Emmanuel Macron, des vidéos d’archives où il promettait en 2019 des engagements solennels… des monts et merveilles aux Mahorais. Cinq ans après son allocution, tout semble sinistrement ironique… abject. Ces archives, ressorties par les médias, nous montrent un président machiavélique, habile calculateur pour clouer le bec à ses interlocuteurs, gagner du temps… se faire bien voir en consolidant son pouvoir. Il agit en fonction d’intérêts stratégiques et du culte de sa petite personne…


Ce silence de cinq ans est assourdissant. Il retourne sur place pour parader… sans scrupule, sans honte, avec une assurance provocante. L’éclat de son sourire contraste cruellement avec les visages marqués par ses promesses jetées au panier. Dans ce voyage, je perçois un malaise, une grande colère sourde que son sourire insolent ne parviendra pas à apaiser.


Aujourd’hui, face à la tension palpable des échanges avec les Mahorais, Emmanuel Macron laisse transparaître une rare perte de sang-froid. Ses mots, habilement mesurés, se durcissent tandis que son regard trahit une exaspération difficile à contenir. Il perd le contrôle. Pris dans l’urgence d’apaiser les frustrations locales… le président vacille. Son adrénaline tourne au vinaigre, rejetant de l’aigreur… révélateur. Sa fragilité, comme face aux gilets jaunes, est prise en flagrant délit… indigne d’un président. Quand on perd ses nerfs, on ne fait que raviver les braises de l’impopularité, au risque de transformer le mécontentement en rejet total. C’est fait ! Nous y sommes. À son retour en métropole, ses adversaires exploiteront ses failles. J’en suis sûre.


Quant au Premier ministre, à qui incombait d’être présent sans relâche à la cellule de crise de Mayotte, il préfère gérer les affaires courantes de sa bonne ville de Pau. Quel scandale ! Pendant ce temps, les Mahorais manquent de tout : nourriture, électricité, eau potable. La gestion de cette catastrophe expose un visage laid, une attitude dégoûtante d’une administration déconnectée des réalités humaines. La France, patrie des droits de l’homme, se découvre incapable d’accorder ces droits à ses citoyens de la périphérie.


Mais qu’importe, diront certains, car les morts à Mayotte se comptent dans les bidonvilles. Ces espaces de misère, érigés sur un sol déjà privé de dignité, sont devenus des tombes silencieuses des pauvres et des sans-noms. Les chiffres ? Personne ne les connaît vraiment. Mais il est certain que l’addition sera bien présente pour les misérables, pour ceux qui n’ont jamais eu d’autre richesse que leur foi en des lendemains hypothétiques.

Que dire de cette rhétorique éculée liant chaos et immigration ? L’archipel, ouvert aux vents comme il l’est aux flux humains, est devenu le terrain fertile d’une stigmatisation qui cache mal les incapacités du système. À Mayotte, l’État français ne maîtrise plus la question de l’immigration, laissant une situation explosive se perpétuer. La présence massive d’étrangers en situation irrégulière, perçue comme une invasion incontrôlée, exacerbe les tensions dans cet archipel sous forte pression démographique et sociale. Les conflits presque quotidiens prennent parfois des allures de guerre civile, souvent larvée de justesse. Un chaos que les élites de la métropole semblent ignorer ou minimiser. Cette cécité apparente alimente un sentiment d’abandon chez les Mahorais, pris entre des revendications identitaires et une réalité socio-culturelle intenable.


Mais attention ! Les étrangers irréguliers sont autant victimes que les Mahorais. Le véritable coupable, tapi dans l’ombre, n’est autre que cette machine déshumanisée que j’appelle d’un mot froid et glacial : l’État.

En tant que chrétien en dehors de l’Église mais attaché à son idéal, l’Évangile, je dénonce avec force ce qui se passe à Mayotte. Il n’y a rien de chrétien dans ce dédain des faibles. Notre Seigneur Jésus nous enseigne à relever ceux qui pleurent. Que font nos autorités politiques qui ne pensent qu’à leur siège ou leur poste ? Pathétique !


Mayotte n’est pas seulement une île dévastée ; elle est le miroir cruel de nos contradictions. Les vents qui l’ont déchirée sont les mêmes que nous, la France, avons laissés se lever, par nos actes et nos omissions. Et tant que l’État continuera de regarder ailleurs, ce chaos n’aura ni fin, ni consolation.


Il n’est jamais trop tard. Mais pour agir, il faudra plus que des mots creux : il faudra du courage, et en politique, c’est de plus en plus rare. Il faut une réforme d’âme nationale, une réparation à la hauteur des promesses trahies. Mayotte, à genoux, n’attend pas des miracles. Elle attend une justice que nous devons enfin lui rendre.


Didier Antoine

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