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HANDICAP

Logement et handicap, l’injustice d’un seuil infranchissable

Mardi 4 février 2025

Alors que le logement devrait être un droit fondamental pour tous, les personnes en situation de handicap font face à un parcours semé d’obstacles, entre précarité financière, absence de logements adaptés et indifférence institutionnelle. Condamnées à errer de solutions précaires en hébergements inaccessibles, elles restent trop souvent les oubliées d’une société qui ferme les yeux sur leur détresse.

Il est un passage de l’Évangile qui résonne avec une douloureuse acuité en notre temps : celui de Lazare et du riche. « Or, un pauvre nommé Lazare était couché devant le portail du riche ; il aurait bien voulu se rassasier de ce qui tombait de la table du riche… » (Luc 16, 19-31). Aujourd’hui encore, ils sont nombreux, ces Lazare de notre époque, laissés sur le seuil d’un monde qui ne leur fait pas place. Parmi eux, les personnes handicapées, pour qui l’accès au logement est un chemin semé d’embûches, un Golgotha de renoncements.


La lecture de l’article de Nathalie Birchem, publié dans La Croix, m’a profondément touché. Il met en lumière avec force et justesse une réalité trop souvent passée sous silence : être en situation de handicap, c’est affronter de plein fouet toutes les formes du mal-logement, en pire. Une double peine, où la précarité financière se conjugue avec l’inadaptation criante des logements, l’indifférence des bailleurs et l’insuffisance des structures spécialisées.


Comment peut-on accepter qu’en 2025, une personne handicapée, malgré une allocation destinée à garantir un minimum de dignité, se retrouve contrainte à errer de centre d’hébergement en abri de fortune, confrontée à des conditions indignes ? Comment peut-on tolérer qu’un bailleur, par simple crainte de contraintes ou de préjugés infondés, écarte systématiquement une demande de location dès lors qu’apparaît la mention d’un handicap ? Le logement, ce fondement de la stabilité humaine, devient pour ces personnes un combat épuisant où chaque porte semble se refermer avant même d’avoir été entrouverte.


Ceux qui devraient bénéficier d’une attention particulière, d’un cadre de vie adapté et d’une inclusion réelle sont, au contraire, confrontés à un mur d’indifférence. Comme Lazare devant la porte close du riche, les personnes handicapées se heurtent à des barrières invisibles mais infranchissables : des délais interminables pour accéder à un logement social, des aides financières insuffisantes pour adapter un domicile existant, des établissements spécialisés débordés et inaccessibles. Et derrière ces obstacles, c’est toute une société qui détourne les yeux, laissant ces citoyens de l’ombre s’épuiser dans une attente infinie, à la merci de solutions précaires et inadaptées.


Or, le Seigneur Jésus ne cesse de nous rappeler que ce ne sont pas les puissants de ce monde qui hériteront du Royaume, mais bien ceux que l’on relègue, ceux que l’on oublie. « Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous… Car j’étais étranger, et vous m’avez accueilli » (Matthieu 25, 34-35). Accueillir, c’est faire de la place à l’autre, c’est refuser que quiconque demeure sur le seuil, c’est ne pas se satisfaire d’un monde où certains dorment dehors faute d’un logement accessible.


L’accès au logement des personnes handicapées ne peut rester un vœu pieux. Il est un impératif de justice, un combat qui nous concerne tous. Car une société se juge à la manière dont elle traite les plus vulnérables. Et si nous voulons être fidèles à l’Évangile, alors nous devons, à notre mesure, ouvrir les portes, abattre les cloisons de l’indifférence, et bâtir, enfin, des maisons, des appartements où chacun, sans distinction, aura sa place.

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