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HANDICAP

L'agonie d'une politique sans âme

Page publiée le 14 janvier 2025

Cet après-midi, la France prête à peine attention au discours de politique générale du Premier ministre, François Bayrou. Les mots s’écoulent, mais personne ne les écoute vraiment.

À quoi bon ? Les Français ne croient plus à ces discours préfabriqués, à ces promesses creuses qui s’évanouissent avant même d’être prononcées. Ce n’est pas du scepticisme, c’est un abandon. La confiance s’est consumée dans un brasier de déceptions répétées.


Autrefois, la politique avait une noblesse : celle de donner un cap à la nation, de tisser un avenir collectif. Aujourd’hui, elle n’est plus qu’une machine rouillée, réduite à des équilibres d’appareil et à des logiques de survie. Les figures politiques sont devenues des silhouettes vides, des spectres qui récitent un texte que personne ne veut plus entendre. Ce n’est pas qu’elles manquent de talent ou de bonne volonté... quoiqu’il en soit, elles sont prisonnières d’un système qui ne permet plus ni audace ni vision. Elles ne gouvernent pas ; elles gèrent.


François Bayrou, comme tant d’autres avant lui, est confronté à une équation insoluble : comment restaurer la confiance quand plus personne n’y croit ? Ses paroles, qu’elles soient sincères ou calculées, sont condamnées à l’indifférence. Les Français n’attendent rien, car ils savent déjà qu’ils seront déçus. Ils ne voient dans les responsables politiques que des figures désincarnées, perdues dans les brumes d’un langage aseptisé, incapables de nommer les choses avec clarté, encore moins avec courage.


Et que dire de la réforme des retraites ? Quelle mascarade ! Un coup on suspend, un coup on ne suspend plus, mais on promet de redialoguer pendant trois mois... mais de qui se moque-t-on ? Cette politique de tergiversations et de petits arrangements avec le réel finit par épuiser ceux qu’elle prétend servir. Les citoyens, lassés par ces revirements et ces promesses vides, voient bien que ce théâtre ne sert qu’à gagner du temps, jamais à répondre à leurs véritables préoccupations.


Il y a pourtant des Français qui ont voté aux dernières législatives, convoquées après la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron. Beaucoup d’entre eux n’avaient plus voté depuis des années, parfois vingt ans. Ils y ont cru, ou du moins ont espéré qu’en exprimant leur voix, quelque chose changerait enfin. Mais ils ne se sentent pas entendus. Ces citoyens, sortis de leur retrait civique, sont les grands cocus de cette mascarade politique. Et pour ajouter l’insulte à l’injure, les résultats de ces élections ont été accompagnés par une déclaration de Brigitte Macron, affirmant que « les Français ne méritaient pas son mari ». Une remarque qui résonne comme un cruel mépris et scelle une fracture déjà béante entre le peuple et ses élites.


Cette situation n’a rien d’un simple accident. Elle est le symptôme d’une décadence profonde, d’une incapacité chronique à réconcilier le discours politique avec la réalité. La fracture est définitive : les Français et leurs élus ne parlent plus la même langue. Les uns vivent des souffrances tangibles, des difficultés quotidiennes ; les autres évoluent dans une sphère d’abstractions où tout n’est que statistiques et stratégies.


Face à cela, le pessimisme n’est pas une simple posture, mais une lucide nécessité. Pourquoi croire encore à des idéaux qui ont été trahis tant de fois ? Pourquoi attendre un sursaut quand tout indique que le système est trop verrouillé pour changer ? La politique, jadis épopée collective, est devenue une farce tragique. Et nous, spectateurs impuissants, observons ce naufrage avec un étrange mélange de colère et de lassitude.


François Bayrou n’est pas à blâmer en tant qu’individu. Il incarne simplement une époque où le pouvoir est vide de substance. Ses mots, quels qu’ils soient, se perdront dans le vent. Car finalement, faut-il prendre les Français pour des canards sauvages ? En votant, voulaient-ils vraiment que le président choisisse Michel Barnier ou François Bayrou comme Premier ministre ? Il ne faut pas prendre les électeurs pour des imbéciles. Il n’y aura pas de miracle, car il n’y a plus de foi. Les Français, pour la plupart, se sont retirés. Ils se replient sur leurs vies, sur leurs luttes individuelles, désertant un espace public qui ne les représente plus.


Peut-être reste-t-il une lueur d’espoir quelque part, mais elle ne viendra pas de ce système à bout de souffle. Elle naîtra, si elle doit naître, de ceux qui auront le courage de tout recommencer à zéro, de sortir des cadres étriqués pour réinventer une véritable politique. En attendant, nous ne pouvons qu’assister, impuissants, à l’agonie d’un monde qui a oublié ce que signifiait vraiment gouverner.

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