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HANDICAP

L’appel intérieur, mon chemin spirituel en quête de lumière

Publiée le 23 novembre 2024

Chercher Dieu est une aventure profonde, une quête de sens qui s’inscrit au cœur de l’existence humaine, au-delà des dogmes et des frontières institutionnelles. À travers ce témoignage personnel, je souhaite partager mon cheminement spirituel, celui d’un catholique libertaire qui, dans les épreuves comme dans les instants de grâce, a découvert une foi vivante et libératrice.

Chercher Dieu est pour moi une aventure existentielle, un élan profond inscrit au cœur de mon être. Ce n’est pas le fruit du hasard, mais une réponse à un appel intérieur, une aspiration à trouver un sens qui dépasse les limites de l’existence. Dans les blessures de ma vie, marquées par des épreuves intimes et des doutes, j’ai découvert que mon chemin s’éclaire en m’adressant à Dieu. À travers ces propos, je veux simplement partager avec vous ma quête personnelle, vécue au début comme celle d’un novice et aujourd’hui, alors que la vie avance lentement vers sa fin, ce que j’ai perçu de mon existence, comme un catholique libertaire qui refuse tout enfermement... tout en restant ancré dans une foi vivante et sincère.


Un appel fondamental qui m'habite

Depuis mon adolescence, j’ai ressenti ce besoin profond de me tourner vers quelque chose de plus grand que moi, comme une force intérieure qui m’appelait à chercher un sens à ma vie. Ce sentiment s’est manifesté avec une intensité particulière dans les moments les plus sombres de mon existence. Ma mère, souffrant d’alcoolisme à la suite d’une dépression provoquée par son divorce, rendait la vie impossible à mon petit frère et à moi. Nous avions du mal à gérer cette situation, et pour ma part, j’avais l’impression que le monde m’abandonnait… Même auprès de mes amis, j’éprouvais de la honte. Mes blessures, je les gardais enfouies en moi… Elles me faisaient terriblement mal. Le soir, avant de me coucher, ou en pleine nuit lorsque je promenais mon chien, je m’asseyais toujours au même endroit, sur un petit muret. Seul dans mon quartier, je levais les yeux vers le ciel et je lançais un appel avec une intensité particulière.


Cet appel n’était ni une illusion ni une fuite, mais une demande adressée à une réalité inscrite en moi. Et soudain, je disais : « Peux-tu faire quelque chose pour moi et mon petit frère ? » (J’avais seize ans, et mon petit frère en avait huit.) Cette demande exprimait un besoin profond et fondamental, et je crois que ce phénomène se retrouve dans beaucoup d’âmes humaines. Dans mon intériorité, je cherchais Dieu, c’est ainsi que je le nommais. Après un certain temps, cette quête n’était plus seulement motivée par un besoin vital, mais aussi par l’envie d’explorer l’inconnu et de me laisser transformer par cette démarche. Ce cheminement a duré près de deux ans, sans que je ne perde espoir, et il m’a révélé une chose essentielle : dans ma quête de sens pour échapper à une vie sombre, j’ai découvert qu’il s’agissait avant tout de me retrouver moi-même, transformé par cette humble demande.


Trouver un sens à ma vie, vivre par Dieu et pour Dieu

Chercher Dieu tout au long de mon existence a profondément transformé ma vie. Ce n’est pas une quête personnelle, mais un chemin vers une relation intime avec Celui qui EST, qui dépasse mes limites et mes doutes. J’ai compris que ma raison d’être ne réside ni dans mes ambitions personnelles ni dans les attentes que les autres projettent pour moi, mais dans cette communion avec Dieu, dans le fait de vivre pour Lui et en Lui.  Lorsqu’on n’a jamais reçu d’éducation religieuse (comme le catéchisme), il est surprenant de sentir une force inconnue naître en soi, une force qui nous pousse à lever les yeux vers le ciel dans les moments les plus terribles de son existence. On commence par murmurer dans un souffle, presque comme un appel au vide, et pourtant une réponse subtile semble parfois surgir, imperceptible mais réelle. Les nuits deviennent des espaces de dialogue intérieur où les silences trouvent un écho dans quelque chose de plus grand, quelque chose qu’on ne nomme pas encore. Peu à peu, les mots prennent forme, une adresse plus claire, et ce « vous » flou devient « Dieu », puis « toi, mon Dieu »… Cela devient naturellement une évidence. 


Soyons clairs : ce n’était pas, pour moi, une révélation soudaine ni un phénomène surnaturel qui bouleverse tout en un instant, comme on l’entend parfois dans les témoignages spectaculaires lors de grands rassemblements des communautés nouvelles dites « charismatiques ». Non, c’est dans la simplicité des moments suspendus que cette rencontre avec Dieu s’est tissée ainsi.  C’est au bord d’un muret, assis chaque soir, perdu dans mes pensées, que j’ai commencé à faire connaissance avec Dieu. C’est un dialogue qui s’est initié presque timidement, comme je l’ai dit, sans éclats de voix ni miracle spectaculaire. Les questions se mêlaient aux silences… Un lien subtil prenait vie. Dieu ne s’est pas montré dans une majesté écrasante, mais dans l’humble évidence d’une présence qui se laissait approcher simplement. Dieu n’est ni si lointain ni imposant, mais proche… une chaleur douce qui ne brûle pas. 


Au fil des jours, je me surprends à voir des signes dans l’ordinaire, à entendre une réponse dans le murmure du vent ou tout simplement dans la sérénité d’un moment. Ce n’est pas un savoir acquis, mais une sensation grandissante et pénétrante, comme si une vérité intérieure se révélait en moi par fragments. Dieu n’est pas une idée abstraite, mais une relation qui s’écrit à deux. Il ne s’impose pas. Il attend, patient, que je lui ouvre la porte de ma conscience. Et dans cette longue découverte, je comprends que ce n’est pas seulement moi qui le nomme, mais que lui aussi m’appelle, doucement, sans insistance. Ainsi, le dialogue naissant devient une intimité profonde avec Dieu, une marche silencieuse à deux où les certitudes ne sont pas imposées mais murmurées. Et à chaque pas, la présence de Dieu se fait plus intime, plus évidente, comme une vérité que l’on n’a jamais tout à fait oubliée, mais qu’il fallait redécouvrir jour après jour.


Cheminer avec Dieu, vers une vie réinventée

La perspective change, comme si un voile tombait, dévoilant des chemins invisibles, et chaque pas semble accompagné d’une lumière douce et persistante. Dans les rencontres qui jalonnent ma vie, je vois un signe… une providence discrète qui place les bonnes personnes sur mon chemin au bon moment. Je découvre alors une joie inattendue, celle de ne plus me sentir seul, même dans les instants les plus sombres.  Parler à Dieu devient pour moi naturel, comme respirer : un geste essentiel qui réconforte et nourrit mon âme. Abandonner cette relation m’est impensable, car elle est devenue la racine même de ma vie, le socle de cette nouvelle manière d’être au monde. Je découvre cette paix, jour après jour, dans la prière silencieuse, dans la méditation des Écritures et dans ces gestes d’amour que je peux offrir à ceux qui m’entourent. Ces gestes, bien qu’humbles, prennent une profondeur nouvelle quand je les fais pour Dieu, avec Dieu. Ainsi, je ne cherche plus un but ni une réponse, mais une transformation intérieure qui donne à chaque instant de ma vie une signification éternelle.


Dieu est une présence bienveillante, déconstruire des idées reçues

Je n’ai jamais cru aux idées reçues et transmises de génération en génération, des croyances teintées de peur et de culpabilité. Pendant des siècles, la transmission a montré au peuple que Dieu était une entité surveillant scrupuleusement nos faits et gestes, prête à sévir à nos moindres faux-pas. Ces idées profondément enracinées dans une mémoire collective ont été transmises par les femmes croyantes de mon entourage, par mes grands-mères elles-mêmes marquées par des récits de leurs propres parents. Mais aujourd’hui, je ressens une nécessité impérieuse de déconstruire ces préjugés. 


D’après ce que j’ai vécu de cette approche avec Dieu, je refuse de croire en un Dieu comme un juge sévère ou comme étant à l’origine de mes souffrances pour que je puisse me tourner vers Lui. Non ! Dieu n’est pas à l’origine des catastrophes naturelles détruisant des habitations, des récoltes, ni des pandémies entraînant des ravages et des massacres. Ces drames, aussi cruels soient-ils, ne sont pas des « leçons » divines destinées à nous corriger. Il est désormais évident que Dieu n’inflige pas d’épreuves pour nous punir ou nous enseigner quelque chose à travers la douleur des femmes et des hommes. 


Pour moi, Dieu est plus grand que tout, bien plus veillant, aimant… Celui qui veut le bien de chaque homme, chaque femme, chaque enfant sans exception. Je perçois sa présence comme une force discrète mais bienveillante. Un souffle d’amour qui accompagne chacun de mes pas. Il ne cherche surtout pas à me condamner, mais à me soutenir, à m’aider à avancer… même dans les moments d’incertitudes et de fragilités. 


Aujourd’hui, je choisis de transmettre une autre image de Dieu, une image d’amour et d’espoir, car je crois profondément qu’il est toujours là, non pas pour me surveiller, mais pour m’encourager à grandir et à vivre simplement et pleinement ma vie d’homme. 


La liberté dans la foi, un chemin d’un catholique libertaire

Dans cette démarche, j’ai ressenti profondément l’importance de la liberté. Personne n’a pu m’entraîner durant toute ma vie dans un mouvement institutionnel de l’Église catholique. Personne n’a pu m’attirer dans des communautés nouvelles. Dieu était dans ma vie, et cela me suffisait. Cependant, j’ai découvert à travers les Évangiles ce Dieu qui s’est fait homme pour épouser notre humanité en envoyant son Fils unique, notre Seigneur Jésus. J’ai intégré une communauté paroissiale avec des religieux de la Mission Saints Pierre et Paul, fondée par Jacques Loew, grande figure de l’Église de France. Avec eux, j’ai pu recevoir l’essentiel : la Bonne Nouvelle de notre Seigneur Jésus. Après avoir déménagé, je n’ai jamais pu m’intégrer dans une autre paroisse… Trop de clivages, trop de chasses gardées, de pouvoir acharné. Être catholique libertaire, je l’ai souvent expliqué, ne signifie pas m’enfermer dans un carcan rigide ou me soumettre aveuglément à des règles extérieures. Au contraire, ma foi est une expression de ma liberté intérieure. Elle m’invite à chercher la vérité, à dialoguer avec Dieu et à vivre en cohérence avec mes convictions profondes.


En tant que catholique libertaire, je refuse de réduire ma relation avec Dieu à une pratique formelle ou à une obéissance jouant sur la peur… manipulant les plus faibles et les plus fragiles. Ma relation avec Dieu est fondée sur l’amour. La liberté et la foi sont pour moi une richesse, un chemin où je me découvre chaque jour davantage.


Dans cette relation avec Dieu, au fil de mes recherches, j’ai découvert des fruits précieux : une paix intérieure et une espérance qui transcendent les épreuves. Cette paix n’est malheureusement pas l’absence de difficultés, mais une certitude que ma vie a un sens… même dans une petite situation insignifiante que j’ai rencontrée, que j’ai oubliée, qui a pu transformer la vie d’une autre personne. Cette paix est nourrie par la confiance que Dieu est toujours présent, qu’il ne m’abandonne jamais. L’espérance prend le dessus sur la peur ou la crainte de Dieu… la lumière prend le dessus sur les ténèbres. L’espérance me pousse à avancer, à croire que chaque jour est une nouvelle occasion de se rapprocher de Lui. Même lorsque tout semble perdu, je sais que Dieu ouvre des chemins où il n’y en avait pas.


Message à ceux qui se tiennent à distance de l’Eglise catholique

À vous qui avez pris de la distance vis-à-vis de l’Église catholique pour des raisons qui vous appartiennent… sachez que je comprends vos doutes, vos blessures et parfois votre colère. Peut-être avez-vous été déçus par une institution qui a semblé vous juger plutôt que de vous accueillir, ou par des comportements qui ont trahi les idéaux qu’elle prétend défendre. Peut-être avez-vous ressenti une distance entre les messages proclamés et les réalités vécues. Mais permettez moi de vous dire que l’Église n’est pas un lieu parfait, car elle est composée d’hommes et de femmes faillibles, comme vous et moi. Certains sont des fidèles remarquables, prêts à aider leur prochain, à donner leur vie, même parmi les prêtres, religieux et religieuses… D’autres sont avides de pouvoir, prêts à écarter leur propre frère ou leur propre sœur pour prendre leur place… D’autres encore sont prêts à rejeter et à proférer des calomnies sur l’autre, fragile (c’est plus commode), pour sauver leur peau dans une institution qui les nourrit. Sans oublier le silence sur les abus de tout genre.

 

Ne vous privez jamais de votre rencontre avec Dieu sous prétexte que certains de ses serviteurs ont failli. Dieu ne se limite pas à des structures ou des rites. Il est présent en vous et vous attend dans l’intimité de votre cœur. Dieu vous invite avec humilité à redécouvrir la foi… Non par superstition, mais comme une source de liberté, de consolation et de lumière dans votre vie.

Et à vous, jeune génération si souvent décrite comme désengagée ou éloignée de la spiritualité, je vous dis ceci : Votre quête de sens, comme la mienne jadis, est précieuse. Votre désir d’authenticité est légitime. Ne laissez personne vous dire que la foi est dépassée… Au contraire, elle peut transformer votre existence. Chercher Dieu ne signifie pas renoncer à votre modernité ou à votre individualité. Cela signifie tout simplement oser se poser cette question : Qui suis-je ? Pourquoi suis-je ici, sur cette terre ? Quelle est ma direction ? Et dans ces interrogations, vous découvrirez peut-être, comme moi, que Dieu est une réponse lumineuse, une présence qui donne un sens profond à votre existence.

 

À tous ceux qui ont été blessés ou qui sont en recherche, ouvrez votre cœur à Dieu, même dans le silence de votre chambre… Dans vos doutes, des choses se passeront. Adressez une parole à Dieu, qui est là ! Il vous connaît et vous aime, car la foi n’est pas un poids, ni une contrainte, mais une rencontre vivante avec l’amour et la vérité. Et cette rencontre, je vous la souhaite de tout cœur.


Didier Antoine


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