
Journal d'un catholique libertaire
Qui a pris ses distances vis à vis de l'Eglise, de sa hiérarchie et de son pouvoir
HANDICAP
22 décembre 2014 : Les maladies de la curie.
Mai 2025, une dose de rappel
2 mai 2025

Dans l’attente d’un nouveau souffle pour l’Église, les regards se tournent vers Rome, entre espoirs de renouveau et craintes d’immobilisme. Au-delà des querelles de courants, c’est la voix des oubliés qui attend d’être enfin entendue.
Il y a des jours où je me demande si l’Église ne devrait pas tout simplement faire une mise à jour du système, comme on le fait avec nos logiciels.Avant le début du conclave prévu le 7 mai 2025, soyons honnêtes : depuis que j’ai décroché de l’Église institutionnelle, sans renier mon Seigneur Jésus… celui qui m’aime avec mes contradictions .., j’observe, depuis la mort du pape François, tous ces commentaires sur les sujets qui fâchent : progressisme… conservatisme… finances du Vatican… intrigues de la curie romaine… le peuple qui se fait une idée sur le conclave avec certains films, dont le dernier en date : Conclave, justement, d’Edward Berger, avec l’excellent Ralph Fiennes dans le rôle du cardinal Lawrence, qui dirige le conclave… Stanley Tucci dans le rôle du cardinal Bellini, plus progressiste que lui, tu meurs, selon la formule. Sans oublier Isabella Rossellini dans le rôle de sœur Agnès, qui dirige la météo dans l’enceinte, les vents et les marées.
Entre les progressistes qui veulent la continuité du pape François et les conservateurs qui s’accrochent au passé, en s’appropriant précieusement la notion du « Sacré », chacun prépare son gilet de sauvetage. Moi, j’observe, perplexe et avec un brin d’amusement, ces querelles stériles, aux airs de bataille liturgique. Chacun croit tenir la bonne orientation… Et pendant ce temps, des femmes, des hommes, des enfants s’écroulent dans l’indifférence la plus complète. Ce petit monde qui débat sur la forme du gouvernail, pendant que notre Seigneur Jésus, après la Résurrection, est sur le bord de la rive en train de griller du poisson, disant (libre adaptation de ma part) : « Vous venez manger ou voulez-vous continuer à vous chamailler ? »
C’est toujours la même rengaine. Pour moi, catholique libertaire qui ai pris mes distances avec l’Église, le problème n’est pas de savoir qui portera la soutane blanche, c’est de savoir qui osera la salir un peu en allant toucher les plaies du monde.Qui aura le courage de préférer les brebis perdues, de descendre du trône pour s’asseoir sur un banc d’une gare, dans un EHPAD, à côté des enfants que l’on exploite, d’écouter les cris des oubliés que l’Église a rejetés, plutôt que les chuchotements des salons de la curie ? Ce n’est pas un chef qu’il nous faut, c’est un témoin… Ce n’est pas un gestionnaire d’un courant, mais un frère au chevet de ses frères et de ses sœurs en souffrance.
Comme ce fameux 22 décembre 2014, parlons-en, quand le pape François a sorti sa trousse de médecin-chef et diagnostiqué la curie avec une franchise qui aurait fait rougir un praticien habitué aux causes désespérées. Ce jour-là, au moment de ses vœux de Noël, le pape a pronostiqué quinze maladies qui rongent non seulement la curie romaine, mais tous les responsables de l’Église catholique. On n’en parle plus. C’est curieux ! Pourtant, le résultat des analyses fut un détonateur redoutable dont les secousses ont resonnées dans tous les couloirs du Vatican.
Le pape François parlait d’« Alzheimer spirituel », de « schizophrénie existentielle », rien que ça ! mais aussi d’autres maladies telles que :
« se sentir immortel »
« le Marthalisme »
« la pétrification mentale et spirituelle »
« la planification excessive et le fonctionnarisme »
« la mauvaise coordination »
« la rivalité et la vanité »
« le bavardage, le murmure et le commérage »
« la division des chefs »
« l’indifférence envers les autres »
« le visage funèbre »
« l’accumulation »
« les cercles fermés »
« le profit mondain ».
C’est grave, docteur ?
Onze ans plus tard, qu’en est-il du suivi de ces maladies ? Y a-t-il eu des traitements, des vaccins ? La curie romaine est-elle toujours malade, les responsables de l’Église aussi ? Personne n’en reparle dans les médias… curieux silence… sujet qui fâche. Et surtout, grande question d’actualité : les nouveaux qui ont été créés cardinaux depuis cette flagration ont-ils été vaccinés, soignés, guéris ? Y a-t-il eu un antidote ?
Soyons sérieux deux minutes : il semble que le traitement choisi par François ait été essentiellement spirituel : pas d’antibiotiques chimiques, mais des perfusions massives de prière, des cures intensives d’humilité, et des électrochocs réguliers de rappel à l’Évangile.C’était le pontificat du pape François.
Les questions qui demeurent en moi : l’humilité a-t-elle été administrée ? La révolution du palais a-t-elle eu un bon cataplasme ? Y a-t-il eu des guérisons miraculeuses ?Y aura-t-il une nouvelle vague ?
Alors, avant le 7 mai, amis fidèles, ne craignez rien : les cardinaux sont à l’œuvre. Les ordonnances sont prêtes. Soyons lucides : une petite rechute, un accès soudain de planification excessive, ou un éternuement de carriérisme ne sont jamais totalement exclus. Après tout, ce sont des hommes. Pas encore des saints. Mais avec un traitement suivi, quelques doses de miséricorde, et beaucoup de patience… ils finiront peut-être par obtenir la guérison de l’Église. En attendant, prions. Et sourions : Dieu, Lui, n’a jamais manqué d’humour.
(1) lien du site du Vatican sur les quinze maladies.
Didier Antoine REY
Catholique libertaire insignifiant