
Journal d'un catholique libertaire
Qui a pris ses distances vis à vis de l'Eglise, de sa hiérarchie et de son pouvoir
« Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. » (Marc 9, 35)
Gardons le foi !
Paragraphes 3 et 4

La spiritualité à travers la nature ; Le pardon
La spiritualité à travers la nature
3. La méditation de pleine conscience à la lumière de l’Évangile est une pratique extraordinaire pour garder notre foi dans notre sphère privée, chez soi ou en pleine nature. Qui dit « méditation en pleine nature » attire bien évidemment les foudres des défenseurs du sacré dans les édifices et les sanctuaires. Mais le sacré se trouve aussi chez soi et surtout dans la nature… « le sacré de la création ». En pleine nature, notre esprit trouve un espace de liberté… loin des distractions et du rythme effréné de la vie quotidienne… des agitations de la ville… des obligations sociales et familiales… de tous les tumultes qui nous entourent justement dans les édifices. Les foules ne nous apaisent pas. Nous avons besoin que notre esprit se repose du brouhaha des assemblées… même parfois des rites, pour mieux entendre la voix intérieure, celle de l'Esprit qui murmure dans le silence de chacun d’entre nous.
Dans ce silence naît naturellement une paix intérieure qui nous guide… ce que nous ne retrouvons pas dans les assemblées ou tout simplement à la messe du dimanche. Méditer dans un environnement naturel nous permet non seulement de nous détendre, mais aussi d’ouvrir notre esprit et notre cœur… de lâcher prise. C’est une quête spirituelle plus intime, plus profonde, et plus proche de la présence de Dieu. En observant la beauté des éléments naturels, en écoutant la nature, car elle est loin d’être silencieuse : le bruit du vent, le chant des oiseaux, le murmure d’un ruisseau, le frémissement des feuilles, le battement des flots, le craquement des branches sous les pas, nous sommes amenés à ressentir une connexion intime, parfaite avec le monde vivant… dans chaque forêt… au bord de chaque ruisseau… au bord d’un lac… au bord de la mer, dans un jardin silencieux, ou tout simplement au fond de son jardin dès l’aube. Certains trouvent également une grande sérénité en méditant dans des lieux de passage comme les parcs urbains, les cloîtres anciens, les abbayes ouvertes au public dont l’environnement est justement préservé. Il n’y a pas plus sacré que la nature. Qui peut dire le contraire ?
La méditation en extérieur, c’est laisser son esprit communier avec le vivant… une présence profonde… une offrande silencieuse au mystère de la création… de la présence de Dieu dans la création. Marcher en pleine nature quand le temps le permet… se poser… prendre un temps pour Dieu. Chaque moment passé à méditer dans la nature devient une prière silencieuse, un acte de gratitude envers notre Père. Chaque moment passé à lire l'Évangile devient une rencontre intime avec la Parole vivante, une lumière qui éclaire notre âme et guide nos pas sur le chemin de la vérité.
Méditer le dimanche en silence, à l’heure de la messe, chez soi ou à l’extérieur… lire un passage de l’Évangile est une démarche spirituelle profonde, un acte d’union intérieure avec Dieu et son Fils, notre Seigneur Jésus… C’est une manière de sanctifier le temps et l’espace en accueillant la Parole dans le silence de notre cœur et de notre esprit. Le Seigneur Jésus avait l’habitude de se retirer dans les montagnes… dans les jardins… dans les déserts, des lieux isolés pour retrouver la paix intérieure. Il en avait besoin pour sa mission. L’Évangile de Luc, au chapitre 5, verset 16, nous dit : « Jésus se tenait retiré dans le désert pour prier. » C’était après la multiplication des pains, où Jésus avait nourri cinq mille hommes… et il les renvoyait chez eux… sûrement dans un brouhaha. Cela est confirmé dans l’Évangile de Matthieu, au chapitre 14, verset 23, où il est écrit : « Quand Jésus eut renvoyé la foule, il gravit la montagne, à l’écart, pour prier. » Ces passages nous montrent comment notre Seigneur Jésus, en se retirant auprès des éléments de la nature, cherchait à se reconnecter intérieurement, à poursuivre sans cesse une relation intense et intime avec son Père, et à trouver la force pour poursuivre sa mission. La nature lui offrait un espace privilégié pour la contemplation et la prière. Un lieu propice à la paix intérieure.
Bien que certains se sentent en rupture avec l’Église, il est important pour beaucoup de maintenir un lien social et spirituel. On peut vivre sa foi chez soi, dans sa sphère privée… lire chaque jour un passage de l’Évangile, méditer tout en restant ouvert aux autres, à notre famille, à nos amis que l’on ne doit pas négliger… qui sont sûrement notre priorité. On peut aussi partager un passage de l’Évangile entre amis… créer des groupes d’échange, mais cela doit se faire en toute liberté, sans s’accaparer un pouvoir. Il est possible de vivre sa foi avec d’autres, dans un esprit de soutien et de compréhension mutuelle, sans forcément intégrer une paroisse ou une structure institutionnelle. L’essentiel est de cultiver une foi vivante, ancrée dans l’écoute, le respect et le partage sincère, là où chacun se sent libre et accueilli.
Si certains décident de se rencontrer autour de l’Évangile en dehors de l’Église par n’importe quel moyen de communication, pour que ces groupes puissent prospérer et rester fidèles à leur intention première, celle du partage mutuel, l’absence de hiérarchie est essentielle. Dès qu’une hiérarchie s’installe, même subtilement, le risque est que le groupe se rigidifie, que des dynamiques de pouvoir émergent ou que certains membres se sentent moins libres de partager leur questionnement ou leurs expériences.
Un groupe sans hiérarchie permet à chaque voix d’être entendue de manière égale et encourage une ambiance où la confiance et le respect mutuel sont au centre. Cela renforce l’idée que chaque personne, quel que soit son parcours spirituel ou son expérience de foi, a une valeur et une perspective précieuses à apporter. Dans un tel contexte, les membres peuvent se soutenir et grandir ensemble sans se soucier de leur statut ou de leurs connaissances religieuses. Chacun avance à son rythme, enrichi par l’écoute des autres et libre d’exprimer ses doutes, ses découvertes ou ses convictions. Ce type de cadre favorise une foi vécue de manière authentique, enracinée dans le partage et la simplicité.
Pour cela, il peut être utile d’établir des principes de fonctionnement qui mettent en avant l’égalité et l’autonomie de chacun, en précisant que chaque personne a une place d’égale importance dans les échanges et les décisions. Cela favorise un environnement où le partage est véritablement libre, ouvert… aligné avec les valeurs de respect et d’écoute réciproque. Ces principes permettent d’éviter les dynamiques de pouvoir ou de domination, et encouragent la coresponsabilité dans la vie du groupe. Ainsi, chacun peut contribuer selon ses élans, ses dons et sa disponibilité, dans un climat de confiance et de bienveillance.
LE PARDON
4. Pour ceux qui ont été blessés par l’institution ou par des expériences négatives dans un cadre religieux, un cheminement de pardon et de guérison peut être essentiel. Le pardon, bien qu’il soit difficile à accorder, permet de se libérer de sentiments négatifs et de retrouver une paix intérieure. C’est un processus long, selon les personnes, qui demande souvent du temps, de l’introspection et parfois un accompagnement bienveillant… pas forcément un prêtre. Il ne s’agit pas d’oublier ou de minimiser la douleur vécue, mais plutôt de choisir de ne plus laisser cette souffrance gouverner sa vie. La guérison peut passer aussi par des rencontres, des échanges sincères, ou encore par la redécouverte d’une spiritualité personnelle, libre des contraintes qui ont pu autrefois blesser. En suivant l’exemple de notre Seigneur Jésus, qui prêchait la réconciliation et l’amour, il est possible de trouver la force de surmonter les blessures passées pour aller de l’avant dans une foi renouvelée et apaisée. En tant que catholique libertaire, il est nécessaire de dire cela avec honnêteté et humilité : l’Église, en tant qu’institution humaine, n’est pas exempte d’erreurs ni de fautes, et reconnaître ces blessures fait partie du témoignage authentique de foi. Refuser de voir ou de nommer ces souffrances serait trahir l’Évangile lui-même, qui appelle à la vérité, à la justice et à la miséricorde. C’est précisément dans cette tension entre fidélité à l’Évangile et lucidité critique vis-à-vis de l’institution que s’inscrit notre engagement. Car c’est dans la liberté de conscience, nourrie par l’amour du Seigneur Jésus, que peut éclore une foi vivante, réconciliée avec elle-même et avec les autres.
Cependant, face à une blessure si profonde, le pardon semble inaccessible. Il est important de reconnaître ses limites et de ne pas se culpabiliser. Il est essentiel de reconnaître que notre capacité humaine atteint ses bornes. Lorsque la trahison atteint des dimensions qui touchent l’intégrité de l’âme… la vulnérabilité du corps, surtout celle d’un enfant… principalement d’un enfant qui, adulte, ne pourra pas pardonner, car sa vie a été construite sur des ruines. Un enfant ne comprend pas pourquoi on lui a infligé cela. Adulte, il porte encore les éclats de cette incompréhension, cette violence inscrite dans sa chair et sa mémoire. Il avance avec une douleur que le temps ne suffit pas à effacer, avec une vie construite sur des ruines, souvent sans repères, sans sécurité intérieure. Pardonner devient alors non seulement impensable, mais presque une trahison de soi, comme s’il fallait nier l’ampleur du mal subi pour pouvoir « passer à autre chose ». Dans ces cas-là, il est essentiel de dire qu’on a le droit de ne pas pardonner. Que le refus de pardonner peut être une forme de survie, de fidélité à l’enfant que l’on a été, et qu’aucune foi authentique ne devrait forcer ce choix. Le chemin de guérison, s’il existe, ne passe pas toujours par le pardon, mais par la reconnaissance, la justice, et parfois simplement par le droit de crier sa douleur sans être réduit au silence. Certains ont essayé, beaucoup ont échoué. Je le dis souvent : le pardon, c’est comme du paracétamol, ça soulage un temps, mais la douleur revient très vite. Le pardon peut apaiser momentanément, donner l’illusion d’un soulagement, mais il ne guérit pas à la racine de la douleur. Il agit en surface sur les symptômes, mais pas sur les blessures les plus profondes, celles qui continuent dans un corps et un esprit en lambeaux. Pour certains, surtout quand le traumatisme est intime… quand il a incendié l’intérieur du corps, le pardon peut être dangereux, car rien n’a été réparé… ni le corps, ni l’âme.
Quand la souffrance est due à des violences sexuelles, corporelles ou psychologiques, le corps des femmes souillées – et même des hommes – porte la mémoire de l’injustice subie, une blessure invisible mais profonde qui marque aussi l’âme. Ces violences défigurent la dignité, brisent l’estime de soi et peuvent engendrer un long combat intérieur pour retrouver la paix, la confiance et la valeur que nul ne devrait perdre. Dans une omerta ecclésiale, c’est quasi impossible de pardonner cette double peine. L’antidépresseur prend la place… le pardon est anesthésié, parfois pendant toute une vie. La confession, en tant que pratique spirituelle, semble vide… inutile. Elle donne l’impression d’un rite sans impact réel… d’un geste qui effleure l’âme sans jamais l’atteindre.
Il ne reste qu’une seule solution : confier à Dieu le pardon. Ce n’est plus mon affaire, c’est celle de Dieu. Dieu connaît mieux que quiconque ma souffrance. Le fait de s’en remettre à lui, en tant que Père de tout l’univers, en reconnaissant notre incapacité humaine à tout réparer nous-mêmes, nous permet d’avancer sans nous enfermer dans la douleur.
En demandant à Dieu d’apporter une guérison là où nous sommes, là où nous nous sentons impuissants, nous nous ouvrons à la possibilité d’une réconciliation intérieure… non pas par nos propres forces, que nous n’avons plus, mais par la présence divine qui nous accompagne dans nos faiblesses. C’est en abandonnant notre fardeau entre les mains de Dieu que peut commencer un processus de paix… même si ce pardon prend les formes que nous n’aurions jamais imaginées.
Conclusion
Bien que de nombreux catholiques se sentent parfois éloignés de l’Église institutionnelle, cet ouvrage prouve que l’on peut vivre notre foi chrétienne, dense et authentique, dans notre sphère privée. Une foi profonde et pleine de sens. Notre foi chrétienne est avant tout une relation personnelle avec Dieu. Elle ne se limite pas aux structures, aux rites ou aux dogmes. Elle est une quête de sens et d’engagement vers les valeurs prônées par le Seigneur Jésus. En explorant cette nouvelle façon de vivre… nous rechercherons les moyens d’incarner pleinement les enseignements de notre Seigneur Jésus dans notre quotidien… en dépit des doutes, des blessures ou de la distance vis-à-vis de l’institution. Cet ouvrage invite chaque croyant à réinventer sa spiritualité pour que la foi demeure une source de paix et d’espérance dans un monde en perpétuelle transformation.
Cet ouvrage que vous vous apprêtez à lire trouvera un écho profond dans votre vie quotidienne. Il ne s’agit pas simplement d’un livre de plus sur la spiritualité, mais d’un véritable compagnon de route pour toutes celles et tous ceux qui ressentent le besoin d’un lien authentique avec le sacré, en dehors des cadres traditionnels. Contrairement aux idées reçues, de nombreuses personnes aspirent aujourd’hui à une dimension spirituelle plus libre, plus intime, souvent en marge des rassemblements religieux formels.
Ce livre s’adresse à vous, qui éprouvez une forme de lassitude, voire de blessure, à l’égard de l’Église institutionnelle ou des structures chrétiennes classiques, ces associations ou fondations parfois rigides, qui peuvent rejeter ceux qui ne rentrent pas dans leurs normes ou qui osent poser des questions. Vous, qui avez cessé d’y retourner, non par désintérêt pour la foi, mais parce que vous n’y trouviez plus votre place.
Cet ouvrage propose une autre voie : une spiritualité vivante, incarnée, enracinée dans le réel, et pourtant tournée vers l’invisible. Il vous invite à redécouvrir ce lien sacré avec Dieu, libéré des codes, des dogmes ou des exclusions. Sans aucun doute, ce que vous y découvrirez ne vous laissera pas indemne : il a le potentiel de transformer en profondeur votre manière de vivre, de croire, d’espérer.
Bonne lecture