
Journal d'un catholique libertaire
Qui a pris ses distances vis à vis de l'Eglise, de sa hiérarchie et de son pouvoir
Vendredi 21 mars 2025
15ème jour de Carême : Apprendre l'humilité avec le Seigneur Jésus

De l'Evangile de Matthieu 11, 28-29
Jésus disait à ses disciples : « Tout m’a été remis par mon Père ; personne ne connaît le Fils, sinon le Père, et personne ne connaît le Père, sinon le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos.
MESSAGE
En ce quinzième jour de Carême, alors que nous poursuivons notre marche intérieure vers Pâques, l’invitation du Seigneur Jésus nous rejoint comme une source dans le désert : « Venez à moi… ». Ce n’est ni une injonction ni une obligation. C’est un appel libre, personnel, tendre. Un appel qui traverse les siècles et les cœurs, pour rejoindre chacun là où il est, là où il en est, avec ce qu’il porte, ce qu’il cache, ce qu’il espère.
Dans ce passage de l’Évangile de Matthieu, Notre Seigneur Jésus nous révèle un aspect fondamental de son identité : « la douceur et l’humilité de son cœur. Ces deux vertus sont intimement liées : la douceur est le visage extérieur de l’humilité, et l’humilité est la profondeur cachée de la douceur. Ce n’est pas une faiblesse, elles sont une force désarmée, capable de désarmer toutes nos défenses intérieures.
Notre Seigneur Jésus ne parle pas ici de l’humilité comme d’une vertu morale à cultiver par l’effort ou par la volonté. Il parle de son cœur, c’est-à-dire de ce qu’Il est profondément. L’humilité du Seigneur Jésus, ce n’est pas une simple attitude : c’est la manière même dont Dieu choisit de se révéler.
Le Fils de Dieu ne s’impose pas ; il se propose. Il ne s’élève pas ; il descend. Il ne nous domine pas ; il nous rejoint. Lui qui est de condition divine choisit de se faire homme, de vivre parmi les pauvres, de servir les petits, d’aimer les pécheurs, jusqu’à laver les pieds de ses disciples et mourir comme un criminel.
Apprendre l’humilité avec Jésus, c’est se laisser rééduquer dans notre manière d’être au monde et aux autres. Dans un monde qui valorise la performance, la maîtrise, l’affirmation de soi, notre Seigneur Jésus nous enseigne une autre sagesse : celle du cœur abaissé, du regard bienveillant, du silence qui écoute, de la parole qui relève. L’humilité n’est pas une dévalorisation de soi, mais un déplacement du centre : ce n’est plus moi au centre, c’est Dieu et le prochain. L’humilité ne nous écrase pas : elle nous libère de l’orgueil qui isole, du perfectionnisme qui décourage, de l’égo qui enferme.
« Prenez sur vous mon joug », dit le Seigneur Jésus. Le mot peut nous dérouter : un joug, c’est ce qui lie deux bêtes de somme pour les faire avancer ensemble. Mais ici, le joug n’est pas un fardeau supplémentaire : c’est une invitation à avancer avec le Seigneur Jésus, à se mettre à son pas, à marcher dans sa lumière.
Le joug du Christ, c’est la loi de l’amour. Ce n’est pas un poids, c’est une alliance. Porter ce joug, c’est accepter de ne plus vivre en autonome, mais en disciple. C’est apprendre à dépendre, à s’en remettre, à faire confiance. Et c’est là que se trouve le vrai repos : non pas un repos physique ou temporaire, mais un repos profond de l’âme, qui naît du fait de ne plus porter seul le poids de la vie.
Le Carême est le temps favorable pour redécouvrir que l’humilité est la porte d’entrée du Royaume de Dieu. Elle commence par une parole simple, presque oubliée : « J’ai besoin de Toi, Seigneur ».
Dans la prière silencieuse, dans l’accueil du pardon, dans la charité discrète, dans le service caché, nous laissons Jésus façonner en nous un cœur semblable au sien. L’humilité ne nous enlève rien de notre dignité : au contraire, elle nous rend plus humains, plus disponibles à l’amour, plus libres.
À vous, frères et sœurs, qui lisez peut-être ces lignes avec un cœur partagé, blessé ou sceptique… À vous qui vous êtes éloignés comme moi de l’Église pour mille raisons… incompréhensions… blessures… fatigue, silence de Dieu ou lassitude intérieure, sachez que le Seigneur ne vous a jamais quittés.
Il ne vous demande pas des explications, ni un retour spectaculaire. Il vous dit simplement : « Venez à moi ». Ce « moi », ce n’est pas une institution d’abord, ni une morale, ni un discours : c’est une personne vivante, Jésus-Christ, doux et humble de cœur.
Il connaît vos luttes, vos désillusions, vos silences. Il ne veut pas vous convaincre, il veut vous rencontrer. Vous redonner ce repos que seul son amour peut offrir.
Alors oui, en ce 15ᵉ jour de Carême, peut-être est-ce le moment d’un pas. Pas à pas. Un regard levé, une prière balbutiée, une main tendue. Car ce n’est jamais trop tard pour revenir. Non pour retrouver une habitude, mais pour retrouver une relation, celle avec celui qui vous a aimé le premier.
Bon Carême à tous
Didier Antoine