
Journal d'un catholique libertaire
Qui a pris ses distances vis à vis de l'Eglise, de sa hiérarchie et de son pouvoir
Mercredi 5 février 2025

Matthieu 18, 3-2
Notre Seigneur Jésus disait : « En vérité, je vous le dis, si vous ne changez pas et ne devenez pas comme les petits enfants, vous n'entrerez en aucune façon dans le Royaume des Cieux. Celui donc qui s’abaisse comme ce petit enfant, celui-là est le plus grand dans le Royaume des Cieux. »
Mon commentaire
Les paroles de notre Seigneur Jésus ici résonnent comme un rappel puissant, une invitation à la métamorphose intérieure. Il ne s’agit pas d’un simple retour à l’enfance, naïf et dépourvu d’expérience, mais d’une exigence radicale : changer. Le verbe employé en grec, στραφῆτε (straphēte), indique un renversement, un demi-tour, une conversion profonde. Ce n'est pas un appel à l’ignorance ou à la soumission, mais à une révolution de l’être, à un dépouillement volontaire des certitudes, des vanités et des jeux de pouvoir.
Or, cette parole du Seigneur Jésus est souvent reprise par les institutions religieuses pour promouvoir une obéissance passive, une docilité envers des dogmes figés. Mais le Seigneur ne parle pas ici de conformisme, il parle d'une transformation intérieure. L’enfant qu’il nous invite à devenir n’est pas celui qui obéit sans questionner, mais celui qui vit dans une confiance totale, un émerveillement intact, un rapport authentique au monde et à la vérité.
Le verset suivant précise l’exigence : « Celui qui s’abaisse comme ce petit enfant, celui-là est le plus grand dans le Royaume des Cieux. » En grec ; ταπεινώσει (tapeinōsei), exprime l’humilité ou l’abaissement volontaire. L'humilité dont parle notre Seigneur Jésus n’est pas l’humiliation ou l’effacement imposé par une hiérarchie cléricale. C’est l’humilité du cœur, celle qui refuse le mensonge du prestige, du pouvoir et de la domination. C’est l’humilité qui dérange les systèmes, qui déracine les fausses sécurités et qui s’expose, nue et vulnérable, à la seule vérité qui compte : Dieu ne se trouve pas dans les grandeurs, mais dans la petitesse assumée.
L'Église catholique en tant qu’institut, à travers son histoire, a trop souvent trahi cette parole. Elle a cherché à dominer au lieu de s’abaisser, à imposer au lieu d’inviter, à accumuler au lieu de se dépouiller. Elle a exigé une soumission infantile là où le Seigneur Jésus appelait à une liberté enfantine. Face à cela, beaucoup d’entre nous ont pris du recul, parfois avec colère, parfois avec lassitude, parfois avec tristesse.
À vous qui vous êtes éloignés, qui avez pris de la distance vis-à-vis de l’Église, vous qui avez ressenti l’oppression de ses dogmes ou l’hypocrisie de ses institutions, sachez que le Seigneur Jésus n’est pas une institution qui exclut. Son message dépasse toutes les structures humaines, même celles qui prétendent le représenter.
Ne laissez pas l’arrogance d’une certaine hiérarchie ou les fautes des institutions vous priver de la parole vivante du Seigneur Jésus. Lui aussi fut rejeté par les religieux de son temps. Lui aussi fut un marginal, un homme libre, un prophète qui dérangeait. Son appel à devenir comme des enfants ne signifie pas revenir sous l’autorité de l’Église, mais retrouver une foi libérée, une foi qui respire, qui interroge, qui ose aimer sans condition.
Alors oui, marchez sans crainte. Vous n’êtes pas seuls. Et peut-être, dans votre errance, dans votre quête, dans votre refus des fausses grandeurs, êtes-vous déjà plus proches du Royaume que vous ne l’imaginez.