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Mardi 18 mars 2025

12ème jour de Carême : Le bon Samaritain

Mardi 18 mars 2025

De Luc, chapitre 10, versets 25 à 37

Et voici qu’un légiste se leva et mit Jésus à l’épreuve en disant : « Maître, que dois-je faire pour hériter de la vie éternelle ? » Jésus lui dit : « Dans la Loi, qu’est-il écrit ? Comment lis-tu ? » Celui-ci répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ton intelligence, et ton prochain comme toi-même. » Jésus lui dit : « Tu as bien répondu ; fais cela et tu vivras. » Mais lui, voulant se justifier, dit à Jésus : « Et qui est mon prochain ? » Jésus reprit et dit : « Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho et tomba aux mains de brigands. Ceux-ci, après l’avoir dépouillé et couvert de blessures, s’en allèrent, le laissant à demi-mort. Par hasard, un prêtre descendait par ce chemin ; il le vit et passa de l’autre côté. De même, un lévite, arrivé en ce lieu, le vit et passa de l’autre côté. Mais un Samaritain, en voyage, arriva près de lui et, le voyant, fut pris de compassion. S’approchant, il banda ses plaies en y versant de l’huile et du vin. Puis il le chargea sur sa propre monture, le conduisit à une auberge et prit soin de lui. Le lendemain, il sortit deux deniers, les donna à l’aubergiste et lui dit : “Prends soin de lui, et ce que tu dépenseras en plus, moi, à mon retour, je te le rembourserai.” Lequel de ces trois te semble avoir été le prochain de l’homme tombé aux mains des brigands ? » Le légiste répondit : « Celui qui a fait miséricorde envers lui. » Jésus lui dit : « Va, et toi aussi, fais de même. »

MESSAGE

En ce 12ᵉ jour de notre marche vers Pâques, le temps du Carême nous invite à un chemin de conversion, non pas seulement dans les rites, mais surtout dans nos cœurs et dans nos actes. L’Évangile du Bon Samaritain (Luc chapitre 10, verset 25 à 37) est une parabole qui, par sa simplicité et sa profondeur, nous interroge personnellement : Qui est mon prochain ?

Le légiste qui interroge Jésus connaît la Loi. Il sait qu’aimer Dieu et aimer son prochain sont indissociables. Mais il cherche une limite, un cadre clair : jusqu’où va cette obligation d’aimer ? Notre Seigneur Jésus, comme toujours, renverse la perspective : il ne définit pas qui est le prochain, mais comment être un prochain. La question n’est plus « Qui mérite mon amour ? » mais « Suis-je capable de me faire proche de celui qui souffre, quel qu’il soit ? »

Le prêtre et le lévite, figures du culte et de la Loi, passent à distance de l’homme blessé. Ils ne sont pas forcément cruels : ils ont peut-être de bonnes raisons – la peur d’être souillés rituellement, le souci de leurs obligations. Mais, à force de justifications, ils passent à côté de l’essentiel. Le Samaritain, lui, ne s’interroge pas : il voit, il est saisi de compassion, il agit.

En ce temps de Carême, ne sommes-nous pas souvent ces passants occupés, préoccupés, trop pressés pour nous arrêter ? Nous vivons dans un monde saturé d’informations, où la souffrance des autres nous atteint par écrans interposés, nous émeut parfois, mais nous laisse souvent immobiles. Pourtant, le Seigneur Jésus nous appelle à une charité incarnée, concrète, sans calcul. Aimer ne consiste pas seulement à ressentir de la pitié : c’est choisir de s’arrêter, de s’engager, de donner de soi.

Le choix du Samaritain comme figure exemplaire n’est pas anodin. À l’époque du Seigneur Jésus, les Juifs et les Samaritains se méprisent, se considèrent comme ennemis. Notre Seigneur Jésus nous provoque : et si celui que vous méprisez vous dépassait en amour ? Il révèle ainsi une vérité radicale : l’amour véritable est sans frontières. Il nous fait sortir de nos cercles habituels, de nos préjugés, de nos sécurités. Il nous bouscule.

Le Samaritain ne se contente pas d’un geste de secours rapide. Il s’engage sur la durée : il soigne, il transporte, il prend soin, il confie l’homme à un aubergiste et promet de revenir. Il ne compte ni son temps, ni son argent, ni son confort. Cette générosité gratuite est un écho de l’amour même de Dieu, qui donne sans attendre en retour.

Cette parabole nous invite à interroger nos vies. Qui sont les blessés que nous croisons sans les voir ? Les pauvres invisibles, les personnes isolées, les collègues en souffrance, les proches que nous négligeons ? Peut-être que le blessé, c’est aussi nous-même, abîmé par les épreuves, mis de côté, attendant qu’un prochain se penche sur nous.

Mais le Seigneur Jésus ne nous laisse pas dans l’attente. Il est lui-même le Bon Samaritain qui s’approche de nos blessures, qui nous relève, qui nous porte sur sa monture et nous confie à l’Église, cette auberge où il nous restaure et nous promet son retour.

Vous qui avez pris du recul vis-à-vis de l’Église, pour des raisons qui vous sont propres – peut-être des blessures, des déceptions, des incompréhensions – entendez cette parole de Jésus : « Va, et toi aussi, fais de même. »

Le Seigneur Jésus ne vous demande pas d’abord de revenir par obligation ou par culpabilité. Il vous invite à aimer, à agir, à vous faire prochain. Peu importe où vous en êtes avec l’institution, peu importe vos doutes, l’amour, lui, ne souffre aucun délai. Il est déjà en vous, en ce que vous faites de bon, en cette compassion qui surgit parfois malgré vous.

Revenir à Dieu, ce n’est pas d’abord un retour aux pratiques, c’est un retour au cœur même de l’Évangile : un amour donné, reçu, partagé. Alors osez. Osez être ce Bon Samaritain. Osez vous laisser toucher, bouleverser, déranger par la détresse d’un frère. Car c’est là, dans ce mouvement du cœur et des mains, que Dieu vous attend.

Et qui sait ? En prenant soin d’un blessé, c’est peut-être votre propre cœur que vous laisserez guérir.

Bon Carême à tous
Didier Antoine

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