En ce onzième jour du Carême, que le temps passe, nous sommes dans une période d'introspection, de conversion et de cheminement spirituel vers la Pâques du Seigneur Jésus, nous sommes invités à méditer particulièrement cette parole forte du Seigneur. Cette affirmation du nous appelle à ouvrir grand les yeux de notre cœur pour découvrir sa présence vivante et agissante en chaque personne que nous rencontrons, particulièrement dans les visages des plus fragiles, des exclus et de ceux qui souffrent.

En reconnaissant le Seigneur Jésus dans l'autre, nous changeons radicalement notre manière d'entrer en relation avec nos frères et sœurs. Cette reconnaissance dépasse une simple compassion : c’est une démarche profonde qui nous pousse à nous engager personnellement, à offrir généreusement notre écoute, notre aide et notre accueil. Le Carême est précisément le temps opportun pour sortir de l'indifférence, pour traverser nos déserts intérieurs où l'égoïsme et l'orgueil peuvent nous aveugler, et pour poser sur l'autre un regard empli de tendresse, de miséricorde, semblable à celui que le Seigneur Jésus a posé sur chacun de nous.

Voir le Seigneur dans l’autre n’est pas uniquement un acte spirituel ; c’est un acte profondément humain qui révèle la vérité de notre propre cœur. Chaque geste d'amour, chaque parole de soutien, chaque acte de pardon est un témoignage vivant du Seigneur Jésus ressuscité, qui habite parmi nous. Ainsi, en reconnaissant le Seigneur Jésus dans l’autre, nous devenons des instruments de paix, d’unité et d’espérance dans un monde souvent marqué par la division et le repli sur soi.

Ce regard spirituel exige une attention constante et renouvelée, car il ne s’agit pas simplement de moments ponctuels mais d’une attitude intérieure qui transforme progressivement notre vie quotidienne. En pratiquant cette reconnaissance, nous nous rapprochons davantage du Seigneur Jésus, nous apprenons à l'aimer davantage, et par conséquent, à aimer mieux ceux qui nous entourent. C’est dans cet amour que notre foi prend toute sa signification et sa profondeur.

Pendant ce Carême, prenons le temps chaque jour de contempler les visages de ceux que nous croisons, en demandant au Seigneur la grâce de discerner sa présence en chacun. Soyons attentifs aux personnes que nous risquons d’oublier ou de négliger : l’étranger qui croise notre chemin, la personne âgée isolée, l’enfant en difficulté, l'ami dans la peine, le collègue solitaire. Cultivons une attitude active d'ouverture et de disponibilité, permettant à l'amour du Seigneur Jésus de traverser nos vies et d’illuminer celles des autres. Qu’à travers nos actions, nos attitudes et nos paroles, chacun puisse percevoir la chaleur lumineuse de l'amour du Seigneur Jésus.

Ce chemin vers l’autre est aussi un chemin vers soi, une redécouverte de notre humanité authentique, façonnée à l'image de Dieu. En acceptant de sortir de notre confort, nous expérimentons une joie profonde et véritable, celle qui provient du don sincère de nous-mêmes. Nous constatons alors que chaque rencontre peut devenir un lieu privilégié de communion et de fraternité, où Dieu se manifeste et nous parle à travers le visage de nos semblables.

À vous tous qui avez pris de la distance vis-à-vis de l'Église, sachez que Dieu vous réserve aussi une place unique et irremplaçable. Peut-être avez-vous été blessés, déçus ou simplement lassés. Mais le Seigneur Jésus, lui, n'a jamais cessé de vous attendre et de vous espérer. Notre Seigneur Jésus vient sans cesse à votre rencontre, souvent de manière discrète, parfois inattendue, mais toujours avec amour. Puissiez-vous, durant ce Carême, redécouvrir en chaque rencontre quotidienne l'appel discret du Seigneur à revenir vers lui, lui qui ne cesse jamais de croire en vous, de vous aimer et de vous attendre avec patience et tendresse. Que ce temps soit pour vous celui d'une réconciliation intérieure, de retrouver un lieu de paix, où chacun est attendu tel qu'il est, et aimé inconditionnellement par le Seigneur Jésus.

Bon Carême
Didier Antoine