
Journal d'un catholique libertaire
Qui a pris ses distances vis à vis de l'Eglise, de sa hiérarchie et de son pouvoir
Dimanche 18 mai 2024
5ème dimanche de Pâques - Année C

Bonne Nouvelle de notre Seigneur Jésus en Jean 13, 31-35
Jésus dit : « Maintenant, le Fils de l’Homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui. Si Dieu est glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera en lui-même, et il le glorifiera aussitôt. Petits enfants, encore un peu de temps, je suis avec vous. Vous me chercherez, et comme j’ai dit aux Juifs : ‘‘ Là où moi je vais, vous ne pouvez venir ’’, à vous aussi maintenant je le dis. Un commandement nouveau, je vous donne : que vous vous aimiez les uns les autres ; comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres. À ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. »
MESSAGE
Ce passage de Jean 13, 31-35 est un tournant décisif dans l’évangile. Judas vient de sortir dans la nuit, et dès cet instant, notre Seigneur Jésus parle comme si tout était déjà accompli. Ce paradoxe est frappant : « Maintenant, le Fils de l’Homme est glorifié. » À cet instant précis, il n’y a pourtant ni résurrection ni triomphe. Seulement une trahison qui court dans l’ombre.
Cette glorification immédiate, notre Seigneur Jésus l’associe à celle de Dieu : « et Dieu est glorifié en lui. » Il ne dit pas que Dieu sera glorifié plus tard, après la croix, mais déjà, au cœur même de la trahison, de l’abandon, de l’inéluctable. Le drame humain ne retarde en rien la gloire de Dieu. Il en devient même l’espace de révélation.
Jésus s’adresse ensuite à ses disciples en usant du terme grec « τεκνία » , un mot rare dans sa bouche, qu’on pourrait traduire par « petits enfants » ou « enfants bienaimés, mais qui en grec évoque aussi une tendresse paternelle. Il leur parle comme à des orphelins en devenir, conscients de leur fragilité mais encore inconscients du choc qui s’annonce.
Puis, il leur donne un « commandement nouveau ». Mais en quoi cet amour est-il nouveau ? L’amour du prochain existait déjà dans la Loi juive. Pourtant, notre Seigneur Jésus ajoute une précision inédite : « comme je vous ai aimés ». Ce « comme » change tout. L’amour ne se définit plus par un devoir éthique, mais par un mouvement premier. L’amour n’est pas une loi, mais une origine.
« à cela tous connaîtront ». Ce n’est pas par des dogmes, des rites ou une appartenance visible que les disciples seront identifiés, mais uniquement par l’amour qui circule entre eux. L’identité chrétienne ne repose pas sur une orthodoxie, mais sur une dynamique relationnelle qu’est l’amour entre frères.
Vous qui avez quitté les bancs des assemblées, fatigués des dogmes et des jeux de pouvoirs rigides, des vérités imposées sans amour, ce texte vous parle peut-être plus que vous ne le croyez. Le Seigneur Jésus ne dit pas : « On reconnaîtra mes disciples à leur fidélité institutionnelle », mais « à leur amour ». Loin des murs et des doctrines, l’amour reste un feu indomptable. Il n’appartient à personne. Il n’exige ni clergé, ni permission. Si vous avez pris de la distance avec l’Église, mais que l’amour vous habite encore, alors vous êtes toujours dans la lumière de ce commandement nouveau. Vous n’êtes pas hors du chemin. Peut-être même êtes-vous plus proches du Seigneur que beaucoup de ceux qui brandissent son nom. Là où vous êtes, aimez. Là où vous doutez, aimez encore. Car si Dieu est glorifié déjà au cœur de la trahison, alors il l’est aussi en vous, dans votre exil choisi, dans votre foi libre, dans vos blessures et vos renaissances. Et peut-être qu’un jour, sans même y penser, vous reconnaîtrez dans un regard, une main tendue, un souffle de tendresse… l’écho discret d’une Église que personne ne possède, mais que l’amour seul bâtit.