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Dimanche des Rameaux

2 avril 2023

Le dimanche des Rameaux voit comme chaque année une foule inhabituelle venir à la messe. Les raisons sont diverses et propres à chacun. Mais de toutes ces années que j’ai passées dans la communauté catholique, de mon expérience au sein l’équipe pastorale, J’ai pu constater sans jugement de ma part que ce n’est pas seulement pour écouter le récit de la Passion de notre Seigneur Jésus que ce peuple vient à la messe, mais pour avoir avant tout des branchages de rameaux bénis. On en déposera sur les tombes de nos ancêtres, tous ceux qui ont été aimés, mais aussi dans les maisons pour protéger ceux qui y habitent ou au-dessus d’une photo d’un proche éloigné ou disparu.

 

Les principales plantes utilisées sont en Europe du buis, mais aussi des branches d’olivier, de palmier, de saule pleureur et de laurier. Du saule marsault en Grande-Bretagne, des feuilles de Cycas revoluta aux Antilles et même des feuilles de cocotier au Vietnam.

 

Ce dimanche ouvre la semaine sainte qui nous emmène jusqu’au dimanche suivant celui de la résurrection.

Le dimanche des Manteaux et des Rameaux

Il pourrait s’appeler ainsi. Car le déroulement de ce dimanche (liturgie) qui débute en règle générale sur le parvis de l’Eglise. A l’extérieur pour symboliser l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem. Dans l’Evangile de Matthieu au chapitre 21, verset 8, il est écrit : « Le peuple, en foule, étendit ses vêtements sur la route ; certains coupaient des branches aux arbres et en jonchaient la route »

 

Nous remarquons bien que c’est bien d’abord avec des vêtements (des manteaux) que l’on jette pour acclamer Jésus. C’est un symbole fort de dépouillement de soi.

Dans Marc aussi (11,8), il est écrit : « Beaucoup de gens étendirent leurs manteaux sur la route et d’autres des feuillages qu’ils coupaient dans la campagne. »

 Dans Luc 19, 36 ; curieusement il n’est pas question de rameaux : « Et tandis que Jésus avançait, les gens étendaient leurs manteaux sur le chemin. »

​Et pas de manteaux chez Jean 12,13 « Les gens prirent des branches de palmiers et sortirent au-devant de lui. »

 

Ce dimanche, il me plaît de le nommer « dimanche des manteaux et des rameaux »

Le peuple acclame Jésus en prenant des feuillages qui étaient à leur portée. Des feuillages verts. En Palestine, c’était une période de l’année où la végétation n’était pas encore totalement grillée.

Le peuple se dépouillait donc de leurs manteaux et de leurs vêtements. Tout était mis à terre pour rendre gloire. En Orient, c’est un symbole très fort. On se dépouille par humilité devant une personne que l’on admire, que l’on acclame ou que l’on veut protéger.

​Oui, ce jour-là, nous acclamons Jésus. Nous le proclamons :

« Fils de David » ; « Celui qui vient au nom du Seigneur » ; « Le Roi, au nom du Seigneur »

La Passion de notre Seigneur Jésus

La Passion est le récit qui regroupe la préparation de la Pâque de Jésus avec ses disciples : son arrestation avec la complicité de Judas Iscariote. Le rejet de la foule, son procès très rapide devant les autorités religieuses. L’humiliation et les sévices puis sa crucifixion (supplice romain), sa mort et sa mise au tombeau.

Je lis chez moi : Marc 11, 1-11 ou Matthieu 21, 1-11 ou Luc 19, 28-40

Je peux méditer ces textes en pleine nature. En esprit avec le Seigneur Jésus, je médite sur son entrée à Jérusalem et quelle signification je porte aujourd’hui en le couvrant de gloire, en l’acclamant chaque jour de ma vie ?

 

Que veut dire exactement « la Passion » ? Cela vient du latin qui veut dire souffrir.

 

Comment peut-on passer d’une entrée en liesse, être acclamé en nous jetant des manteaux à terre, en secouant des rameaux comme des étendards avec des louanges et des chants et de subir quelques jours après un rejet, des humiliations et une mise à mort. C'est un renversement brutal. Un effondrement total. Sur son chemin de croix, Jésus s’effondrera à plusieurs reprises. Aucun manteau ne sera à terre pour amortir sa chute. 

 

Que s’est-il passé ?

À part sa colère envers les marchands du temple, je ne comprends pas pourquoi les autorités religieuses de l’époque ont entraîné le peuple en réclamant la crucifixion de Jésus. C’est toujours intrigant pour moi. Il y a eu de nombreux commentaires à ce sujet.

Finalement on peut en déduire que c’est facile d’acclamer et de louer quelqu’un, aussi facile de le rejeter voire de le détruire même dans un court temps. Quand on voit l’histoire des religions dans leur globalité, nous en avons, hélas, une parfaite illustration et aussi dans les communautés paroissiales et les institutions laïques.

N’oublions pas non plus que la Passion, c’est aussi une histoire d’amour entre Jésus et Jérusalem, entre Dieu et Jérusalem… La cité de David, son ancêtre, l’oint de Dieu où Salomon construira le premier temple pour l’installation de l’Arche d’Alliance.

 

Le Temple de Jérusalem a vu venir un petit enfant (Jésus) qui fut acclamé par un juste nommé Syméon et par une prophétesse nommée Anne.

 

À l’âge de douze ans, il fit l’admiration des maîtres du temple et des docteurs de la loi. Une histoire d’amour, car il se sentait bien dans la maison de son Père… Étonné même que ses parents puissent le chercher ailleurs.

 

Au chapitre 2 de l’Évangile de Luc, aux versets 41 et suivants, il est dit que Jésus avait échappé à la vigilance de ses parents. Ils l’ont trouvé au bout d’une journée entière dans le temple. D’où la célèbre réplique de Jésus à ses parents au verset 49 :

« Pourquoi donc me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? »

 

Dans cet amour pour Jérusalem, le premier verset du repas pascal de Jésus, l’évangéliste Jean nous dit une chose importante, Jn 13, 1 : 

« Jésus, sachant que son heure était venue, de passer de ce monde au Père, lui, qui avait aimé les siens qui sont dans le monde, il les aima jusqu’à la l’extrême ».

Quand Jésus pleure sur Jérusalem (Luc 19, 41-44), c’est avant tout un déchirement d’amour.

Cette histoire d’amour finira très mal. Le peuple le mettra à mort et presque tous ses disciples prendront la fuite. Après son arrestation, Jésus ne se défendra pas. Il ne manifestera plus une seule colère. Il ordonnera même à Pierre qui avait sorti son glaive (épée) pour le défendre au moment de son arrestation, celui-ci en a même tranché l’oreille du serviteur du grand-prêtre, Jésus dit à Pierre :

« Remets ton épée à sa place, car tous ceux qui prennent l’épée périront par l’épée. » Matthieu 26, 52

Jésus a laissé Jérusalem l’envoyer à la mort par amour… pour tous… de Jérusalem aux extrémités de la terre.

 

Après avoir connu toutes les souffrances inimaginables, il eut encore la force de penser à pardonner :

« Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font. » Luc 23,34.

 

Notre Seigneur Jésus pendant sa mission sur terre n’a jamais voulu être proclamé Roi d’un pouvoir établi par les hommes sur cette terre. Non !

« Mon royaume n’est pas de ce monde (nous dit Jésus). Si mon royaume était de ce monde, mes gens auraient combattu pour que je ne sois pas livré aux Juifs. » Jean 18, 36

Et moi chrétien insignifiant, j’accueille  Jésus aussi ce jour-là.

Ce dimanche des manteaux et des rameaux je le vis chez moi ou en pleine nature seul ou en invitant mon épouse.

Le Seigneur Jésus m’enseigne à regarder autour de moi tous ces hommes et ces femmes qui proclament leur amitié et leur amour. Tous ceux qui se dépouillent les uns pour les autres. Mais aussi ceux qui se déchirent et se détestent au bout d’un certain temps. J’en ai eu dans mon entourage. C’est terrible !

Je prie régulièrement Jésus pour la paix des cœurs et j’en fais partie.

Au fil de mon temps compté

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