
Journal d'un catholique libertaire
Qui a pris ses distances vis à vis de l'Eglise, de sa hiérarchie et de son pouvoir
Dimanche 11 mai 2025

Jésus avait dit aux Juifs : « Je suis le bon pasteur (le vrai berger) ». Il leur dit encore : Mes brebis écoutent ma voix, et moi, je les connais, et elles me suivent. Et moi, je leur donne la vie éternelle, et jamais elles ne périront, et nul ne les arrachera de ma main. Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tout, et nul ne peut les arracher de la main du Père. Moi et le Père, nous sommes un.
MESSAGE
Le passage de Jean 10, 27-30 appartient au discours du Bon Pasteur, où notre Seigneur Jésus expose la relation unique qu’il entretient avec ses disciples. Ce Passage est d’une limpidité saisissante, mais sa simplicité apparente cache une profondeur qui mérite une attention particulière.
C’est un appel à l’écoute, non à l’obéissance aveugle :
« Mes brebis écoutent ma voix, et moi, je les connais, et elles me suivent. »
« écouter » ne désigne pas une soumission passive, mais une écoute qui engage tout l’être. Il n’est pas question ici d’une obéissance servile à une institution, mais d’une reconnaissance intime et libre de la parole de notre Seigneur Jésus. Cette voix ne crie pas, ne contraint pas, mais appelle. Contrairement à certaines lectures ecclésiastiques qui ont parfois imposé une autorité verticale, notre Seigneur Jésus ne dicte pas des ordres : il parle, et ceux qui lui appartiennent le suivent parce qu’ils le reconnaissent. Ce lien repose donc sur la liberté et la relation personnelle, pas forcément sur une appartenance institutionnelle.
Ce passage est la promesse d’une vie qui échappe à toute domination.
« Et moi, je leur donne la vie éternelle, et jamais elles ne périront, et nul ne les arrachera de ma main. »
La vie éternelle est un don, non un mérite. Contrairement à une certaine théologie morale qui conditionne le salut à l’observance stricte de règles, le texte insiste : c’est le Seigneur Jésus qui donne, non l’institution qui distribue.
De plus, l’expression « elles ne périront jamais et nul ne les arrachera de ma main », emploie une double négation intensive, soulignant une impossibilité absolue. Ceux qui appartiennent à notre Seigneur Jésus sont en sécurité dans sa main, et non dans celle d’une hiérarchie ou d’une puissance humaine.
« Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tout, et nul ne peut les arracher de la main du Père. »
Ce verset exprime l’incommensurable grandeur du Père, bien au-delà des structures terrestres. L’Église n’est pas l’ultime gardienne du troupeau : c’est Dieu lui-même qui garde chacun dans sa main.
L’affirmation de notre Seigneur Jésus vient ici comme un défi aux logiques humaines du pouvoir religieux : personne ne peut s’arroger un monopole sur la grâce. L’histoire du christianisme a pourtant souvent transformé cette sécurité divine en un contrôle humain, parfois oppressif, parfois violent.
« Moi et le Père, nous sommes un. »
Les divisions institutionnelles, les conflits de pouvoir au sein de l’Église ou entre chrétiens ne sont que des fictions humaines. Notre Seigneur Jésus ne parle pas d’un système, d’une orthodoxie figée ou d’une fidélité inconditionnelle à une institution. Il parle d’une relation vivante uniquement entre le Père et le Fils sans aucun intermédiaire.
À vous qui avez pris de la distance envers l’Eglise institutionnelle,
vous avez peut-être quitté l’Église, déçus par ses pouvoirs, ou la manière dont elle a parfois confisqué le message du Seigneur Jésus pour en faire un outil de contrôle. Peut-être avez-vous été rejetés parce que vous pensiez autrement, parce que vous ne rentriez pas dans les cases définies par l’institution. Mais ce passage de Jean est pour vous. Notre Seigneur Jésus ne dit jamais que l’Église est la main qui retient les brebis. Il ne conditionne pas l’écoute de sa voix à l’adhésion à un système. Il promet une relation directe, immédiate, inaliénable. Vous êtes entièrement libres, et pourtant, vous n’êtes pas perdus.
Si vous reconnaissez en le Seigneur Jésus une voix qui vous parle encore, alors vous êtes toujours dans sa main, sans condition, sans qu’aucune structure humaine ne puisse vous en arracher. Peut-être n’avez-vous pas quitté Dieu, mais seulement une représentation trop étroite de lui. Peut-être qu’au lieu d’être des brebis enfermées dans un enclos, vous êtes simplement des brebis en liberté. Et peut-être que c’est justement là, dans cet espace ouvert, que le Seigneur Jésus vous attend.
Didier Antoine