
Journal d'un catholique libertaire
Qui a pris ses distances vis à vis de l'Eglise, de sa hiérarchie et de son pouvoir
De l’ombre à la Lumière : Un Voyage Intime à travers la dépression et la Foi
Publié le 22 juin 2024

La dépression sévère est une réalité accablante qui touche des millions de personnes à travers le monde. En France, la dépression a été reconnue comme un handicap psychique depuis la loi du 11 février 2005, appelée « Loi pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées ».
Pour toutes les personnes qui, comme moi, se retrouvent en retrait de l’Église… ceux qui ont pris de la distance… je m’interroge sur cette maladie réelle, invalidante, honteuse… moi qui ai été touché suite à un rejet et une humiliation. Cette maladie est complexe. L’ayant vécue, je l’ai analysée dans le cadre de ma foi… liée à ma spiritualité. J’ai exploré les origines, les problématiques et les conséquences dans ma vie de catholique libéral.
La dépression sévère ou trouble dépressif majeur est une condition médicale caractérisée en général par des sentiments persistants de tristesse, de désespoir, d’un manque de plaisir pour les activités quotidiennes, le sentiment de se sentir seul, abandonné de tous… de n’être plus rien. Je l’ai beaucoup observée dans les communautés et les institutions de l’Église catholique. Les origines de cette maladie sont multiples et souvent imbriquées.
La médecine a fait de nombreux progrès en visualisant et en quantifiant l’activité des neurotransmetteurs comme la dopamine, la sérotonine, le GABA, qui jouent un rôle essentiel dans la dépression et les dépendances (souvent liées), mais aussi dans bien d’autres maladies.
D’un point de vue psychologique, les traumatismes, le stress chronique, et les expériences de rejet, d’humiliation, d’abus sexuels ou de pouvoir et d’emprises de toutes sortes peuvent déclencher ou aggraver les symptômes.
D’un point de vue social, l’isolement, le manque de soutien et la stigmatisation entourant la maladie mentale contribuent à l’ampleur du problème.
La communauté paroissiale catholique n’offre aucun soutien significatif… Et quand elle en est la cause, n’en parlons même pas. L’Église catholique veut parquer les dépressifs dans des communautés nouvelles. Beaucoup ne s’y sentent pas à l’aise. C’est une réalité.
La dépression est souvent mal comprise, même minimisée, au sein de certaines communautés religieuses. Attention à ne pas croire que la prière suffit à surmonter les problèmes de santé mentale tels que la dépression. Il faut rechercher une aide médicale. En revanche, la spiritualité et la médecine peuvent coexister et se compléter.
La spiritualité peut offrir un soutien émotionnel, psychologique et même physique à travers des pratiques comme la méditation, qui peut améliorer le lâcher-prise, réduire le stress et favoriser un sentiment de bien-être général… ce qui peut être bénéfique pour la santé. En revanche, méfions-nous des communautés religieuses nouvelles qui mettent en place des thérapies douteuses sous emprise de la personne dépressive, en chassant les démons, etc. Les thérapies réparatrices sont très dangereuses et condamnées par les organisations médicales et de santé mentale.
Les conséquences de la dépression sévère sont profondes et affectent tous les aspects de la vie, avec des symptômes allant de la fatigue extrême à des pensées suicidaires. Les relations personnelles en souffrent également car la personne dépressive peut se retirer socialement et éprouver des difficultés à maintenir des liens significatifs. Au niveau professionnel, la dépression sévère peut entraîner une baisse de productivité, des absences fréquentes et même la perte d’emploi.
De mon expérience, j’ai connu des institutions catholiques qui emploient des salariés… virant les personnes dépressives pire que dans le privé… comme des malpropres. J’ai connu des personnes sombrer dans la dépression suite aux comportements des dirigeants laïcs d’une association ou d’une fondation catholique… des faits plus fréquents qu’on ne puisse imaginer.
Pour surmonter la dépression sévère, une approche globale est nécessaire, cela inclut une prise en charge médicamenteuse pour rétablir les déséquilibres… c’est très important et une psychothérapie pour aborder les causes sous-jacentes et les stratégies de gestion du stress pour améliorer le bien-être quotidien. Pour ceux d’entre nous qui ont la foi… même si nous avons pris nos distances envers l’Église, vous pouvez réintégrer votre spiritualité… même dans votre sphère privée par la sophrologie, la méthode Vittoz (que certains moines utilisent) ou la méditation de pleine conscience. Ces méthodes peuvent offrir un soutien supplémentaire. En aucun cas, elles ne doivent se substituer à un traitement médicamenteux… elles peuvent vous aider dans un chemin de guérison (de sevrage).
Dans ce processus de guérison, des groupes de soutien, des amis de confiance peuvent jouer un rôle crucial. Soyez très prudents avec des conseillers spirituels… cela peut tourner à la manipulation.
Il est important de lutter contre la stigmatisation en parlant ouvertement de la dépression et en encourageant les autres à chercher de l’aide sans honte.
La dépression sévère est une maladie compliquée aux multiples facettes qui nécessite une compréhension et une intervention sérieuse. Pour des catholiques en retrait de l’Église, il est possible de trouver un équilibre entre sa foi personnelle et les traitements. En adoptant une approche intégrée, nous pouvons non seulement gérer nos symptômes, mais aussi trouver un chemin de guérison et de bien-être.
Ces quelques lignes que je viens d’écrire se veulent une invitation à reconnaître la réalité de la dépression sévère, à comprendre ses implications et à explorer des solutions qui intègrent tant la science que notre spiritualité… Ce n’est pas si simple. Par mon expérience douloureuse, je veux vous rappeler que, même en retrait de l’Église institution, la lumière de l’espoir et de la guérison peut toujours briller.
Didier Antoine