
Journal d'un catholique libertaire
Qui a pris ses distances vis à vis de l'Eglise, de sa hiérarchie et de son pouvoir
Assomption : un retour à l’essentiel. Emancipation des dogmes pour une foi vivante et libre
Page publiée par Didier Antoine le 15 août 2024
En ce 15 août, jour de l’Assomption, je souhaite à toutes mes sœurs et à tous mes frères catholiques une fête emplie de lumière et de grâce. Cette fête, riche de sens pour tant d’entre eux, m’inspire à partager une réflexion plus personnelle, empreinte de ce parcours spirituel singulier que j’ai entrepris il y a dix ans.
Je me souviens encore du temps où ma foi se nourrissait aussi des dogmes catholiques, de ces vérités définies par l’Église qui structuraient ma manière de prier, de croire et d’être en ce monde. Les saints et les saintes, figures d’intercession, étaient pour moi des compagnons spirituels indispensables. J’en recherchais, j’en découvrais… On m’en proposait beaucoup, ceux qui allaient en devenir des exemples de bravoure, d’une foi exemplaire face au petit être insignifiant que je suis, des intercesseurs ou des médiateurs auprès d’un Dieu souvent perçu comme lointain, presque inatteignable. Et pourtant, un jour, quelque chose a changé en moi.
Face à un rejet subi par une institution catholique, il y a dix ans, où j’étais permanent… à un licenciement violent qui m’a fait sombrer dans une dépression… les saints ne me servaient à rien… ma tête était trop embrouillée. J’ai ressenti le besoin de simplifier ma foi, de la dépouiller des couches de pratiques transmises qui, avec le temps, m’étaient devenues pesantes. J’ai alors fait un choix radical : ne plus prier que Dieu notre Père, et lui seul, par l’unique intercession de son Fils, notre Seigneur Jésus-Christ. Dans ce choix, il n’y avait ni rébellion ni rejet de ce que l’Église institutionnelle m’avait transmis. Au contraire, c’était un retour à l’essentiel, une quête de pureté dans ma relation à Dieu.
Je me nourris uniquement de l’Évangile. Chaque mot de mon Seigneur Jésus est pour moi une source inépuisable de vie et de vérité. Les dogmes n’ont plus d’emprise sur moi ; ils sont devenus comme des étoiles dans un ciel que je contemple de loin, sans les laisser guider ma route. Ce qui m’importe désormais, c’est la Parole vivante de Dieu, celle qui touche mon cœur chaque jour, là où je suis, là où j’en suis, et guide mes pas à chaque instant de mon existence.
Pourtant, je ne regarde pas avec condescendance ceux qui trouvent encore dans les dogmes et les dévotions une nourriture spirituelle. Je respecte profondément ceux qui, comme mes grands-mères, se sont tournés vers les saints pour leur confier leurs espoirs et leurs peurs. Elles vivaient dans un monde où Dieu semblait souvent lointain et sévère, un juge redoutable dont il fallait s’attirer la clémence. C’était leur éducation, leur culture rurale, celle d’un monde paysan où Dieu pouvait être impitoyable. Pour elles, les saints étaient des sauveurs, des amis au ciel, près de Dieu, capables de le rendre plus proche, plus accessible, plus clément. Je comprends leur démarche, mais pas ceux qui les ont éduquées dans la peur, montrant un Dieu vengeur toujours à l’affût d’un moindre écart.
En tant que catholique libéral, je peux ressentir profondément la beauté et la richesse des traditions de l’Église, mais je crois qu’il est essentiel de les approcher avec discernement et ouverture d’esprit. L’Assomption, bien qu’elle soit une fête profondément enracinée dans notre foi depuis le XIIe siècle et affirmée comme dogme au XXe siècle, (très récent) ne devrait pas être l’objet d’une dévotion absolue et aveugle. Pour moi, ce n’est pas tant l’adhésion rigide aux dogmes qui importe, mais plutôt la quête personnelle de ma spiritualité, guidée par les valeurs de compassion, de justice et d’amour du prochain. Il est possible d’honorer la symbolique de cette fête tout en gardant une distance critique, et en reconnaissant que la foi véritable ne se limite pas à des croyances figées, mais se nourrit d’une réflexion continue et d’un engagement profond envers les autres… au lieu de les rejeter.
Aujourd’hui, je vis une foi libérée des superstitions et des peurs anciennes, effrayantes, que m’ont racontées mes grands-mères. C’est impressionnant ! L’une d’entre elles avait plusieurs vierges dans sa chambre. Pour elle, une seule ne suffisait pas.
Le Dieu que je prie est un Père aimant, toujours présent, qui n’attend pas de moi une perfection impossible, mais un cœur ouvert, confiant, tourné vers Lui avec amour. Ce retour à l’essentiel m’a apporté une paix intérieure profonde, une joie sereine qui illumine chaque jour de ma vie.
Ma pratique religieuse a changé, mais ma foi est restée vivante, vibrante même. Je me définis toujours comme catholique, car c’est là mon identité, mon héritage. Mais je suis un catholique libre, affranchi des carcans qui ont pu autrefois emprisonner les esprits. Ma relation à Dieu est désormais directe, sans intermédiaire autre que son Fils unique, notre Seigneur Jésus, dont la vie et les enseignements sont pour moi la seule boussole.
En ce jour d’Assomption, je prie pour que chacun, quel que soit son chemin, puisse trouver la paix et la lumière dans sa relation à Dieu. Que celles et ceux qui se tournent vers Marie et les saints y trouvent la consolation qu’ils cherchent. Quant à moi, je me tiens dans la confiance absolue en l’amour infini de notre Père céleste, avec pour guide unique l’Évangile de notre Seigneur Jésus.
Bon 15 août à tous, dans la paix de Dieu.
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