
Journal d'un catholique libertaire
Qui a pris ses distances vis à vis de l'Eglise, de sa hiérarchie et de son pouvoir
J'ai été baptisé le 10 juin 1962 à l'âge de six mois
Publiée le 10 juin 2024

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Le 10 juin 1962, j’ai été baptisé catholique à l’âge de six mois. Mon enfance, cependant, n’a pas été marquée par une éducation religieuse formelle, faute de catéchisme ou de pratique régulière. Mon père, athée et anticlérical, n’avait de cesse de répéter : « Nous venons du néant et nous retournons au néant. » Pourtant, sous la pression des femmes de la famille — ma mère, mes deux grands-mères et mon arrière-grand-mère, il consentit à ce baptême. Son amour et son respect pour elles ont surpassé ses convictions personnelles.
Vingt ans plus tard, je me suis tourné vers le catholicisme. Mon père, toujours avec une pointe de sarcasme, commentait : « J’aime voir mon fils chez les curés plutôt qu’au bistrot. » Cette remarque cachait une certaine amertume, car après sa séparation d’avec ma mère, cette dernière sombra dans la dépression et l’alcoolisme. C’est au cœur de ce drame familial que je me suis tourné vers Dieu, cherchant réconfort et sens dans une période de grande détresse.
Mon cheminement, vous le connaissez en parcourant mon journal.
Aujourd’hui, je me considère comme un catholique libéral en retrait de l’institution. Cette position peut sembler paradoxale, mais elle résulte d’une réflexion profonde sur la foi et son rôle dans ma vie. La rigidité et parfois l’intransigeance de l’Église institutionnelle m’ont souvent laissé perplexe. Le catholicisme, tel que je le conçois, devrait être une source d’amour, de compassion et de tolérance, et non un vecteur de dogmatisme.
Le plus important pour moi, ce sont les paroles du Seigneur Jésus... ses enseignements. Dans l’Évangile, chaque jour, la parole de Jésus résonne en moi. Elle parle d’amour du prochain et de compassion. L’Évangile oriente ma vie quotidienne et m’offre plus que des dogmes et des doctrines. C’est le plus merveilleux guide pratique qui ne me quitte jamais. Je trouve dans l’Évangile une source d’espoir et de réconfort, particulièrement dans les moments les plus sombres de ma vie.
Ma conversion tardive n’a pas été un rejet de la pensée rationnelle de mon père, mais une quête de sens dans un monde où les certitudes s’effondraient. Le drame familial m’a poussé à chercher une ancre, et je l’ai trouvée dans les enseignements de notre Seigneur Jésus, non pas en tant que dogme, mais comme une voie spirituelle et éthique.
En tant que catholique libéral, je crois en une Église qui évolue avec son temps, qui embrasse la diversité des expériences humaines et qui prône l’accueil intégral, plutôt que l’exclusion. La foi ne devrait pas être un carcan, mais une source de liberté intérieure, permettant à chacun de trouver son chemin vers la vérité.
Je critique l’institution non pas par animosité, mais par désir de voir l’Église refléter davantage les valeurs d’amour et de miséricorde qu’elle prêche. Mon engagement spirituel reste fort, mais il se manifeste en dehors des structures traditionnelles, dans une quête personnelle de sens et de justice.
Ce cheminement atypique illustre la possibilité d’une foi vivante et personnelle, capable de s’adapter aux défis contemporains tout en restant fidèle aux enseignements fondamentaux du christianisme. Mon expérience témoigne d’un catholicisme qui, bien qu’en retrait de l’institution, continue de nourrir l’âme et de guider la vie avec sagesse et compassion.
Didier Antoine