
Journal d'un catholique libertaire
Qui a pris ses distances vis à vis de l'Eglise, de sa hiérarchie et de son pouvoir
L'Église et la politique : Un appel à la séparation et à la paix
Publié le 24 juin 2024
Je me souviens encore du jour où j'ai décidé de prendre mes distances avec l'Église catholique. Ce n'était pas une rupture brutale, mais plutôt un cheminement progressif, nourri par des réflexions personnelles et des expériences marquantes. Pourtant, ce jour-là, il y eut un déclic, comme une croix marquée dans le calendrier de ma vie spirituelle.
En tant que catholique libéral, j'ai toujours cherché à concilier ma foi avec une vision moderne et ouverte du monde. Ce n'est pas une tâche facile, surtout lorsqu'on est confronté à des institutions et des traditions millénaires. Mais il y a des moments où des positions doivent être défendues, des valeurs affirmées et des choix faits en conscience.
L'une de ces positions concerne la place de l'Église dans la sphère politique. Je défends fermement la position des évêques de France qui ont choisi de ne pas s'impliquer dans les élections législatives. Ce n'est pas leur rôle. Mélanger la foi en notre Seigneur Jésus avec les affaires de la société civile, les lois et le droit de vote, c'est risquer de trahir le message spirituel pour des gains temporels.
Notre Seigneur Jésus nous appelle à prier sans cesse Dieu, son Père, notre Père. Il ne nous appelle pas à utiliser son nom pour des batailles politiques ou des revendications partisanes. Lorsque l'Église prend position en politique, elle ouvre la porte à des déferlements de haine de part et d'autre. C'est une porte que je refuse d'ouvrir.
Les évêques, par leur choix de ne pas s'engager politiquement, envoient un message clair : ne cédons pas à la violence, que ce soit avant ou après les élections. Ils nous rappellent que notre foi doit rester un espace de paix et de prière, loin des tumultes et des passions de ce monde.
En tant que catholique libéral, je défends la liberté individuelle. Que ce soit en religion ou en politique, chacun doit avoir la possibilité de faire ses propres choix, tout en respectant ceux des autres. C'est pourquoi je n'aime pas les manifestations. C'est mon choix personnel. Je n'aime pas les étendards militants, qu'ils soient religieux, politiques ou communautaires. Je préfère une approche plus subtile et plus respectueuse des différences.
Je me souviens de cette parole emblématique de Jésus en Matthieu chapitre 22, verset 21 : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ». Elle résonne particulièrement en moi chaque fois que des questions de politique et de foi s'entremêlent dans les débats publics. Un disciple avait interrogé Jésus sur la nécessité de payer l'impôt à Rome, et sa réponse, simple mais profonde, a traversé les siècles pour nous offrir un éclairage toujours pertinent.
À l'approche des élections, cette Parole prend tout son sens. Il est crucial de rendre ou de donner notre bulletin de vote à la République, à ce qui appartient à la sphère civile, et de réserver notre dévotion, notre méditation et notre prière à Dieu, à ce qui appartient à la sphère spirituelle. En tant que catholique libéral, je crois fermement que cette distinction est essentielle pour préserver la pureté de notre foi et l'intégrité de notre système politique.
Dieu ne veut aucune division parmi nous. Lorsque les affaires de l'Église se mêlent aux affaires de l'État, le risque de divisions et de conflits s'intensifie. Les passions politiques peuvent facilement enflammer les esprits, alimentant des querelles et des haines qui n'ont pas leur place chez les croyants. L'Église doit rester un sanctuaire de paix et de prière, un lieu où les fidèles peuvent se retrouver au-delà de leurs divergences politiques.
C'est pourquoi je soutiens la position des évêques de France qui choisissent de ne pas intervenir dans les élections législatives. Leur rôle n'est pas de guider le choix des urnes, mais de guider les âmes vers une vie de foi et de charité. En s'abstenant de prendre parti, ils rappellent à tous les croyants l'importance de ne pas céder à la violence et à la division.
En tant que catholique libéral, je chéris la liberté individuelle, qu'elle soit religieuse ou politique. Chaque individu doit pouvoir exercer son droit de vote en conscience, sans pression ni manipulation religieuse. C'est cette liberté qui permet à chacun de vivre sa foi de manière authentique, en respectant les choix des autres.
Rendons à la République ce qui lui appartient en exerçant notre droit de vote de manière éclairée et responsable, et à Dieu ce qui lui revient en préservant la pureté de notre foi et en prônant l'unité et la paix au sein de notre communauté. Car c'est dans cette séparation harmonieuse que nous trouverons la force de construire un monde meilleur, à la fois spirituellement et civiquement.
En revanche, je rêve d'une Église avec un accueil intégral. Une Église où toutes les personnes, quelles que soient leurs opinions, leurs ressentis et leurs orientations, trouvent leur place. Une Église qui ne juge pas mais qui accueille, qui n'exclut pas mais qui rassemble. C'est cette vision d'une Église ouverte que je souhaite défendre et promouvoir dans la justice et l'équilibre social.
Ce cheminement, entre foi et liberté, est le mien. Il est parfois semé d'embûches, souvent incompris, mais toujours éclairé par une profonde conviction : celle que la foi ne doit jamais être un outil de division, mais toujours un pont vers l'autre.
Je sais que mon parcours est loin d'être terminé même s’il est compté. Mais je sais aussi que chaque pas, chaque réflexion, chaque choix m'approche un peu plus de cette vision d'une foi libérale et d'une Église accueillante pour tous.
Didier Antoine
A lire aussi
12/07/2024 : L'inquiétude d'un catholique libéral face à l'agitation politique en France
07/07/2024 : Voyage d'une retraite passionnée qui démarre : entre foi, écriture, d'autres découvertes et mes proches
05/07/2024 : L'Epreuve de la foi : Division politique et chrétienne
25/06/2024 : Charlotte de Vilmorin : L'audace d'une candidate hors du commun aux législatives de Paris
24/06/2024 : L'Eglise et la politique : Un appel à la séparation et à la paix
23/06/2024 Crise des vocations : L'Eglise catholique face à un défi historique
18/06/2024 : Le projet de l'Ecole de la foi est lancé
10/06/2024 : J'ai été baptisé le 10 juin 1962 à l'âge de six mois.
10/06/2024 : Notre vraie relation avec Dieu
06/06/2024 : Souvenons nous des héros du 6 juin 1944 et des victimes civiles.