
Journal d'un catholique libertaire
Qui a pris ses distances vis à vis de l'Eglise, de sa hiérarchie et de son pouvoir
Crise des vocations : L'Église catholique face à un défi historique
Publié le 23 juin 2024
Alors que l'Église catholique célèbre une légère hausse du nombre de nouveaux prêtres pour l'année 2024, les chiffres cachent une réalité préoccupante. Ils seront 105 à être ordonnés cette année, contre 88 l'an dernier, une augmentation que l'Église se réjouit de souligner. En tant que catholique libéral, je m'associe sincèrement à la joie de ces nouveaux prêtres et je prie pour leur ministère. Cependant, un examen attentif des statistiques révèle une tendance inquiétante.
Au cours des dix dernières années, le nombre de prêtres a diminué de 25 %. Comparer l'ordination des prêtres à l'abonnement à un journal semble approprié : chaque année, la rédaction se félicite de nouveaux abonnés tout en gardant sous silence le nombre de désabonnements. Cette analogie met en lumière un problème souvent négligé : le nombre de décès parmi les prêtres. Des estimations suggèrent que près de 600 prêtres décèdent chaque année, un chiffre alarmant par rapport au nombre de nouvelles ordinations.
Pour illustrer cette tendance, les chiffres des dernières années parlent d'eux-mêmes : en 2021, 130 nouveaux prêtres ont été ordonnés ; en 2022, ce nombre est tombé à 122 ; en 2023, il n'était que de 88, et bien que 2024 marque une légère reprise avec 105 ordinations, la tendance générale reste à la baisse.
Selon le journal La Croix, le nombre total de prêtres en France est d'environ 14 000, dont la moitié a plus de 75 ans. Cette démographie vieillissante est une bombe à retardement pour l'Église catholique.
L'augmentation de l'âge moyen des prêtres signifie non seulement une diminution du nombre de prêtres actifs, mais aussi une charge de plus en plus lourde pour les jeunes prêtres qui doivent assumer davantage de responsabilités dans leurs paroisses. Mais ne nous voilons pas la face : la plupart des jeunes ordonnés prêtres ne le sont pas pour se retrouver dans une paroisse isolée dans la France profonde. Beaucoup de nouveaux prêtres veulent rester en milieu urbain pour être moins isolés… cela se comprend. Dans les grandes villes, les paroisses sont souvent plus grandes, les fidèles plus nombreux, ce qui peut offrir un sentiment de soutien communautaire plus fort pour des projets pastoraux d’envergure tels que la pastorale des jeunes.
Certains prêtres voient dans les postes élevés une opportunité de servir l’Église de manière plus étendue et efficace, guidant plus de fidèles. Les jeunes prêtres talentueux peuvent être repérés et mentorés par les membres influents de la hiérarchie, facilitant ainsi leur ascension. Servir dans des paroisses urbaines où se trouvent des institutions catholiques de prestige peut offrir plus de visibilité, augmentant les chances d’être sélectionné pour des positions élevées. Beaucoup ont cette ambition de participer aux décisions importantes et à l’élaboration des politiques de l’Église. Les évêques et les cardinaux ont souvent une influence significative non seulement au sein de l’Église mais aussi au sein de la société et de la politique. Il faut se réjouir de l’arrivée de ces nouveaux prêtres, mais il faut se lamenter du christianisme rural qui meurt.
L'Église catholique doit donc réfléchir sérieusement à cette crise des vocations. Les solutions ne sont pas simples, et les causes de cette baisse sont multiples : sécularisation croissante de la société, perte d'influence de l'Église et crises internes qui ont ébranlé la foi de nombreux catholiques.
En tant que catholique libéral, je crois que l'Église doit se réformer pour rester pertinente dans un monde en mutation rapide. Il est impératif d'adopter une approche d'accueil intégral, de redonner confiance aux fidèles et de s'attaquer aux problèmes structurels qui découragent les vocations.
La joie des nouvelles ordinations ne doit pas nous aveugler sur la réalité sombre de la diminution des prêtres. Il est temps pour l'Église de se réveiller et d'agir avant qu'il ne soit trop tard. La survie de l’institution dépend de sa capacité à s’adapter et à inspirer les nouvelles générations à prendre le relais.
Que Dieu nous garde.
Didier Antoine
A lire aussi
12/07/2024 : L'inquiétude d'un catholique libéral face à l'agitation politique en France
07/07/2024 : Voyage d'une retraite passionnée qui démarre : entre foi, écriture, d'autres découvertes et mes proches
05/07/2024 : L'Epreuve de la foi : Division politique et chrétienne
25/06/2024 : Charlotte de Vilmorin : L'audace d'une candidate hors du commun aux législatives de Paris
24/06/2024 : L'Eglise et la politique : Un appel à la séparation et à la paix
23/06/2024 Crise des vocations : L'Eglise catholique face à un défi historique
18/06/2024 : Le projet de l'Ecole de la foi est lancé
10/06/2024 : J'ai été baptisé le 10 juin 1962 à l'âge de six mois.
10/06/2024 : Notre vraie relation avec Dieu
06/06/2024 : Souvenons nous des héros du 6 juin 1944 et des victimes civiles.